Interview de FJ Ossang dans le magazine du Clermont Film Fest
La filmoteca Espanola de Madrid présentera le 19 novembre 2014, Dharma Guns, Vladivostok et Ciel Eteint! (dans le cadre des 50 ans de la cinémathèque de Toulouse)
Filmoteca EspañolaWikipedia: The Filmoteca Española is an official institution of the Ministry of Culture of Spain. Its objective is to restore, investigate and conserve the film heritage of Spain and its diffusion. →
Par : Jérôme Momcilovic & Jean-Philippe Tessé
Chronicart été 2007
Difficile de parler du rock sans passer par la case punk. Pourtant, de tous les courants de la musique à guitare, pas sûr que l’époque des crêtes et des épingles soit vraiment passée par la case cinéma. Y a-t-il un cinéma punk ? Pas sûr, mais au moins en France nous avons un cinéaste punk : rencontre avec F.J. Ossang à l’occasion de la sortie en salles d’un portrait de Joe Strumer.
L’occasion était trop belle : anticipant la sortie de Joe Strummer : The future is unwritten, nous avons proposé à F.J. Ossang de nous accompagner à une projection du portrait du leader des Clash par Julian Temple. Certes le film, riche de ses archives souvent fascinantes; donne volontiers dans l’hagiographie molle. C’est d’ailleurs aussi insistant que Glastonbury, autre film de Temple à sortir cet été, long doc sur le célèbre festival english, et où Strummer est encore de la partie. Depuis La plus grande escroquerie du rock’n’roll, premier des deux films qu’il a consacré aux Sex Pistols, Temple est une sorte de portraitiste officiel du rock. On peut bien sûr vanter son travail d’archiviste et de pédagogue, mais ses films sont toujours freinés par des redondances lourdes et une sorte de prudence gentille qui l’empêche d’aller au fond des choses, de creuser vraiment les figures qu’il peint. En tout cas l’occasion était trop belle de parler avec F.J. Ossang, qui a fait jouer Strummer dans son dernier long-métrage, Docteur Chance (1997). Ossang, apôtre hurlant des MKB (Meesageros Killers Boys) groupe de « Noise’n Roll » chahutant l’ornière des années 80, et cinéaste cherchant noise aux images, aux mots, au futur, de l’Affaire des divisions Morituri (1985) au récent Silencio (court métrage sur fond de Throbbing Gristle pour lequel il vient de recevoir le prix Jean Vigo); en passant par le Trésor des Iles Chiennes (1990). Tandis qu’il prépare son prochain long-métrage, La Succession Starkov, financé en partie via une souscription lancée sur le Net, Ossang parle de Joe Strummer, du punk, du cinéma, d’un siècle d’insurrections possibles. DOCTEUR STRUMMER « J’ai contacté Strummer par fax, je lui ai envoyé quelques pages sur Docteur Chance, puis je lui ai expédié le scénario et trois jours plus tard il m’a rappelé, enthousiaste, il était très partant, tout en disant « acting is better for actors« . Je suis allé le voir à Londres, on a passé la soirée à parler d’Arthur Cravan, je lui disais que je voulais faire un film punk de l’âge classique, une sorte de tombeau du XXè siècle, mais avec légèreté. Et quand je lui ai dit vouloir mêler différents motifs, de la littérature, du cinéma, de la musique, il était ravi, car très ouvert et réactif. Il avait une vocation à faire du cinéma. D’ailleurs il a essayé de faire lui-même des films. Il est devenu un compagnon de route du cinéma indépendant : Alex Cox, Jarmusch, Kaurismäki, Robert Franck et même Scorcese, puisque le Clash apparaît fugitivement dans une scène de King Of Comedy. C’était un homme très généreux, enthousiaste, facile d’accès. Et il aimait jouer avec le feu. Sur le tournage, il était impérial ». MESSIANISME & DADA « Dans son bouquin Psychotic Reaction et autres carburateurs