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Extraits
d'une entrevue et d'un dossier disponibles en intégralité dans L'Œil
Électrique, n°25, septembre 2002, en kiosques.
Interview
: Stéphane Corcoral, Eric Magnen, Ivan Péault
Dessins : Philippe
Hollevout - Maquette : Kate Fletcher
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En
quelques années, Pierre Carles a réussi l’exploit d’être interdit d’antenne
sur toutes les chaînes de télévision françaises. C’est à sa manière sournoise
et insistante de malmener le beau linge télévisuel qu’il doit cette «réussite».
Mais il ne suffit pas de parvenir à être exclu du monde de la télévision :
encore faut-il savoir rebondir une fois l’excommunication obtenue. Le
documentaire Pas vu pas pris qui raconte précisément ses déboires
télévisuels à travers un cas d’espèce (la censure d’un de ses reportages
par Canal +) lui permet d’entamer une nouvelle carrière, orientée
cette fois vers le cinéma. Ce qu’il ne peut dire sur le petit écran, il
le dira donc sur le grand. Avec quelques associés, dont la productrice
Annie Gonzalez, il crée la société C-P Productions afin de sortir Pas
vu pas pris en salles. Le succès commercial inespéré du film permet
de consolider les bases de C-P Productions et d’enchaîner sur un projet
plus ambitieux : un long documentaire sur le travail du sociologue
Pierre Bourdieu (1).
Ce sera La Sociologie est un sport de combat, l’une des rares occasions
de voir la pensée de Bourdieu s’incarner à l’écran.
L’automne 2002 voit le retour du trublion avec Enfin pris ?,
où il se demande, à sa manière ludique, si l’on peut «critiquer
la télévision à la télévision». Pour cela, il part d’une émission
d’Arrêt sur images dans laquelle Daniel Schneidermann avait invité
Pierre Bourdieu et qui fit couler beaucoup d’encre. On retrouve dans ce
film une synthèse des deux premiers : la dérision toute puissante
de Pas vu pas pris et la plus grande exigence intellectuelle de
La Sociologie... Avec, en cerise sur le gâteau, une séquence d’introspection
(sur le divan d’un psy, pour une pseudo analyse) où Carles, pour la première
fois, se met réellement en danger devant sa caméra. Un indice qui incite
à penser que l’époque des frasques provocatrices a laissé la place à une
démarche plus réfléchie et plus ambitieuse. Avant l’interview, nous nous
interrogions sur le personnage : chevalier blanc ou sniper réglant
ses petits comptes personnels sous couvert d’intégrité ? Destructeur
cynique ou saboteur bien inspiré d’un système qui le vaut bien ?
Une chose est en tout cas certaine : Pierre Carles nous pousse efficacement
à nous questionner sur les influences télévisuelles dont nous sommes les
victimes consentantes.
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