SILENCIO (Prix Jean Vigo 2007) programmé au Festival I MILLE OCCHI de Trieste – du 22 au 26 Mars, Carte Blanche de Jacques PERCONTE
le site du festival
SILENCIO (Prix Jean Vigo 2007) programmé au Festival I MILLE OCCHI de Trieste – du 22 au 26 Mars, Carte Blanche de Jacques PERCONTE
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« Par où entrer dans l’œuvre visionnaire de F. J. Ossang ? En le lisant, en écoutant sa voix. Depuis 1975, son insurrection lyrique agit sur plusieurs fronts : littérature, chant, rock n’ roll. Il s’attaque au cinéma en 1982 « quand la musique ne suffit plus ». Animé de la même pulsion de vie qui fit jaillir l’incandescence punk de l’Occident moribond, il radiographie le siècle à rebrousse-poil, porté par sa passion pour l’argentique, le noir & blanc, l’usage de cartons, les dialogues trempés de mystère. Dans son cinéma se réinvente une mythologie des temps modernes, constellée de références, propos décalés, sans clivage entre les genres, du récit épique aux films d’espionnage. » Rencontre avec Michèle Collery, autrice de « F.J. Ossang. Cinéaste à la lettre » (Éditions Rouge Profond)
Bruno Sourdin a récemment montré la tension entre la mort et le montage qui traverse Le Mémoire Lucien Dolchor de F. J. Ossang. S’il est incontestable qu’un temps – celui des ancêtres, des Wisigoths ou du Duc de Montmorency – est définitivement révolu, ayant succombé au « couvre-feu » (p. 11) et à la « communication différée » (p. 11), une autre lecture de cette mémoire est cependant possible. A commencer par le titre de l’opus : un mémoire qui n’est pas un et un nom propre. A la forme masculine, mémoire désigne une relation ou un exposé relatant des événements dont on a été témoin, directement ou indirectement, ou un texte de type argumentatif détaillant un sujet précis. Lucien Dolchor : un homme qui nage et meurt ensuite dans des circonstances douteuses. Il ne prend pas la parole, si ce n’est dans le miroitement énonciatif – tels les reflets de plus en plus verdâtres de la surface de la piscine – entre la voix à la première personne en route vers le Sud-Ouest et en quête de mots, et la troisième personne absorbée par le silence du temps – du temps à perdre, car « il sentait la vérité prendre forme depuis cette coalition négative à condition de s’ouvrir indéfiniment à elle » (p. 24). Lucien Dolchor, encore : faudrait-il voir dans ce nom la possibilité d’une lueur après l’orage qui s’abat sur les eaux et les campagnes, l’éclosion d’un nouveau jour après cette brume électrifiée qui gagne les moteurs, les connexions et la climatisation ? On pourrait facilement se rattacher à la lumière que porte en lui le prénom du personnage. C’est plutôt son nom qui captive : Dolchor/douceur, si l’on se tient au français médiéval de l’actuelle Occitanie – et ce voyage « sous les cieux jaunis de la Cocagne » (p. 24) y trouverait son sens à l’instar d’un pèlerinage par-delà le temps. Ab la dolchor del temps novel (« à la douceur du temps nouveau » ou « du printemps », selon les traductions) chantait Guillaume de Poitiers, croisé et premier troubadour, dans une incitation à désirer et à trouver une parole nouvelle à l’ombre verdoyante du feuillage renaissant.
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France – Chili — 1997 — 97 minutes — Avec Lionel Tua, Féodor Atkine, Joe Strummer, Elvire, Pedro Hestnes
En présence de F.J. Ossang, Elvire, Lionel Tua, Féodor Atkine et Stéphane Ferrara
Amérique latine. Angstel, écrivain raté et trafiquant d’œuvres d’art, attend sous la pluie Zelda qui ne reviendra plus. En colère, le jeune homme s’élance derrière Ancetta, une jeune prostituée qu’il couvre de billets en dévalisant le coffre-fort de sa propre mère. Lorsque Satarenko, son comparse en affaires, lui annonce sa défection, Angstel commet un acte irréparable et prend la fuite.
