Un certain accent

Un certain accent
anthologie de poésie contemporaine
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Bernard Noël, (Ed.)
L’Atelier des Brisants/CNDP, mars 2002
ISBN : 2846230307

« Il est assez réjouissant d’envisager la poésie contemporaine dans le jeu de ses correspondances plutôt que dans celui de ses antagonismes, et par conséquent d’imaginer une sorte de poème des poèmes dont chaque séquence serait titrée par les noms des auteurs. La première partie de cette anthologie rassemble, de Jarry à Artaud, des indépendants restés longtemps méconnus. Leur placement en tête parie sur leur exemplarité. On s’étonnera sans doute de voir là Marcel Duchamp. Le choix de cette trinité a fait surgir le titre parce qu’il orientait l’anthologie projetée vers un  » certain accent « , celui d’une inconvenance intellectuelle ayant pour ingrédients l’humour, l’ironie, l’incongruité, la provocation et la déconfiture du goût et de la raison. »
B.N.

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Mr Arkadin, Chronique de FJ Ossang dans So Film

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Docteur Chance – Le jeudi 7 mai à 20h30 à Utopia Pontoise

article original

LA TOILE DES LECTEURS – Le jeudi 7 mai à 20h30 à Utopia Pontoise
tout spécialement destinée aux rockers et aux nostalgiques de la scène des années 80/90 mais aussi aux punks en herbe en présence du photographe Rafaël Rinaldi, du réalisateur FJ Ossang, leader du groupe MKB Fraction Provisoire et du mythique Marsu, ancien manager des Béruriers Noirs, fondateur du non moins mythique label Bondage Records. Alors petit agité, réveille toi et viens donc…

DOCTEUR CHANCE

Francois-Jacques Ossang – 1997 1h37mn – Avec Elvire, Féodor Atkine, Pedro Hestnes, Stéphane Ferrara, Marisa Paredes, et le regretté Joe Strummer (le chanteur des Clash)…

Du 07/05/15 au 07/05/15

DOCTEUR CHANCEPour F. J. Ossang, le compteur de l’Histoire est resté bloqué quelque part entre 1978 et 1982. Et alors ! Quoi de plus noble que de rester fidèle à ses idéaux de jeunesse ? D’autant plus que ce cinéaste franc-tireur creuse ici encore plus voluptueusement un sillon amorcé avec ses deux premiers longs métrages. Après les Açores hallucinées de son Trésor des îles Chiennes, certes un brin hermétique, cet infatigable baroudeur de l’ailleurs nous embarque pour une virée éperdue sur les pistes sans fin du Chili : un film noir brillamment syncopé, aux couleurs épurées, en forme de road-movie. Continuateur de la tradition moderne du récit policier telle que l’édicta le sarcastique Godard, Ossang est un peu l’enfant bâtard de la Nouvelle Vague et de la new-wave années 80 elle-même influencée par l’avant-garde russe.

Il résulte de ces filiations croisées un polar poétique, fort bien filmé et rythmé, où les clichés du genre sont pris au pied de la lettre, et où la sonorité des mots et des phrases importe plus que leur sens, plus même que l’intrigue. Intrigue qui prend appui sur un récit très classique : quelque part en Amérique australe, un nommé Angstel (Pedro Hestnes), Billy the Kid punk gâté par sa mère Milady (Marisa Paredes) qui dirige un réseau de trafiquants, est engagé dans une combine de faux tableaux. Aux prises avec des tueurs, Angstel rencontre au passage une élégante prostituée, dont il devient l’amant. Ensemble, ils vont braver les vents contraires du destin et fuir jusqu’à la frontière… Enfin, tout cela importe peu. L’essentiel, c’est la grâce avec laquelle Ossang enchevêtre des scènes d’une préciosité baroque­ et les épisodes plus mouvementés d’un périple suicidaire en auto (Porsche ou Buick), puis en avion.
Capharnaüm artistique qui participe du plaisir gourmet du cinéaste, accumulant les citations, enjeux majeurs du dialogue. Ossang témoigne ici d’un goût irraisonné pour la musique du langage. D’où des dialogues qui semblent truffés de rimes : « J’ai récupéré la came, j’ai deux heures d’avance sur le programme », dit Angstel. En restant dans ce registre ludique de l’énonciation, Ossang retrouve la magie obsolète des romans d’espionnage ou des BD de notre enfance. « C’est Runaway Bay qui recommence ! » vaut bien « Le Manitoba ne répond plus ». L’aura du loser magnifique, pierre de touche du rock, plane sur cette épopée pulsatoire, bercée par les accents industriels de Messagero Killer Boy, le propre groupe du cinéaste depuis 1980­, et quelques litanies idoines signées Nick Cave, le Gun Club ou les Stooges.

