Amusante chronique de Dharma Guns dans Paris-Match

Alors qu’il est tracté, sur une mer de plomb, par le hors-bord que pilote une fille à la noirceur gothique, un jeune skieur chute brutalement. A son réveil, il découvre qu’il est recherché par d’étranges généalogistes… Cinéaste à part dans le paysage formaté du 7ème art, Ossang est un poète visuel, l’héritier rock’n’roll d’un Murnau chic. S’appuyant sur une (trop) mince partition scénaristique, in nous joue de sa caméra une symphonie complètement siphonnée aux images oniriques magnifiques. Chez Ossang, ne cherchons pas à comprendre, contentons-nous d’appréhender une quatrième dimension qu’il nous fait inhaler comme une fumée néo-rétro, par tous les pores du cerveau…

 

A.S.

Publié dans filmographie, medias | Marqué avec , | Laisser un commentaire

Dharma Guns dans l’Humanité

Dharma guns  (La Succession Starkov), de F. J. Ossang. France, 1 h 33, 2010. Déflagration orphique. Émergeant du coma, Stan Van der Daeken est confronté aux complexités d’un hypothétique héritage, qui alternent avec les apparitions fantomatiques de la délicate Délie. Le poète électrique F. J. Ossang, cinéaste rare et mystérieux, livre 
son quatrième long métrage depuis 1984, retour au noir 
et blanc des origines et 
aux Açores enfiévrées de son Trésor des îles Chiennes. Roman noir aux éclats fantastiques, relecture futuriste du mythe d’Orphée, récit 
en forme de rébus paranoïaque, mêlant science et 
inconscience, ce film évoque l’œuvre technoïde de William Burroughs et les vortex spatiotemporels de Philip K. Dick, ou un cauchemar crypté sous-tendu par la sûreté graphique du geste d’Ossang. Voir la magistrale scène d’ouverture : balade tragique en ski nautique, pulsée par une musique punk style Dead Kennedys. Le cinéma muet infuse l’image, l’ambiance, le style et les décors — souterrains industriels, usines hallucinées, docteurs inquiétants, manteaux de cuir, mobilier art déco. Comme si on avait passé Epstein et Lang à la moulinette avec OSS117 et Jack Kerouac. Voir le titre, détournement des Dharma Bums, de Kerouac. Les fusils ont remplacé 
les clochards célestes.

la suite

Publié dans filmographie, medias, sites externes | Marqué avec , | Laisser un commentaire

Dharma Guns – Liberation

«Dharma» initiative

Par PHILIPPE AZOURY
no future . Le poète-cinéaste F.-J. Ossang signe un nouveau film post-moderne et punk.
LiberationEn ouverture, une séquence de ski nautique à toute berzingue sous fond sonore de Lard (groupuscule hardcore dans la mouvance des Dead Kennedys) fournit par brassées les clés nécessaires pour plonger tête la première dans l’esthétique de ce film hors norme : récit sur le fil du rasoir, risquant à tout moment la chute, images visant la commotion, et des corps en déséquilibre, seulement portés par la beauté immédiate d’un écrin noir et blanc presque liquide : l’underground, chez le cinéaste-poète-musicien F.-J. Ossang, est un sport (de combat, de glisse). Dharma Guns n’est pas film qui gagne à être résumé, sa forme en zigzag met au défi la linéarité du scénario.

