01 avril : Dharma Guns à Lille

Présentation DHARMA GUNS + DOCTEUR CHANCE
Vendredi 1er Avril à 19h 30
à LILLE (cinéma UNIVERS)

présentation

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Dharma Guns : article Cahiers du Cinéma

RENCONTRE. Entretien avec le dernier cinéaste punk français à l’occasion d’une triple actualité : sortie en salles de DHARMA GUNS, intégrale parisienne et édition de trois de ses films en DVD.

Le sommeil hanté de F.J. Ossang

Alors que ses Dharma Guns prennent d’assaut les écrans le 09 mars, F.J. Ossang connaît une belle actualité : l’intégrale de ses films est projetée au MK2 Hautefeuille (Paris) et éditée en DVD chez Potemkine en avril. Déflagrations salutaires à leur époque : l’Affaire des Divisions Morituri (1985), le Trésor des îles chiennes (1990) et Docteur Chance (1997) n’ont rien perdu de leur pouvoir de fascination.

Avez-vous senti une différence entre la production de Docteur Chance et celle de Dharma Guns ? Est-ce que l’époque s’est durcie ?
Oui, pour moi ça s’est quand même durci. Ça a toujours été un peu dur, après chaque film j’ai eu une traversée du désert. Mais j’ai toujours fini par revenir. Comme j’aime le dire : je suis la preuve qu’il y a bien une vie après la mort. Je suis déjà mort quatre fois.

Il y avait dans les années 80 un cinéma d’auteur aventureux, dans lequel vous pouviez vous inscrire avec plus de facilité.
Je reviens de Rotterdam où tous mes films sont passés. Lorsque j’y étais en 1984 pour l’Affaire des Divisions Morituri, je me souviens d’une grande excitation. Cela tenait beaucoup à la personnalité d’Hubert Bals, le créateur du festival, qui programmait des curiosités brésiliennes ou des films d’opéra chinois. Du côté français, il y avait Liberté, la nuit de Garrel, A nos amours de Pialat, L’Argent de Bresson. Jarmush faisait aussi ses débuts. Je pourrais dire la même chose de la musique, qui était plus excitante : il se passait quelque chose à chaque concert. Mais je n’ai pas une vision très objective, j’étais plus jeune moi aussi.

Vous ne vous êtes jamais inscrit dans les canons du cinéma français.
Je ne suis pas du tout anti-français. Il y a des choses très belles dans la province française, sans parler des grands cinéastes comme Melville, Bresson ou Debord. Mais pour moi le cinéma a toujours été la langue de Babel. Je compare ça au rock’n’roll. Quand un groupe est assez expressif, il peut jouer partout : à Moscou, à Londres, à Carcassonne, à Buenos Aires. Le cinéma c’est pareil, il suffit que les films soient plus ou moins bien sous-titrés.

Vous avez un rapport passionnel à l’argentique.
Quand j’ai commencé à faire des films, j’étais intéressé par la révolution électronique de Burroughs, par tout ce qui était piratage ou détournement. Mais dès que j’ai touché de la pellicule, ça a été un choc.

Pourtant le cinéma d’auteur se tourne davantage en numérique aujourd’hui.
C’est vrai qu’avec Dharma Guns, j’ai fait de la résistance. J’ai aimé le cinéma avec des films tournés sur pellicule. Mes films sont le fruit des chocs mentaux que j’ai eu devant l’avant-garde soviétique, le cinéma allemand, la série B américaine des années 40 à 60 et énormément de cinéma muet. C’est comme de lire Trakl, Artaud ou Rimbaud ou de découvrir les Stooges. Ce sont des choses qui vous marquent à vie. Je ne vois pas pourquoi, pour être dans le coup, je me forcerais à changer mes gènes. L’évolution ne m’intéresse pas. Muter m’intéresse, évoluer non.

Mais vous passez aussi par des phases de postproduction numérique.