Avec cette aventure destroy aux confins de la cordillère des Andes et du désert d’Atacama, F. J. Ossang ressuscite l’avant-garde romanesque des années 20, revue et corrigée par la contre-culture électrique, par la pose naïve et poétique

(Victor Ostria, Les Inrockuptibles)

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WS BURROUGHS vs FORMULE MORT (extraits)

Paru le 23 Juin 2007
Editions Jean-Michel Place
122 pages – 14 Euros
disponible sur la boutique moderne 

1.

Ciel bleu froid, bruits d’oiseaux, fibre de câbles près des tempes, pages argentées que la mer tourne, et plus un bolide. D’une mer l’autre, à même le silence des messages, forts désertiques et ponts traversés par le cyclone, hordes humaines figées dans le sel, des siècles attendent qu’une voix-radio s’éveille et diffuse les bribes de la formule mort. Crachis dans l’espace atone, puis fragments de musique – pause, au neuvième timbre, il sera 3 heures… W. S. Burroughs is calling.

– Words falling – photos falling – … – he’s gone away in the invisible morning…

Impossible après wsb de reconnaître identiquement les livres, les films ni les chansons qui le précèdent ou lui sont contemporains. La formule mort imprègne tout – ses secrets résident en deçà des mots, puis les dépassent.

Burroughs nage puis émerge des enfers comme à la surface d’un paradis où l’équité des mots, la matité syntaxique, et l’acuité des images roulent au seuil d’un océan de flammes froides, brassées entre elles comme « ça ». Nous sommes là, et tout est devenu possible. Le meilleur, comme le pire adviennent, l’un et l’autre surgis d’une seule concomitance où l’analogie et le hasard objectif se jouent des (nos) leurres. Loin de remettre la table, ils la défont pour un festin nu après lequel ni soi ni l’ouvrage des ombres ne comptent plus pareil. Main Gauche – initiation par la Voie des Périls…
Un Livre des Morts commence – montage…

« Les écrivains n’écrivent pas, ils lisent et transcrivent », lit-on au début des Journaux de Retraite de WSB. Ils doivent saisir la chose au vol, au risque de ne plus la voir se manifester… Mais quelle nature de songe captent-ils. Et cette nature varie t-elle selon qu’ils pratiquent une forme de révélation ou une autre. Lesécrivains favorisent l’entrée dans les livres, dit encore Burroughs – mais aussi : « on ne peut abuser impunément de l’évocation de la mort ».

Ici le contrôle-mort occupe le terrain. Nos bons vieux flics profs écrivains sortent annuellement une mise à jour du roman camériste… L’idéologie de la mesure « à tout prix », devenue celle de la coercition par l’effacement, trouve force de loi et ne valide plus l’objection que si elle propage l’empoisonnement de sa langue de bois. Artaud, Ezra Pound ou Céline ont défié le paraclet – ils gisent dans l’embarras suspect des procès d’intention – en attendant un embaumement circonstancié.

Burroughs, quant à lui, continue d’alimenter les stocks d’armes. Sa voix traînante de gars du Sud persiste à accentuer la neutralité affective du ravage. Towers Open Fire – La caméra est l’œil d’un vautour… – « vous n’êtes que les pantins d’une république de bananes. Et rappelez-vous que nous avons vos photos. »

« Nous avons l’intention de marcher sur la machine policière où qu’elle soit. Nous avons l’intention de détruire la machine policière et toutes ses archives. Nous avons l’intention de détruire partout l’organe de presse de la machine policière qui se cache sous le nom de presse mondiale. Nous avons l’intention d’anéantir tout système verbal dogmatique. » (wild boys)

(A suivre..)