Cold wave. En terres ossangiennnes, terres mille fois brûlées (elles nous viennent de l’expressionnisme allemand), les choses avancent autrement : par flashs, par fulgurances, dans un état d’hébétude permanent. Son héros, au sens pour ainsi dire chevaleresque du terme, est un jeune homme impavide, à l’accent russe, une sorte d’idiot dostoïevskien matiné cold-wave, censé remettre un script improbable à des commanditaires invisibles. Ce prince Mychkine ahuri est attendu dans un aéroport, quelque part dans l’archipel des Açores, par des hommes de main d’un géant de l’industrie pharmaceutique. A l’arrivée, il ne reconnaît pas les hommes qui le tutoient, ne reconnaît pas l’endroit, ne reconnaît pas la situation dans laquelle il est immergé, ni la succession qui lui échoit : il est, depuis longtemps, amnésique. Mais l’amnésie est ici un état général qui contamine tout : la façon de regarder le monde et de l’appréhender, la manière dont les séquences s’entrechoquent. Chaque scène ravale la précédente, la défait, et le film tout entier se détache progressivement du fil mémoriel qui est censé le coudre au récit. Ceux qui connaissent le travail de F.-J. Ossang seront en terrain familier : ils y retrouveront cette façon de tisser des scénarios paranoïaques, croisant parfois une science-fiction militaire, où la peur de la contamination et de l’autorité emportent des personnages de parias poétiques dans une course contre la mort. A ski nautique, en voiture, dans des chasses à l’homme, ces voyageurs sans passé ni avenir – no future – engagent leur liberté sous les feux croisés de la folie et des armes. On dit d’Ossang qu’il est LE cinéaste rock en France. Mais le rock est ici une affaire large, comprenant aussi bien la poésie de Maïakovski que les paysages industriels des Açores. En retour, sa photographie noir et blanc acérée est punk jusqu’en dessous des ongles (magnifique travail du chef op Gleb Teleshov).

Style viral. Le temps n’a pas d’emprise sur Ossang, son style postmoderne n’a pas oscillé depuis l’Affaire des divisions Morituri (1985), en passant par l’excellent Docteur Chance (featuring le Clash mort Joe Strummer) en 1997. Imperméable au changement, son style viral continue de rappeler le Lars von Trier période Epidemic, mais Ossang, on le sait, ne nous fera jamais le chantage à l’émotion. Trop lyrique pour ça.

Publié dans filmographie, medias, sites externes | Marqué avec | Laisser un commentaire

Morituri de nouveau chroniqué sur Télérama…

ici

Publié dans filmographie, medias, sites externes | Marqué avec | Laisser un commentaire

Dharma Guns sur Le Monde.

« Dharma guns » : Voyage dans une « interzone »

Le mondeLa rareté sied bien à F. J Ossang. Trois ans après son dernier court-métrage, Ciel éteint, quatorze ans après son dernier long, Docteur Chance, le réalisateur français revient au cinéma avec un bel oxymore en guise de titre (littéralement : « Les Fusils de l’enseignement du Bouddha« ), et un style qui n’a rien perdu de sa puissance d’évocation : compositions plastiques d’une beauté entêtante, associations énigmatiques de textes, d’images, de sons, ancrage dans une mythologie personnelle du cinéma qui tire des cordes entre l’expressionnisme muet et la nouvelle vague sans s’interdire des incursions chez Guy Debord ou David Lynch, entre autres. Dharma Guns s’ouvre sur un premier plan étonnant, un lac filmé à la lisière de l’eau, laquelle vient trancher l’espace en son milieu comme le faisait le rasoir sur l’oeil dans Un chien andalou. Baignés dans la lumière chaude d’un après-midi d’été, deux espaces symétriques se répondent : le haut et le bas, le gazeux et le liquide, le sonore et le silencieux…. Le film qui s’annonce est un voyage dans une « interzone » – les limbes où flottent les âmes suspendues entre la vie et la mort.

Mais d’abord, la vie, consumée par les deux bouts sur un hors-bord poussé à plein régime. Piloté par une femme fatale semblant tout droit issue de l’âge d’or d’Hollywood, le bateau glisse sur la surface du lac, tirant un homme en ski nautique. Reflets du soleil sur l’eau, griserie de la vitesse. Et puis c’est le choc fracassant, silence. Passage au noir et blanc.

Le skieur se réveille, censément après un long coma, et nous embarque avec lui dans un polar mental rétro-futuriste où résonnent, parmi d’autres, les échos d’Alphaville. Stan van Der Decken est son nom, assène-t-il face à l’objectif, dans un français teinté d’un fort accent. Scénariste de profession et aventurier romantique dans l’âme, il se découvre légataire testamentaire d’un certain Starkov, et embringué à partir de là dans une aventure politico-existentielle déployée selon une temporalité hallucinée. Compressions et dilatations, bonds en avant et retours en arrière, articulation entre temps vécu temps rêvé, temps imaginé, entre sensations et projections mentales… Est-ce ainsi qu’un homme se débattant entre la vie et la mort perçoit le temps ? L’intuition plastique d’Ossang est si fertile, qu’elle engage à le suivre.