flingués, Lester Bangs insiste à juste titre sur le côté messianique des Clash : il y avait dans le punk une pulsion dadaïste – faire table rase, attaquer un nouveau siècle. Il faut dire que dans les années 70-80, tout allait à une vitesse folle. De la fin des Stooges aux Ramones, il n’y a qu’un pas – et les Sex Pistols, Throbbing Gristle ou Cabaret Voltaire surgissent presque en même temps. Strummer savait très bien d’où venait le punk, quelles étaient ses racines. Le mouvement punk était une minorité active qui regroupait des gens de classes sociales variées. Strummer a fréquenté une école d’art, Paul Simonon, le bassiste des Clash, est peintre. Mais il y avait aussi le rock lumpen des Sex Pistols. L’opposition Pistols / Clash était un peu artificielle, même si les Pistols étaient plus explosifs, et les Clash plus narratifs. De Rotten, Strummer disait : « C’est un génie, mais il est insupportable« . PUNK EDUCATION « J’ai été éduqué par le punk, qui était d’une certaine manière la dernière avant-garde. Ce qui m’excitait beaucoup, c’était d’imaginer des peintres, des écrivains, des cinéastes punks. Pour moi, le punk, c’était corrompre ma génération, comme de l’acide. Il s’agissait de changer le quotidien, apporter quelque chose de neuf et de brûlant. Ca m’a donné du courage pour vingt ans. Le punk est un mouvement très éphémère, qui va de 1974 et l’arrivée des Ramones, via tout ce qui est survenu du Velvet et de la Factory – jusqu’à 1978, implosion des Sex Pistols et nouvelles mutations : la cold wave de Joy Division ou Cabaret Voltaire, la musique industrielle de Throbbing Gristle…. Daddy punk, c’est William Burroughs, qui invitait à casser le sentiment de sécurité, propager l’insécurité, instaurer un climat d’insurrection. On peut passer aussi par Guy Debord, par Dada, remonter jusqu’aux années 20, avec le futurisme, l’affichisme. J’avais le sentiment que, forte de cette histoire, toute cette génération allait prendre le pouvoir dans le cinéma, que le coup d’Etat de Welles allait se reproduire. Mais ça ne s’est pas fait, sans doute parce que l’industrie du cinéma est sclérosée et que beaucoup de réalisateurs ne sont que des espèces de DRH. Pour un Eisenstein, un Welles, un Bresson, combien de DRH ? ». EINSENSTEIN’S NOT DEAD « Cinéma punk, ça ne veut rien dire : coller une étiquette, c’est toujours réducteur. Il y a le cinéma, et c’est tout. Dans les années 70-80, il y a une forte accointance entre le rock et le cinéma, notamment le muet – beaucoup de chanteurs s’inspirent des figures du cinéma muet. Artaud et Burroughs, deux inspirateurs très importants du punk, étaient fortement attirés par le cinéma, mais la pesanteur de l’industrie a fait que ni l’un ni l’autre n’ont pu faire leurs films, même si Burroughs a co-réalisé un court-métrage. Malgré ces affinités, il n’y a pas vraiment eu de rencontre entre le cinéma et le mouvement punk, du moins pas au moment de son explosion. Mais pourquoi ne pas dire qu’Eisenstein est un cinéaste punk ? Le cinéma, c’est d’abord l’art du montage. D’aileurs, le rock’n’roll – ou le noise’n’roll en général, s’est proposé comme alternative au cinéma, qui devait être le mode d’expression privilégié du siècle. Le punk a en outre un rapport singulier aux mots. Il a le génie de la formule (« No future« , « Do it yourself« ), mais une méfiance naturelle envers tous les discours. Burroughs lui-même préconise de s’attaquer aux mots pour leur faire rendre gorge, voir ce qu’ils ont dans le ventre. Idéologie. C’est comme ça qu’on est passé de Peace & Love à Hate & War. Pour en revenir à Eisenstein, celui-ci a fait ses premières armes dans l’art de l’affiche, puis au