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France Culture rend hommage à Venezia Central

A réécouter ici

 

Venezia Central réunit des textes s’échelonnant sur une vingtaine d’années. Chacun d’eux marque le seuil d’une évolution ou d’une mutation, car telle est bien la fonction de la poésie : forcer un passage que la prose ni aucun film ne saurait former. Retour à la nudité rythmique des mots, poème pour rien sauf entendre une autre voix, qui marche le monde.

Les amis morts, la tentation brutaliste du noise’n’roll, la tenture neigeuse du cinématographe, le brouillard des grands récits captifs hantent plus que n’habitent ce livre. Et toute l’agitation d’un siècle évanoui, alors que bruit toujours l’Ange de poèmes silencieux.

 

 

Ecrivain et cinéaste, F.J. Ossang est né en 1956.

Dés 1977, il crée la revue Cée (Céeditions / Christian Bourgois). En 1980, il fonde le groupe MKB Fraction Provisoire qui enregistre 9 albums.

Cinéaste, il a tourné plusieurs longs-métrages dont Le Trésor des îles chiennes (1991), Docteur Chance (1998), Dharma Guns (2011) (réunis en 2 coffrets DVD chez Potemkine / agnès b) – et prépare un nouveau film : pour 2015.

Il est notamment l’auteur de Génération Néant (1993), W.S. Burroughs (J.M. Place, 2007), Hiver sur les continents cernés (Le Feu Sacré, 2012) ou Mercure insolent (Armand Colin, 2013).

En 2015, il publie un livre de poèmes au Castor Astral : Venezia Central – et prépare un nouveau long-métrage : 9 Doigts.

 

Les chansons et musiques sont extraites des films : Dharma Guns, Silencio, Docteur Chance.

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Mordu Ossang, Les Inrocks

article original ici

Regardez miroiter ces titres de films : L’Affaire des divisions Morituri ; Le Trésor des îles chiennes ; Dharma guns… Rêvez ces titres de livres : Tasman orient ; Ténèbres sur les planètes ; Hiver sur les continents cernés… Ah, c’est sûr, ça change de L’Elégance du hérisson, des Petits mouchoirs ou de Je vais bien ne t’en fais pas. F.J. Ossang ne fait partie de la galaxie des box-officiers, best-sellers et autres bankable stars du marché. Il vit, vibre et créé sur sa minuscule et solitaire planète, un splendide astre noir où scintillent des notions anciennes comme « électricité », « pellicule », des gros mots démonétisés comme « poésie », sous l’égide de Mallarmé, Eisenstein, Burroughs, Murnau, Welles, Strummer… Il publie ces jours-ci Mercure insolent (La Fabrique du sens, Armand Colin), un texte insolent et mercuriel où il mêle journal de bord d’un cinéaste entravé, carnet de voyage aventurier, critique sauvage du système économico-culturel qui embourbe les artistes guerriers, essai cinématographique transfiguré par une langue de feu.

Entre mille considérations, Ossang prône la pellicule argentique contre le numérique. Réac F.J. ? Pfff, à l’ouest, ou au ciel, en tous cas bien loin de nos catégories et tiroirs étriqués. Décidant que le cinéma primitif est la pointe indépassée de la modernité, armé d’un verbe flamboyant comme seule vérité, samouraï propulsé par une colère totalement dénuée d’aigreur, Ossang nous téléporte dans les sphères de la fulgurance poétique et stylistique, à mille années-lumière des petites querelles terrestres anciens-modernes. Empêché par un système où les chaînes TV enchaînent les francs-tireurs de son genre, Ossang ne tourne pas. Alors il fait des livres. Où, tel un Django Unchained et vraiment déchaîné, il écrit, au hasard de 150 pages réverbérentes : « Si l’on eu recours au Cinématographe, c’est pour accélérer le monde à la façon du rock’n’roll… Défigurer l’instant pour qu’il écume, et détonne parmi les discours convenus ! ». Ou encore : « À quoi bon voir ces films nauséeusement ‘réalistes’ fabriqués pour le découragement – ces ordures visuelles du non-être, après lesquelles chacun se remise dans son antre au lieu de bondir par le monde voir quoi peut en sortir, et nous démesurer… ».