Pour mettre en scène le voyage intérieur de son personnage, il joue avec les registres musicaux (du folk à l’électro industrielle), exacerbe les contrastes entre le noir et la lumière en puisant dans les formes du cinéma muet, fait résonner celles-ci avec des structures architecturales obsédantes.

De la part d’un artiste qui a créé son nom à partir d’un verset de la Bible (« Je solidifierai mon sang, j’en ferai de l’os« ), il faut s’attendre à des énigmes à tous les étages. Emprunté au capitaine du Hollandais volant, ce bateau de légende condamné à hanter indéfiniment les océans, le nom Van der Decken ouvre la voie à une trame qui s’enroule dans les méandres de l’enfer, sur laquelle viennent se greffer des références au mythe d’Orphée, à Lovecraft, le look de parfait nazi d’un des personnages secondaires, une collection de codes-barres géants qui s’invite dans la danse… Le film n’exige pas de tout décrypter, au contraire. Il invite plutôt à se frayer son chemin dans la foisonnante forêt de signes qu’il organise, voire à s’y perdre.

Isabelle Regnier

la suite

Publié dans filmographie, medias, sites externes | Marqué avec , | Laisser un commentaire

Blow Up sur Arte : carte blanche à FJ Ossang pour fêter la sortie de Dharma Guns !

Publié dans filmographie, medias, sites externes | Marqué avec , , | Laisser un commentaire

Tout Le cine.com : Ossang mode d’emploi

L'affaire des divisions morituri

A l’occasion de la sortie de son dernier film, Dharma Guns (la succession Starkov), les trois longs-métrages précédents du réalisateurs/musicien/poète FJ Ossang, L’affaire des division morituri, Le trésor des îles chiennes et Docteur Chance, ressortent en copies neuves. L’occasion de rencontrer ce réalisateur venu du punk qui fait un cinéma quelque part entre apocalypse et poésie et surtout en dehors des conventions.

Des débuts musico-littéraires

Je suis assez vite parti du Cantal, je suis allé à Berlin, puis Toulouse, puis Paris. J’ai vraiment commencé la musique à Toulouse avec un premier groupe (DDP, ndlr). J’y ai aussi fondé une revue, Cée, en 1977, avec des auteurs comme Claude Pélieu, Jean-Christophe Bailly, ect…, puis là-dessus une maison d’édition, la revue s’est arrêtée en 1981, mais le groupe MKB-Fraction Provisoire continuait à Paris. La poésie et le rock’n roll ne menant nulle part, j’ai tenté l’IDHEC et donc je suis rentré à l’IDHEC en 1981. Je n’étais pas du tout d’un milieu cinématographique, j’ai commencé à faire des films et c’est là que j’ai découvert – certains croient que je plaisante mais c’est vrai – qu’il suffit d’une bobine de film et d’une caméra pour faire un film.

la suite sur le site

Publié dans filmographie, medias, sites externes | Marqué avec | Laisser un commentaire

FJ Ossang sur France Culture en ce jour de sortie de Dharma Guns

Tout d’abord à 16h sur Le mouv, dans l’émission Le plan B.

Puis France Culture à 19h, dans l’émission Le Rendez vous.

Publié dans filmographie, medias, sites externes | Marqué avec , , | Laisser un commentaire

Dharma Guns chez Fluctuat

Dharma guns
Un nouveau film de FJ Ossang, c’est aussi rare que précieux. Alors oui, il faut accepter la perte des repères, leur déplacement et se laisser saisir par la puissance de la fantasmagorie. Oui, être ébloui, ça fait mal eux yeux. Mais le jeu en vaut la chandelle. Brûlante.