Proletcult. Dans l’affichisme politique, c’est le mot qui est roi – à l’inverse de la publicité où c’est l’image, l’agent de séduction. Pour Silencio, j’ai tenté de renouer avec l’impulsion primitive. Je n’arrivais plus à tourner, j’étais mis à l’index par l’industrie du cinéma, mais j’ai pu récupérer neuf boîtes de pellicule et je suis allé au Portugal, avec dans la tête l’idée d’en revenir aux origines. Muet, lumière naturelle, et plusieurs réseaux qui peuvent se corrompre : mots, musiques, images. » TRASH PUNK « Le punk, c’est la danse des poubelles de la culture : on entasse sur trois accords de guitare des discours politiques, des résidus idéologiques, des slogans, de la poésie – et on agit. Faire du bruit pour couvrir le bruit des pouvoirs : les autorités, les parents, etc… Pour s’ouvrir au monde réel, et s’abstraire de la durée sociale dominante. Aujourd’hui encore, j’écris toujours dans le bruit. Le punk avait sciemment un côté bête et méchant – adolescent, kid. Punk rules ok ? Dérèglement des sens ! Et provocation – les t-shirts avec le portait d’Hitler devant, et celui de Staline dans le dos. Le punk est resté mal élevé, brûlant, et il a fallu que tous ses héros aient failli disparaître pour qu’il y ait une réhabilitation culturelle. C’est seulement au moment de la dissolution des Sex Pistols que Rock’n’Folk a enfin consacré une couverture au punk. Mais plus le punk est invoqué, plus il est caduc. Burroughs coupait facétieusement court aux commentaires : « J’ai toujours pensé qu’un punk était quelqu’un susceptible d’accepter de se faire enculer« . Enfin il reste les disques ; eux sont toujours intacts. » Article original paru dans Chronicart été 2007. Les liens vers des sites externes ont été rajoutés par nos soins.
Texte de présentation de FJ Ossang, écrit par Vincent Deville de la Cinémathèque Française, pour présenter L’intégrale provisoire de FJ Ossang au festival de Saint Denis (Février 2008) .
Avec Arthur Cravan, le poète-boxeur, Ossang partage la classe du nom d’artiste teinté d’étrangeté, la fièvre de la poésie et l’appel du lointain. Comme Cravan pouvait passer abruptement du monde de l’écriture et de l’édition marginale aux rings survoltés, et disparaître à l’autre bout du monde, Ossang déplace les scènes : écrivain, poète, musicien, il attaque l’art de tous côtés, comme une citadelle qui refuserait de se laisser prendre, et mène depuis plus de trente ans une guérilla esthétique contre les formes établies et cloisonnées : « J’ai beaucoup appris pour le cinéma en pratiquant le rock’n’roll », rock et cinéma étant tous deux particulièrement disposés à s’emparer des déchets et autres « résiliances » de la culture .
De ses écrits ( De la destruction pure (1977), Génération néant (1993)) au Trésor des Îles chiennes (1990), « un film mis en chaos par F.J. Ossang », le salut se trouve dans le désordre pour cet amoureux du verbe et de la dislocation du récit, durablement intoxiqué à l’œuvre de William Burroughs. L’Affaire des divisions Morituri (1984), son film de fin d’étude à l’IDHEC, recèle déjà de nombreux déplacements : le projet de court métrage imposé par l’école est détourné par son auteur en long ; les méandres d’une histoire opaque deviennent rapidement moins importants que ses motifs : pouvoir, complots, trahisons ; la musique, autre scène d’expression de la révolte, est composée par le groupe MKB, c’est-à-dire chantée et criée par F.J. Ossang. Sa technique est identifiable : occuper tous les espaces pour y allumer des foyers de confusion, dynamitant tout autant les habitudes plastiques et formelles que celles des codes de la production et de la diffusion du cinéma en France.
