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Pierre Carles lance son brûlot filmé « Enfin Pris ? ». Cible : Daniel Schneidermann
Christine POUGET PARIS, 28 sept (AFP)

— Le cinéaste iconoclaste Pierre Carles, dans « Enfin pris ? », s'attaque à Daniel Schneidermann, réalisateur de l'émission « Arrêt sur images », en voulant démontrer, à partir de sa controverse avec le sociologue Pierre Bourdieu, l'impossibilité de « critiquer la télévision à la télévision ». Règlement de comptes ? Sabotage cathodique ? Remise en cause salutaire ? Les questions fusent en regardant ce documentaire (1H33), vraie-fausse suite de son premier film « Pas vu Pas pris » (1998), qui visait les journalistes vedettes du petit écran.

   Dans ce dernier opus, le trublion cathodique s'en prend à Daniel Schneidermann, figure emblématique. Le journaliste incisif du Monde a créé en 1995 « Arrêt sur images », émission qui se veut une critique de la télévision. Pour Pierre Carles, c'est une « émission qui entretient l'illusion que la télévision peut se critiquer elle-même ». Des extraits font revivre longuement l'« Arrêt sur images » de 1996 qui avait provoqué la polémique entre le journaliste et le sociologue : Pierre Bourdieu, face à Jean-Marie Cavada, Guillaume Durand, ne peut expliciter sa pensée, se fait couper la parole. Parlant d'une autre situation, le sociologue compare une interview à « une sommation à comparaître ». Auteur de « Sur la télévision », il estime que « la télé est le lieu de censure multiple ».

   Schneidermann invite cependant une deuxième fois le sociologue. Le film débute par la conversation téléphonique entre le réalisateur et Daniel Schneidermann, sorte de fil rouge au documentaire. Le journaliste s'étonne d'un fax « surprenant » reçu de Pierre Bourdieu, déléguant à Pierre Carles, spécialiste de la télé, tout pouvoir pour négocier un dispositif télévisuel. Le cinéaste avait consacré en 2001 un film « La sociologie est un sport de combat », à Pierre Bourdieu, décédé depuis en janvier 2002.

   Pierre Carles lui propose de donner « carte blanche » au sociologue. « À la place du journaliste, des porte-parole, proches de lui ». Daniel Schneidermann refuse, souhaitant que l'émission reste comme toujours contradictoire.

   Faux, répond le justicier Carles. Schneidermann a reçu Jean-Marie Messier seul dans son émission, sans contradicteur. L'extrait montre le journaliste avec ce grand d'alors, plaisantant, complice, un « cirage de pompes » pour P.Carles.

   Pour lui, il s'agit d'un « retournement de veste », de « quelqu'un retourné par le système médiatique ». Vient à l'appui de la démo, des interviews, notamment du linguiste Noam Chomsky, pour qui, en raison de la concision, la télévision force à « limiter le propos à des lieux communs ».

   La fin est à la fois hilarante et éclairante. Pierre Carles veut amener Daniel Schneidermann chez le psychanalyste, pour savoir s'il souffre de « schizophrénie »... Finalement, c'est Pierre Carles qui s'allonge sur le divan d'un (vrai) psychanalyste. Il s'interroge, interroge. Pourquoi Schneidermann, demande Carles, fait-il encore des articles « très sévères » dans Le Monde « beaucoup plus radicaux que ses émissions » ?

   Barbe blanche, pipe, noeud pap et oeil malin, le psy le renvoie dans ses cordes. « Pourquoi vous vous intéressez tant à lui ? »

cp/cv/abl AFP 281011 SEP 02

A.F.P - Les films de la semaine.
mercredi 2 octobre 2002, 7h46
- "Enfin pris?" de Pierre Carles (France - 1H33) - Le trublion cathodique Pierre Carles s'attaque à Daniel Schneidermann, réalisateur de l'émission "Arrêt sur images", en voulant démontrer, à partir de sa controverse avec le sociologue Pierre Bourdieu, l'impossibilité de "critiquer la télévision à la télévision". Règlement de comptes ? Sabotage cathodique ? Remise en cause salutaire ? Les questions fusent en regardant ce documentaire, vraie-fausse suite de son premier film "Pas vu Pas pris" (1998), qui visait les journalistes vedettes du petit écran.

 

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