Dharma Guns (la succession Starkov) est un voyage en territoire cinématographique éloigné, bien loin des codes d’un cinéma que pourtant il se plaît à citer. Tout comme son héros, qui débarque dans un pays dévasté pour assurer la succession de son père spirituel Starkov, le spectateur va de découverte en découverte, perdu entre rêve et réalité. Doubles génétiques, armes biologiques, drogue nouvelle, amnésie, zombies. Comme point de repère, Dharma Guns nous propose le récit futuriste noir d’un Lovecraft, l’horreur d’un Romero, mais aussi le romantisme noir, et le fantastique quelque part entre En quatrième vitesse d’Aldrich et le Vampyr de Dreyer.

La suite sur le site de Fluctuat

 

Publié dans filmographie, medias, sites externes | Marqué avec , | Laisser un commentaire

Dharma Guns on Culturopoing

A lire ici

 

Le trip ultime c’est toujours une image
Le très attendu nouveau film de F.J. Ossang sort en salles le 9 mars prochain.
Stan van der Decken (Guy McKnight) sort du coma après un accident et se réveille au centre d’un monde bouleversé, souvent parcellaire. Un de ces mondes fragiles et inquiétants d’après une hécatombe : les certitudes, le quotidien sont en lambeaux. Ce monde est traduit grâce au très réussi travail plastique de F.J. Ossang sur la pellicule. La veine futuriste est le moteur du déploiement d’images entremêlées après le traumatisme de Stan – sauts temporels, un rythme fragmentaire qui peut perturber les spectateurs aux pantoufles lourdes. Nous avons, au choix, des exemples de souvenir, de délire – bref des images qui sont comme des dépôts de vie, résidus d’existence quotidienne sublimés par les rencontres de personnages originaux. On y retrouve la fascination pour le cinéma muet, l’expressionnisme dans toutes ses ruptures … Ouverture à l’iris, jeux de cadre, contrastes lumineux trouvent une place puisque le futur chez F.J. Ossang sera comme un film muet – ou ne sera pas.
Stan devient le centre d’un conflit d’intérêts colossal puisqu’en son patrimoine génétique repose le secret d’une énigme universelle : celle de la succession Starkov. Jon, puis le docteur Ewers, vont le guider dans ces aventures – ou bien vont-ils le perdre ?
Au milieu de ce monde où tout semble en attente d’une chute désormais imminente, entre disparition de documents et virées en spirale, surgissent les dangereux Dharma Guns et une image qui est le seul élément inamovible, à la fois pour Stan et le spectateur : une femme.
En somme : Dharma Guns est un film noir d’amour avec de la science-fiction. C’est l’histoire de l’amour pour une femme qui mène l’amant aux confins de la perception. La musique accompagne cette fêlure de la narration où le spectateur est invité à séjourner. Las Estrellas, domaine enchanté où règne la très énigmatique et borgésienne Délie (Elvire), est vaste et mystérieux comme le monde.
On a souvent dit qu’au moment de la mort, notre vie entière défile devant nos yeux. C’est peut-être vrai, mais entretemps Dharma guns propose une autre hypothèse bien plus fascinante : et si face à la mort nous réinventions totalement notre existence ? Si on pouvait ajouter des péripéties, expliquer ce qui (nous) demeurait insondable? Si ce stade de passage, comme tout état liminaire, servait à créer des images et raconter des histoires ?
Tout dans le film est iconoclaste – et c’est un des grands plaisirs que l’on a à regarder les films de F. J. Ossang. Le rythme inhabituel d’une narration aussi ambitieuse va faire sauter le rationnel. Les nombreuses ellipses montrent qu’une grande partie de l’histoire est confiée au spectateur… Les cris du rock n’ roll accompagnent cette dérive – et l’incompréhension de Stan est celle du spectateur : est-il mort ? a-t-on tenté de l’assassiner ? Qui est Délie ? On le saura peut-être après le film. Car Dharma guns est la perfection de la mémoire, l’étrangeté de nos souvenirs et la survie des passions.
Publié dans filmographie, medias, sites externes | Marqué avec , | Laisser un commentaire