Après une trop longue disparition des écrans depuis son dernier long métrage Docteur Chance (1998), mais sans interrompe jamais la production souterraine (récits, poèmes, enregistrements sonores, conférences…), Ossang revient en force : avec Silencio (2006), court métrage muet tourné en 16 mm noir et blanc, qui témoigne d’un retour aux origines et d’une nouvelle jeunesse du cinéaste (le film a obtenu le prix Jean Vigo) ; avec W.S. Burroughs vs formule-mort , un court essai qui, tout en présentant l’œuvre de l’écrivain américain nous plonge dans le style et la méthode de l’éminent représentant du cut-up ; et avec un nouvel album vinyl, Baader Meinhof Wagen , fraction dissidente de son groupe MKB Fraction Provisoire. Autant de condensés d’énergie, de mots et d’images qui visent et atteignent l’efficacité maximale.
Ossang est insaisissable, présent sur tous les fronts de l’art et de la planète : Chili, Nouvelle Zélande, Portugal, Venise, l’Argentine ou la Russie… « inassignable » à un lieu ou à une fonction. Après un repérage aux Îles Canaries, il est parti tourner son tout dernier court métrage à Vladivostok… et nul ne peut prédire où sera filmé la Succession Starkhov, son prochain long métrage prévu en 2008. Eternel exilé, apatride en son art (il s’identifie à un Indien perdu chez les cow-boys), Ossang partage plus que jamais les inquiétudes et préoccupations de Gombrowicz : « Mais n’oublions pas que l’Art est chargé et nourri d’éléments de solitude et de parfaite autonomie, c’est en lui-même qu’il trouve sa satisfaction et sa raison d’être. Une patrie ? Mais tout homme éminent, du simple fait de son éminence, est un étranger même à son propre foyer ».
Entretien avec Nicole Brenez et Francine Lemaître, 22 septembre 2001.
Conspirateur vaudou du mouvement punk rock français, cinéaste et écrivain, FJ Ossang entame aujourd’hui une vie nouvelle. Après trois longs métrages singuliers (L’affaire des divisions Morituri, Le trésor des Îles chiennes et Docteur Chance), il renaît au travers de la forme courte. Ceux qui ont vécu avant l’an 2000 le savent : la dépense d’énergie brute des années 70-80 s’est éteinte. Aux côtés de FJ Ossang, nous avons vu nos utopies mourir, nous sommes entrés dans une zone inconnue, une “zona inquinata” pour reprendre l’un des titres de MKB Fraction Provisoire, le groupe du cinéaste qui officiait il y a un siècle. Punk is dead mais nous continuons à souffler sur un feu éteint. À travers ce retour au court (Silencio, Ciel éteint ! et Vladivostok), l’artiste cinéaste prend acte de la mutation radicale du monde, de la mort de nos images clefs, de la déliquescence C morbide qui hante notre mental. Aujourd’hui, FJ Ossang pratique un art magnétique (déconnecté ? expérimental ?) dont il semble aventureux, périlleux, de livrer une explication définitive. Chaque visionnage balaye celui qui l’a précédé, un plan insoupçonné annule une thèse ici avancée. Néanmoins, l’envoûtement agit selon des règles et une alchimie unique. Trouver une articulation, du sens (!), dans un monde qui n’en a plus, voilà toute la richesse, toute l’importance de ce cinéma au sang neuf.
Sur la route
“L’œil rapace du landscape” (citation de Silencio) de FJ Ossang s’abreuve des images du monde, de l’univers, qui s’appréhende comme un éden inconnu. Le ciel flamboie. Est-ce la nuit ou bien est-ce le jour ? Un astre (la lune, le soleil ?) solarise et brûle la pellicule noir et blanc. Les couleurs (les gris, les noirs, les blancs) glissent. Le vent habite les plis de l’image. Il soulève des tourbillons de poussière, cisèle la mer, sculpte les paysages. Porté par un long travelling, l’objectif balance entre le ciel et le ravin. Nous sommes les visiteurs des films de FJ Ossang comme les passagers d’une voiture: attentifs, happés par nos pensées et traversés par la beauté du monde. Le lyrisme fulgurant d’un film comme Silencio cultive de nombreux points communs avec la prose ondoyante, l’écriture spontanée, de Jack Kerouac. La caméra portative 16 mm du cinéaste suit les virages d’une route, elle épouse le monde.