« À la vision de Docteur Chance, c’est la phrase célèbre du philosophe prussien Clausewitz, “La guerre est la poursuite de la politique par d’autres moyens”, qui vient en tête et qu’Ossang transmute en : le cinéma est la poursuite de la géopolitique par d’autres moyens. Docteur Chance c’est l’embrassement du siècle et de ses grandes questions : qu’avons-nous fait de l’art ? Comment lutter contre l’usure de tous les charmes ? Que reste-t-il quand on ne vous laisse rien ? Comment voir le Sud quand on vient du Nord ?… En ce sens, Docteur Chance est un film géopolitique : il essaie de tracer les grandes lignes de force du monde contemporain en faisant fi des distances et du temps. »
Thomas Cantaloube, L’Humanité, 26 février 1998
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Bel Hommage ci-dessous
Le magnétique Gaspard Ulliel est mort ce 19 janvier après un accident de ski. On revient sur la carrière en cinq rôles de l’acteur à fossette, dont la profondeur de jeu aura marqué le cinéma français et pas seulement – il a tourné avec Bertrand Bonello, FJ Ossang, Xavier Dolan, Justine Triet, Gus Van Sant…
Si la filmographie de F.J. Ossang est un art de la déterritorialisation, l’écriture du cinématographe est une véritable poétique de la dissémination. Un art de devenir autre – prolongeant ainsi une violence de la métamorphose des images en textes, et inversement, comme si l’on passait d’une mise en scène à une mise en abyme littéraire.
Mais cette énergie spécifique au poète bute contre ce monde terrible qui ne laisse pas de place aux multiplicités intérieures. « On y respire le signe que tout va finir ». Enveloppes vides que nous sommes devenus errants dans les profondeurs des zones interlopes élargies à tout l’environnement qui s’immunise par ailleurs contre toutes formes de dangers.
A travers l’énigmatique Lucien Dolchor, Ossang creuse une proximité avec la mort induite par le désoeuvrement, l’ennui et l’absence dans la société spectaculaire-marchande – ces déserts bien connus de tous – et où la solution consiste ici en une fuite mémorielle pour unique et dernier voyage.
Pages insulaires. Dédales de résistances. Rêves. Dilatation du temps. Il faut s’aventurer, écrire donc, (s’)échapper urgemment comme un défi et assumer l’engagement pour la beauté que cela exige. L’esthétique de F.J. Ossang est une recherche, en forme de guerre, dont la mission est de « rendre visible le vide qui nous transperce » (Ettore, L’Affaire des divisions Morituri).
Ecrire, mécrire, désécrire en tant que primitifs points de départ d’où partent des contre-dispositifs littéraires pour renverser de l’intérieur l’ordre du discours et ainsi résister à la mort.
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36 pages, 200 exemplaires, Couverture + aide précieuse : Adèle Hurbault, format 14 × 19,5 cm, Munken Print 115g et 300g (pour la couverture), isbn : 978-2-491283-02-5, Oktobre 2021.
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SIGNATURE F.J. OSSANG
le Samedi 27 NOVEMBRE 21DE 14h à 15 h au SALON DE L’AUTRE LIVRE, Halle des BLANCS-MANTEAUX 75004 Paris
Stand C28, Editions LE FEU SACRE
En compagnie de Michèle COLLERY, auteure de F.J. OSSANG CINEASTE A LA LETTRE (Rouge Profond, 2021) -Nouveautés & « Oldies »…
Des corps nihilistes que nous sommes jusqu’à l’île de la Terreur où nous sommes absorbés par le futur et le néant… “Fin d’empire”, nouvel ouvrage de F.J. Ossang, offre une sublime percée dans les territoires ténébreux du corps, de la nature et de la poésie.
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