Oui bien sûr, j’ai essayé de m’adapter pour mes derniers courts métrages. On ne tirait pas les rushes, on les transférait en télécinéma. C’était parfois très désagréable parce qu’il fallait interpréter ses plans. Je montais avec Final Cut et on revenait à la pellicule. Pour l’instant je ne vois pas l’intérêt de passer au tout numérique, quand la pellicule sera morte peut-être. Il y a un vrai diktat de l’économie de marché alors qu’avec très peu d’argent on peut encore tourner en argentique. Je ne vois pas pourquoi on ne ferait pas des films pauvres en argentique. Mais je ne me fais d’illusion, quand on a appris à un producteur à mettre des cassettes dans une caméra, on ne le fera pas revenir à la bobine. Il trouvera toujours une raison plus ou moins bonne. Je sens même comme une sorte de rage contre l’argentique. J’ai entendu des gens en festival dire avec une espèce de jouissance ultime : « Le cinéma c’est fini, maintenant c’est le numérique ! » J’aime bien citer cette espèce de prophétie qui disait qu’il n’y aurait que trois générations de cinéastes, comme il y eu trois générations de tragédiens en Grèce. On va vers une image de plus en plus invasive mais dans vingt ans, on découvrira peut-être que le cinéma s’est perdu. Il sera devenu autre chose.

Comment s’est montée la production de Dharma Guns ?
J’ai eu un peu d’argent par un producteur puis assez vite l’aide d’une région. Il y a eu la conspiration de la souscription qui a créé un certain tremblement, montrant, en tout cas, que ce n’était pas par choix que je ne tournais pas mais par manque d’argent. La rétrospective de mes films avait très bien marché au festival de Buenos Aires. J’avais dû faire 10 000 entrées. Pour les pays en crise à cette époque, j’étais un peu le candidat idéal. Le public avait entre 16 et 30 ans et aimait cette vision critique qui mettait en relation le rock’n’roll, Murnau, Debord, Peckinpah. Ca m’a donné beaucoup de courage. Finalement j’ai eu l’avance du CNC et Love Streams d’agnès b. m’a un peu aidé. On a tourné le film entre les Açores et l’Auvergne.

Les Açores sont déjà le décor du Trésor des îles chiennes.
Les Açores se trouvent au croisement des plaques continentales. C’est presque une région conceptuelle. Les plaques américaines, européennes et africaines frottent, ce qui génère une forte activité sismique. Dans le Cantal, il y a aussi beaucoup de brumes et de vieux volcans éteints. Mais à l’arrivée les paysages de Dharma Guns ressemblent à tout sauf aux Açores et au Cantal.

Vous vous revendiquez d’un cinéma de la voyance.
Je me suis donné beaucoup de mal pour limiter les contrechamps, pour créer un doute sur le hors champ parce que les Dharma Guns n’apparaissent jamais, pas plus que les cannibales dans Le Trésor des îles chiennes. Ca tient à ma passion initiale pour un cinéma qui cache pour mieux montrer. Je suis outré par l’invasion du visible dans les films actuels. Je suis en effet davantage du côté de la voyance, donc dans le hors-champ, le caché, le noir.
Il y a quelque chose de païen dans le cinéma : le culte du soleil et le culte des ténèbres. Plus jeune, j’étais fasciné par l’alchimie et pour moi le cinéma c’est un peu la même chose : une pensée qui se matérialise. J’écris plutôt par fragments : j’imagine un geste, un son ou un cliché photographique. Ensuite il y a la fatalité : trouver de l’argent, ce qui va déterminer si on tourne en Californie ou dans le Cantal. Puis le casting et le filmage avec le soleil ou avec des symptômes électriques dans les ténèbres. Et puis l’aventure collective avec l’équipe qui devient une tribu.
Le cinéma est extraordinaire parce qu’il s’agit d’une expression au présent absolu : le jour où il n’y a pas de brume, de pluie ou de soleil, on doit trouver un substitut nécessaire. La fatigue et la maladie génèrent aussi des nécessités que l’on n’aurait pas imaginées. Il faut en tout cas écrire une page par jour, c’est-à-dire tourner dix minutes de pellicule. Ça m’intéresse plus que de tourner cinq heures par jour en vidéo.

Propos recueillis par Stéphane du Mesnildot à Paris, le 13 février 2011.