Aller, une dernière secousse pour la route : « Temps mort pour la chimie cannibale : je me souviens 1989, quand l’on amena la caméra 35 mm Technovision sur le plateau des Açores, pour Le Trésor des îles chiennes… Ravage du cadre incroyablement large, ratissant tout sur son passage, vertige des tourelles d’objectifs en cinémascope, et démentielle appétence pour la pellicule noir et blanc dégorgeant des magasins : grise, lisse, vernie sur une face – brun clair beige et mate sur l’autre face… Je l’aurais dévorée, comme du chien enragé par une nuit de pleine lune équinoxiale… Autre siècle…« . Splendide livre électrique, convulsif, spasmodique, tellurique. Texte atomique, inspiré, qui décharge tellement d’images que c’en est aussi du grand cinéma. Mercure insolent. F.J. Ossang.

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22 avril, FJ Ossang en lecture/signature à Toulouse

Librairie Ombres Blanches

50 rue Léon Gambetta, 31000 Toulouse
FJ rencontrera les lecteurs pour partager des extraits de Venezia Central
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Xavier Ride sur Instagram, Chez Modjo closing Party

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Tasman Orient

Tasman Orient
Dossier de presse

Le point de vue des éditeurs

Que faire sur terre lorsqu’on a réussi à éviter une entrée dans la vie « habituelle »…

Un aventurier de l’intérieur, un trafiquant de rêves, F.J. OSSANG est retrouvé en Nouvelle Zélande. Vit l’inconnu comme fourneau alchimique, le corps comme matière première. Il accumule les notations précises — des lieux, des heures, des sensations, de l’Histoire — et convoque odeurs, sonorités, lumières, températures, couleurs, alors même qu’il s’interroge sur le « pourquoi écrire« .

Si chaque crépuscule cache à peine la chute — « Ouest, fin de l’Esprit ? » — de chaque aube naissent des voeux.

Le lecteur emporté de travellings en gros plans, s’ouvre à la traque d’une épiphanie. De la sienne même, peut-être. 5h43. Capter un instant. Jamais avant, jamais après, unique. Est dans le mystère du présent. Est dans la capture du réel par les mots. « Dieu cogne en douce« .

Avec ce texte rythmé, vertébré, strié de pluies ou engourdi de brumes, F.J. OSSANG grave une façon d’être au monde. Électrique et Inspiré.

 

Publié par les éditions Diabase
BP 31 – 1, place de Nazareth
22130 Plancoët
tél : 02 96 84 26 30
fax : 02 96 84 24 18
Editions.Diabase@wanadoo.fr

Auckland

Sur la terrasse du 3ème étage à l’angle de Liverpool Street et City Road, avant sept heures du matin. Cris de mouettes. Buildings en verre pris dans un enchevêtrement de tours et de grues. En bas, Queen’s Street drive tout le centre-ville — dans le fond, une échappée de port…
Horizons de maisons privatives en bois teinté, à l’Est et au Nord — brouillard cardinal. Reflets du petit-jour, bruits de sirènes et soudain le bondissement du Soleil sur un bord du visage — l’Astre s’élève très vite. Un goût de Pacifique.
Printemps Austral.
Midi, nuages tout autour de nous. On mange une soupe asiatique. Longue marche sur Karangahapé Road (K-Road), croisant les fantômes rochénolliens d’après-midi. Yeux cernés, fripes délavées par les temps de chimie. Bars vides, grand courant d’air au-dessus des échangeurs, drugs-nation. Millenium. Devant un arrêt d’autobus, des femmes Maoris apprêtées tout de blanc pour un mariage.
Plus loin, des passants gris marchent pieds nus devant un établissement de strip-tease peint en rose et indigo — fermé, c’est dimanche. Un type en robe de femme converse activement sur un banc de preacher avec un gars plus jeune, le cheveu ras et les pieds sales. Mysticisme naturaliste lsd 25.
Soudain le froid plus acéré. On descend par les jardins déserts. D’autres avenues glaciales. La circulation inversée des voitures — britannique.