Ivresse du nihilisme
FJ Ossang organise ses films courts comme des collages. Les cadres s’y remplissent d’objets (avions, paquebots) et se vident. Les éléments, les symboles ou les images totems (phares forêts, dolmens, le numéro 666), les personnages apparaissent selon une logique rythmique musicale, du cut up ou de l’art scotch. Son art est celui du déplacement (de la route), du détournement (des images). Les cris répétés se muent en des chants de prière tandis que l’eau stagnante devient une piscine accueillante. La reddition situationniste résonne dans les films de FJ Ossang comme une consigne de vie : “La vie, la mort, le sexe, les bestioles, tout est pareil, nous dit Guy au début de Ciel éteint ! Lâche tout et saute.”
Rêveries païennes
Aimanté par le monde, l’œil de FJ Ossang s’enracine dans la nature. Le soleil, l’eau, l’air, la terre conjugués, déclinés, multiples ou uniques, divers ou identiques, constituent le cœur de son œuvre. La lumière, qui souvent au cinéma manifeste une présence divine, semble ici une source d’aveuglement, d’éblouissement, d’émerveillement : contrejours, soleils noirs, coruscation dans une forêt. Le philosophe Gaston Bachelard a écrit la bible païenne de la terre, des airs, de l’eau et des rêves… Au long de ses études, l’auteur de La poétique de l’espace a écrit autour de la notion du miroitement : regarder la lumière directement et la recueillir ne revient pas au même. FJ Ossang l’a compris et compose ses œuvres avec des images vivantes, spontanées mais également avec leurs reflets, portes ouvertes sur les abîmes. Sans dialogue, Silencio n’en est pas pour autant silencieux. La composition industrielle des Throbbing Gristle nous plonge dans une espèce de récital de psaumes modernes. Hallucinants, ahurissants cinépoèmes de la lumière et du souffle, les courts métrages de FJ Ossang chantent un monde nouveau, ivre, dégénéré et nomade.
Donald James
Retrouvez dans Bref un entretien de FJ Ossang avec Jacques Kermabon et Adrien Heudier.
Compilation DVD de clips français
Avec le prochain exemplaire des carnets noirs , une compil en DVD des clips de nombreux groupes français.
MKB propose le « Chant des Hyènes », clip tiré du « Trésor des Iles Chiennes
Les autres participants sont :
Minamata, La Nomenklatur, Collection DAA, Prima Linea, Art & Technique, Kni Crik, Vox Populi, Pacific 231, Nox, Etant Donnés, Opera Multi Steel, End Of Data, Excès Nocturne, Neva, Le Syndicat, Les Maîtres du Monde, Complot Bronswick, Déficit des Années Antérieures, Un département, The Grief, Nini Raviolette, Costes, Norma Loy, Asylum Party, Mary Goes Round, Clair Obscur, Ptose, Bernard Szajner…
Les partenaires du projet sont Godsandbeats, Infrastition , Optical Sound.
Chili, France – 1997 – 97’
(DOCTEUR CHANCE)
Docteur Chance de F. J. Ossang avec Elvire, Pedro Hestnes, Joe Strummer, Marisa Paredes
« Joe Strummer est tombé dans le ciel ce 23 Décembre. Eclats. London’s falling. Comment tuer les mots. Nous sommes seuls, murés dans une poche de France.