Chronique

Dharma Guns, c’est d’abord une ouverture fulgurante : Orphée revisité et surtout électrifié. Un hors-bord file sur les flots, tirant un skieur nautique. Au moment où la conductrice, femme fatale à lunettes noires, se retourne et lui souffle un baiser, le jeune homme est foudroyé. Dharma Guns conservera la vitesse et la concision  de cette entame.
Sortant du coma, le jeune aventurier se trouve désigné comme l’unique légataire du professeur Starkov. Sur l’île volcanique où il doit toucher son héritage, il se voit proposer un ténébreux contrat : rédiger un script qui aurait le pouvoir de d’ouvrir les portes du temps et de la mort. En échange, Délie (la musidorienne Elvire), sa compagne, détenue par le sinistre « Herr Doktor » Ewers, lui sera rendue. Avec l’économie de la série B, Ossang retrouve l’épure des films d’horreur Bauhaus d’Ulmer comme Le Chat noir, et et transforme son île en territoire psychique hanté par les terreurs du siècle : manipulations génétiques, attentat du mystérieux groupuscule « Dharma Guns », trafic de virus et de clés  ADN fatales. De la série B, Ossang a également retenu la puissance incantatoire, lorsqu’une phrase lancée (« L’invasion commence !« ) et une silhouette au loin peuplent le hors-champ de créatures fantastiques, fruits des expériences contre nature du professeur Starkov.
Dans ce laboratoire d’expérimentations narratives, Chris Marker et William Burroughs croisent Henri Vernes et la SF punk de Métal hurlant. Nous sommes surtout au coeur de la galaxie Ossang, dans le nouvel épisode d’un serial conspirationniste qui aurait commencé avec L’Affaire des divisions Morituri (1985) et se serait poursuivi avec Le Trésor des îles chiennes (1990) et Docteur Chance (1997). « Le cinéma, art du sommeil hanté », affirme Ossang, prolongeant une phrase de Jean Vigo. F.J. Ossang recueille les images de l’enfance du cinéma, mais jamais elles ne font office de reliques, bien au contraire, ce sont des sources d’inspiration brûlantes d’énergie.

Stéphane du Mesnildot

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Dharma Guns chez Mouvement.net

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09/03 > 09/05/2011 – PARTOUT EN FRANCE
Prise d’Ossang
Dharma Guns en salles
FJ OSSANG

2011 démarre en fanfare pour FJ Ossang, l’enfant terrible du cinéma français : après deux importantes rétrospectives à Rotterdam et Mexico, il dégaine un nouveau long métrage, Dharma Guns, assorti de la reprise en salles des trois premiers et de la parution d’un costaud coffret DVD.

La France est ce pays dans lequel la fréquentation des salles obscures a atteint en 2010 un niveau record, au bénéfice de films aussi considérables que Les Petits mouchoirs, L’Arnacœur ou Camping 2. La France est ce même pays dans lequel un cinéaste, un vrai – FJ Ossang nous en offre ici un exemple particulièrement frappant – peut être contraint d’attendre près de quinze ans pour pouvoir tourner un long métrage. Entre Docteur Chance, sorti en 1997, et le flambant neuf Dharma Guns, mis en circulation le 9 mars, il s’est ainsi écoulé (beaucoup) plus de temps qu’il n’en faut à un Luc Besson pour monter ses projets et augmenter ses profits. Comment FJ Ossang a-t-il traversé tout ce temps ? Tout d’abord, il a vécu – ce qui n’est déjà pas rien, par les temps qui courent. Ensuite, il a voyagé, et rêvé, engrangeant des visions, sans lesquelles le cinéma n’est pas davantage qu’un divertissement du samedi soir. Et puis, en attendant de réunir les fonds nécessaires à la réalisation d’un long, il a aussi tourné des courts métrages, dont le foudroyant Silencio (Prix Jean Vigo 2007).