Auckland

Les autobus émettent un bruit de puissante cylindrée. Il y a des vans, des picks-ups, quelques vieilles anglaises et américaines — des japonaises, et des coréennes. La jeunesses arbore une grungitude vestimentaire. Pieds-nus, pantalons-sacs, triples boots, cuirs démontés, franges et capuches oxygénées.Jeune zombie chauve longiforme dans une redingote noire affublée d’un sac en guise de pantalon — baskets à talons compensés — tout l’effet Nosferatu brisé quand on descend du col vers les jambes. British tombant tout au Sud…10 heures 30 Athol picks us up. On trouve une Rental Corolla 20 $ per day pour 60 jours — je me familiarise avec la transmission automatique de la Toyota et Bangh ! N-1 Wangharei Hignway North.Lumière tour à tour confuse et limpide, bords de mer hérissés de fougères géantes, palmes, eucalyptus — montagnes vertes où la brume traverse. Forêts, prairies — taureaux noirs, moutons et tous les oiseaux.18 heures dans une petite maison tapie sous la végétation, au nord de Wanghareï. Tout y est propre et ordonné. La maîtresse des lieux possède une grande bâtisse tout à côté en tôle — façon bois — verte et jaune assortie à la dépendance (versatile). C’est une Anglaise — ou une Galloise. Grande, blonde, un peu distante. Sa fille, 5 ou 6 ans, les cheveux très clairs, se nomme Bromwen.

Far North région des esprits — voile british.
Les Maoris seraient venus entre le huitième et le treizième siècle de notre ère — les Européens au dix-huitième…

Avant eux : désert humain.

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Le ciel éteint (extraits)

Une villa sur les hauteurs d’une grande cité portuaire, au crépuscule. La chaussée en ciment d’une pente menant au garage. Poussière.

Électricité d’un poste à soudure. Un homme jeune en t-shirt, lunettes noires. Il cesse de fondre le raccordement quand une voix de fille l’appelle depuis le balcon de fer forgé surplombant l’entrée du garage. « War Pimp Renaissance ».La fille porte des gants de latex noir qui montent au dessus du coude. Quand le type soulève ses lunettes de soudeur sur le front, elle lui adresse un clin d’oeil et son baiser s’envole. Elle se retourne et entre dans une grande pièce donnant à l’arrière sur un lac. Meubles couverts de bâches.

De l’autre côté de la villa, un embarcadère et un hangar à bateaux.

La fille regarde le vide lacustre au coucher du soleil. Les reflets sur l’eau noire, et loin sur l’autre rivage, les premières lumières. Elle songe un instant. Poussière de serpents à sonnettes, et des étincelles électriques. Après avoir marqué un arrêt, elle traverse à nouveau la pièce bondée d’objets vétustes et de meubles couverts, puis revient au balcon sur l’autre versant. « Faith Hope and Treachery ». Le Soleil.Le dîner servi sur une table peinte en blanc. Lumière confuse montée des aquariums, un volume d’écailles émerge fugitivement de l’opale. Elle se fige et cherche dans sa poche une boîte de comprimés. Derrière elle, la nuit tombe sur le lac. Un songe lui démonte le regard. « — Mon Dieu, nous sommes maudits — réellement…», murmure-t-elle en s’effondrant sur un fauteuil. L’étrange lumière virant au bord de son visage — puis la ténèbre où ses yeux luisent.
Un bruit de moteur venu du garage.
NOIR.

« Une histoire de nourrissons surcalcifiés remontant depuis le delta. »

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