En 96 nous étions au Chili ? Joe Strummer était venu jouer le ghost pilot fatal. On s’était connu à Londres en 94. Il avait lu le script puis dit : « Acting is better for Actors, no… » Générosité finale, il avait lancé : – ok, Ossang, je le fais… et du même élan complice avait tracé le schéma de la naissance écossaise de sa mère, entre Bonar Bridge et Clashmore (sic !) ? quand lui-même avait vu le jour en Turquie…Et puis les ans étaient passés, visite à Paris, fax et fax, mois vides, no french production, Dr Chance film impossible… En 96, quand j’avais enfin pu faire signe à Joe pour indiquer que nous partions tourner au Chili, sa réponse était tombée : – too late, trop rêvé « from the corpse of universe ».. Désespéré bien que je comprenne sa lassitude, j’avais adressé un dernier fax : la photo de Fitzgerald levant depuis les années du gin, soustitrée de la nouvelle « Cent faux Départs » pour signer juste : « So Long, Joe… » Dans la nuit même, vers 5 heures, le phone avait sonné : « You’re right, Ossang ? Let’s Go… ». 3 mois plus tard, le film implosait en plein désert d’Atacama. Strummer avait débarqué, impérial via Santiago et
Iquique, à 3000 mètres dans les Andes, précisément à Mamina… Le Dr Chance était en extrême péril ? mais Joe était toujours là. Fast cars, Cédes et Pontiac, fast girls, et ce jet échoué dans le désert ? playing Crude Rock’n’Roll & Nude Life ? Angels luisant parmi l’acier solaire liquide et les morceaux de ténèbres. TOUT, soudainement, s?était réuni, étoiles au bout des doigts pour décrire le mariage blakien du ciel et de l’enfer… Cette nuit Joe s’en est allé, gardé par les plus divins chevaliers d’Arthur ? la Banshee veillant à la réincarnation du génie passé par l’Ecosse, le Caire, New-York et le Mexique… Terrible calcul de W.S.Burroughs, ce 23 Joe Strummer s’envole ? voir si le ciel existe… Love Forever Joe … See You Soon…
Your Brother F.J. Ossang
(23 Décembre 02) »
F.J. Ossang
Poète lyrique-électrique de la distorsion sémantique et de la tentation par les gouffres. Fondateru du mythique groupe industriel-métal MKB Fraction Provisoire (Messagero Killer Boy). Deuils (L’Ode à Pronto Rushstonsky). Rencontres marquantes et amitiés avec Claude Pélieu, Joe Strummer et le peintre situationniste Ralph Rumney. Cinéaste, également auteur de trois films de long-métrage.
Rome’s European co-production market New Cinema Network has awarded the €30,000 Eurimages Co-production Development Award to drama 9 Fingers by writer-director F.J. Ossang, produced by Catherine Dussart.
The French-language apocalyptic-noir follows a man who falls in with a dangerous gang, which in turn becomes stranded on a container ship.
The project has an estimated budget of €1.9m and has backing from CNC.
The jury, which comprised Marie-Pierre Duhamel, Sandra Hebron, and Elena Kotova, described the script as “a project that combines philosophical and narrative qualities in a decidedly original manner”.
A special mention was awarded to 1313 – Dante’s Emperor by Bady Minck, produced by Alexander Dumreicher-Ivancenau, and Menocchio by Alberto Fasulo produced by Nadia Trevisan.
Andrea Paris of Ascent Film was awarded the €5,000 Cubix Award for best emerging European producer, while the UNICEF Italia Special Mention went to White Shadows by Fabio Mollo for “having addressed a story of abuse and violation of children’s rights effectively yet with great delicacy”.
This year Rome’s Business Street drew 811 accredited visitors, including 295 buyers, 104 world sales agents and 246 producers from 52 different countries.
6 Décembre 2008 : au festival « Different Directions » de Galway (Irlande), projection du troisième long-métrage de F.J. Ossang :
DOCTEUR CHANCE (35 mm couleurs, 97′, France-Chili 1998)
ainsi que de 3 derniers courts-métrages : SILENCIO (35 mm NB, 20′, Prix Jean Vigo 2007) VLADIVOSTOK (35 mm NB, 5′, Russie-France 2008)
CIEL ETEINT! (35 mm NB, 23′, France-Russie 2008