Face à Dharma Guns, l’on pense souvent à Vigo, Cocteau ou Murnau, et de manière générale à tous ceux qui, depuis l’aube du 7e art, se postent résolument du côté de l’action poétique. S’il porte à la pellicule un attachement proche du fétichisme, Ossang se garde bien, dans ce film comme dans ses précédents, de céder à la tentation du passéisme mortifère. Tout en élans et en éclats, son cinéma apparaît au contraire profondément vivant : un authentique cinéma d’art et d’excès. Dès l’électrisante séquence d’ouverture de Dharma Guns – une course de ski nautique au rythme d’enfer –, le spectateur est propulsé au cœur d’un ténébreux récit, dont il renonce vite à tenter de percer tous les mystères. Variation sur le mythe d’Orphée, le film (en 35 mm noir et blanc) déroule une sombre – pour ne pas dire crépusculaire – histoire d’héritage, au centre de laquelle se débat Stan van der Decken, jeune homme très photogénique errant au pays de Las Estrellas, cette île-monde située quelque part entre ici-bas et au-delà. Toutefois, l’important n’est pas tant l’histoire que la manière dont elle est contée, c’est-à-dire mise en scène, et en cette ardue matière FJ Ossang sait y faire. Tous les signes distinctifs de son cinéma crèvent l’écran, du premier au dernier plan : sens aigu du cadrage et de la lumière, rythme impeccable, dialogues crépitants (dont le sens compte souvent moins que le son), ambiance de fin de civilisation et post-punk à tous les étages – sans oublier Elvire, fidèle muse et compagne, à la fois actrice principale et ordonnance (dans l’acception militaire du terme) d’un film jeté à corps perdu dans la bataille.

Parallèlement à la sortie de Dharma Guns sont repris en salles, et en copies neuves, les trois premiers longs métrages – L’Affaire des divisions Morituri (1984), Le Trésor des îles chiennes (1990) et Docteur Chance (1997) – de FJ Ossang, en attendant la parution imminente (début avril) d’un coffret DVD édité par Potemkine et Agnès B. Des trois, L’Affaire des divisions Morituri est le plus chaotique, en synchronie parfaite avec la mouvance post-punk (1), tandis que Docteur Chance, épopée tragique aux confins du réel, s’impose comme le plus fiévreux et le plus beau, l’aura du film étant intensifiée par la présence magnétique de Joe Strummer dans un second rôle. Le coffret DVD comprend en outre La Dernière énigme (1982) et Zona Inquinata (1983) les deux premiers courts métrages d’un cinéaste qui, près de trente ans après ses débuts, demeure encore et toujours en état d’alerte.

1. Ossang fut aussi très actif sur le versant musical du post-punk, au sein de Messagero Killer Boy (MKB, pour les intimes), groupe ayant largué plusieurs albums sur le monde, dont Terminal Toxique, réédité en 2006 par le label Seventeen Records.

> Dharma Guns, de FJ Ossang à découvrir en salles.

Jérôme Provençal

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Critique de Dharma Guns chez Critikat

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Chronique d’une Near Death Experience délirante dans un monde apocalyptique tout droit sorti d’une BD d’anticipation, Dharma Guns est un film singulier, à mi-chemin entre série Z et cinéma sensoriel, entre David Lynch et La Jetée de Chris Marker.

 

Dharma Guns s’ouvre sur un accident de ski nautique. Le blessé, bien mal en point, est évacué en ambulance et commence apparemment à divaguer. C’est le point de départ d’une longue hallucination qui va mener le personnage dans un pays imaginaire. Il y sera tour à tour confronté à un voyage dans le temps, à des radiations nucléaires, à une invasion (qui sont ces Dharma Guns tant craints ?), au Grand Capital, à une attaque virale ou encore à un trafic d’arme. Pour achever le tableau, il aura affaire à un mystérieux professeur, défendra une énigmatique jeune femme (Delie) et passera une alliance avec le peu recommandable Jon, dont l’allure ne manque pas d’évoquer celle d’un officier SS. Recyclant jusque dans la caricature des personnages et des situations déjà vues dans des BD de guerre ou d’espionnage, Ossang crée une version animée et noir et blanc des tableaux pop colorés de Roy Lichtenstein. Tout comme son ainé, il est époustouflant dans la précision plastique et il se focalise sur la captation de moments, laissant une bonne partie de la dramaturgie advenir en dehors de l’image, ce qui renforce tension et mystère tout en entravant quelque peu la lisibilité des évènements.

Tout comme chez Lichtenstein, une des forces de Dharma Guns est de flotter en territoire non identifié. Ossang convoque une multitude de lieux et d’époques sans toutefois s’y attacher. Un vieux manoir méditerranéen se voit donc affubler d’une adresse californienne, des 4×4 contemporains se mêlent à des voitures rétro, un parfum de guerre froide règne malgré les ordinateurs portables. Il est par conséquent impossible de dater l’intrigue, même si l’esprit dominant du film est un peu désuet et nous ramène un bon demi-siècle en arrière (l’imperméable est de rigueur et les aéroports ressemblent à s’y méprendre à des aérodromes). Il en résulte un univers paradoxal – à la fois totalement personnel puisque non reconnaissable mais aussi terriblement commun parce qu’uniquement composé d’éléments issus de l’imaginaire collectif – au service de la Near Death Experience du personnage principal. Les différentes phases de son délire romanesque retranscrivent brillamment les sentiments d’urgence, d’inquiétude (met-il en scène se propre succession à travers celle de Starkov ?), de frustration et d’impuissance (lorsqu’il se fait voler son script, lorsqu’il se laisse mener par Jon) qu’il doit ressentir en prenant conscience que sa fin est proche. Son psychisme se laisse envahir par les fantômes de ceux qui ont probablement peuplé son existence (Delie, Jon – dont on se demande quel a pu être le véritable rôle) et l’on s’amuse à deviner certains de ses regrets (l’envie d’être artiste – au travers du personnage d’Arthur Strike ? La douleur d’avoir du se soumettre aux impératifs commerciaux – à travers l’omniprésence de codes bars ? Le besoin d’aventure ?). Ossang signe ainsi un portrait original d’un homme en détresse, qui s’agite jusqu’aux portes de la mort pour regagner le contrôle sur sa propre vie, tout comme il s’appliquait – dans la scène de ski nautique – à dévier au maximum de la trajectoire qu’on avait tracé pour lui.

Mais le foisonnement de Dharma Guns reste un peu abscons, les liens entre projections mentales et l’intrigue principale étant peu explicites, et le film n’échappe pas aux défauts récurrents des œuvres kaléidoscopes, où la juxtaposition plus ou moins anarchique de nombreux motifs est censée construire un message fécond. Au bout du compte, c’est le décalage entre l’intense qualité cinématographique et la confusion de la séquence de Near Death Experience qui risque de marquer les esprits et de donner à Dharma Guns une image d’objet de luxe dans le monde de la série Z, précieux et dérisoire à la fois.

Frédéric Caillard

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Serge Kaganski parle d’Ossang chez les Inrockuptibles

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Le monde à part du cinéaste expressionniste et punk Ossang

Alors que sort son nouveau film, retour sur l’oeuvre de FJ Ossang marquée par l’expressionnisme, le cut-up et le punk.

Cette semaine, retour d’une rare mais scintillante comète dans le ciel encombré du cinéma. FJ Ossang revient avec un nouveau film Dharma Guns, alors qu’une rétrospective lui est consacrée, montrant ses trois précédents longs métrages en copies neuves.

Originaire d’Aurillac, ce passionné de motos et de moteurs se destinait d’abord à devenir pilote, mais un accident lui met le corps en vrac à l’âge de 15 ans. Pas grave, il deviendra poète, dardant ses rayons en littérature, musique et cinéma. Côté livres, c’est la revue Cée, la création des Cééditions au mitan des 70’s, des recueils poétiques et des romans barrés, l’influence de William Burroughs, le compagnonnage du poète Claude Pélieu.

Fan de la symphonie industrielle des moteurs, Ossang fonde logiquement à la fin des années 70 les Messageros Killer Boys, alias MKB Fraction Provisoire, phalange punk indus à la croisée de Clash et des Throbbing Gristle, qui signera toutes les musiques de ses films. Car cet aventurier du cut-up, de la nuit et de l’électricité passe l’Idhec (l’actuelle Fémis) et fait de son travail de fin d’études son premier film, L’Affaire des divisions Morituri. Suivront quelques années après Le Trésor des îles Chiennes, puis Docteur Chance.

Des territoires rêvés…

Le cinéma selon Ossang, ce sont d’abord ces titres qui claquent comme des romans noirs, des machinations politiques, des BD d’aventures, des titres de faits divers. Dès le générique, on quitte le naturalisme, on embarque vers des territoires rêvés. Plus poétiques que narratifs, plus sensoriels que discursifs, ses films sont les fantasmes d’un captif amoureux, d’un cinéphile qui ne s’est jamais remis d’avoir découvert le muet, l’expressionnisme allemand, le modernisme soviétique, les films d’aviation, l’âge d’or hollywoodien, les séries B.

Avec ses moyens, sa famille d’acteurs (sa muse Elvire, le boxeur Stéphane Ferrara, Joe Strummer…), son énergie, son refus des compromis, Ossang mélange ses influences et les catapulte les unes contre les autres, recrache à la punk les images qui l’ont foudroyé, puis hanté. Il y a une dimension chamanique chez Ossang, comme s’il avait été visité par quelques cinéastes élus et n’en était jamais revenu. Prisonnier consentant de de ce panthéon mental, il en réverbère des flashes tel un conducteur électrique.

Comme chez tous les artistes irrécupérables et obsessionnels, le cinéma d’Ossang est résolument inactuel, ou éternel, en tout cas totalement autarcique, intensément personnel, irréductible aux modes, au commerce. Bien que propulsés par les envolées bruitistes contemporaines de MKB, les films de FJ Ossang sont destinés aux rêveurs, nostalgiques, romantiques, sensibles à la fragilité de la pellicule, à la rugosité vibratile d’une image granuleuse, au combat plastique entre ténèbres et lumière, à l’exotisme des noms et contrées lointaines. Car si les films d’Ossang sont un appel au voyage, c’est aussi parce qu’ils ne sont pas tournés en Normandie, mais au Portugal, au Chili, aux Açores.

Albums de Tintin réinvestis par la cold-wave, films de Murnau habités par des punks, expressionnisme à la Fritz Lang hanté par la catastrophe fasciste, le cinéma d’Ossang a peu d’amis dans le paysage d’aujourd’hui : peut-être Lynch, Grandrieux, éventuellement Maddin. Déstabilisant pour un spectateur habitué au ciné-roman, aux récits formatés, le cinéma d’Ossang procède par stimuli sensoriels prélevés dans la grande banque d’images de l’inconscient collectif. Archaïque et moderne, primitif et sophistiqué, rock et romantique, esthète et solitaire, tel est l’astéroïde Ossang.

Serge Kaganski

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Entretien filmé de FJ Ossang sur le site de l’ACRIF

a voir ici

http://www.acrif.org/fr/document.asp?rubid=7&docid=241
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Dharma Guns – Marseille Plus (09 mars 2011)

Expérience Humaine.

Quatorze ans après Docteur Chance, François-Jacques Ossang repasse derrière la caméra. Avec Dharma Guns, l’écrivain et musicien punk donne à voir une pièce cinématographique expérimentale particulièrement graphique.

 

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Cet abandon quand minuit sonne, et autres livres….

 

… disponibleCet abandon quand minuit sonne ainsi que :

  • Ténèbres sur les planètes
  • Il pleut sur Madrid
  • Unité 101

En format réduit, fabrication artisanale à retrouver ainsi que beaucoup d’autres auteurs aux Editions Derrière La Salle de Bains (site).

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Dharma Guns en salle pour la 3eme semaine …

Voici où vous pourrez voir ou revoir Dharma Guns cette semaine :

  • Paris : MK2 Beaubourg pour les 4 films en matinée
  • Paris : MK2 PARNASSE (13h 30 et 22h)
  • Clermont-Ferrand (Rio)
  • Caen (Lux) FJ Ossang y sera Jeudi 24 mars
Prévisions semaine prochaine :
Paris (MK2)
Caen (Lux)
Ivry (Luxie)
Nice (Mercury)
Lille (Univers) FJ Ossang présent le  1 Avril
Valence (Lux)
rejoints semaine suivante par :
Montreuil (Mélies) et  Aix-en-Provence, avec FJ et Elvire le 08 avril !
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Chronique bâclée de DG sur L’express

Sorti du coma, un homme est poursuivi par une organisation et tente d’écrire un scénario qui n’a aucun sens. Du grand n’importe quoi labélisé « poétique ».

J.W.

Commentaires :

1 – le texte ci dessus reprend l’intégralité de la chronique publiée le 09 mars 2011.

2 – nous n’étions pas spécialement impressionnés par la qualité journalistique de cet hebdomadaire, mais grâce à ce bel article de fond les choses deviennent plus claires…

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