Le MHM — Pierre Carles — Fin de concession | ||
Joggeuse inconditionnelle, je passe tous les mercredis en début de soirée devant le 7 esplanade Henri de France. J’y croise le présentateur vedette de France 2 David Pujadas qui me gratifie parfois, au sortir de son JT, d’un petit salut de la tête avant de s’en aller sur son scooter, sauf les quatrièmes mercredi du mois où il est trop pressé pour cela. | ||
Embouffonnage de Pujadas : Laxisme ou barbarie ? « Agression », « opération abjecte », « lynchage »… C’est les joues bloblottantes d’indignation que la presse a accueilli la Laisse d’or de David Pujadas, décernée en grande pompe le 30 juin sur le trottoir de France Télévisions. Ce soir-là, devant la caméra de Pierre Carles (1), l’homme tronc du « 20 heures » recevait le trophée de « journaliste le plus servile » décerné par le collectif « Mords et fuis », soit un kit de luxe comprenant une laisse chatoyante, une boîte de cirage, une brosse et un plumeau multicolore, comme le racontent nos confrères du Plan B, toujours disponibles pour couvrir les grands événements depuis qu’ils ont mis fin à la parution de leur journal (2). Le collectif « En remettre une couche » en profitait pour repeindre en couleur or le scooter du lauréat, ainsi métamorphosé en carrosse royal. Manière d’honorer la participation de Pujadas aux dîners du Siècle, un club ultra sélect où convergent les patrons qui se goinfrent (Pébereau, Pinault, Rothschild…), les politiques qui s’empiffrent (Kouchner, Raffarin, DSK, Dati…) et leurs courtisans à plumes (Elkabbach, Joffrin, Attali, Giesbert…). « Ce que tu donnes à Bertrand, il te le rend en caguant », affirme un vieux dicton provençal. Traduction : donne-leur une Laisse d’or, ils te montreront les dents au lieu de remuer la queue. « David Pujadas victime d’un guet-apens », grondent Europe 1 et Le Journal du dimanche, tandis que les sites « people » dénoncent une agression barbare : « David Pujadas malmené à la sortie du JT » (Voici), « David Pujadas agressé avec une laisse » (7sur7), « Humilié, David Pujadas reçoit une laisse d’or » (Voilà)… Sur le site lepost.fr, le journaliste Bruno Roger-Petit, ex-éponge à France 2 mise à détremper sur Europe 1, évoque un « lynchage médiatique » dont la « violence » lui rappelle les tortures d’Abou Ghraïb et les pogroms antisémites (3). De son côté, la direction de France 2 proteste dans un communiqué contre une opération « lamentable » et « méprisable » qui « porte atteinte non seulement à l’honneur de David Pujadas mais aussi au travail de l’ensemble de la rédaction de France 2 ». La cérémonie aurait-elle donné lieu à des dérapages répréhensibles ? À l’écart des polémiques et attaché à la véracité des faits, CQFD a mené sa contre-enquête. Notre conclusion est accablante : loin d’avoir chahuté le petit David, les « Mords et fuis » ont fait preuve à son égard d’une magnanimité quasi capitularde. Europe 1 nous avait mis la puce à l’oreille en précisant que « le journaliste qui enfourchait son scooter a refusé de se soumettre à la volonté des protagonistes qui souhaitaient lui enrouler la laisse autour du cou ». Le devoir leur incombait de l’inviter plus fermement à tâter l’or de sa laisse. Mais, pris au dépourvu par l’ingratitude de leur récipiendaire, ils l’ont laissé détaler dans le sas de France Télévisions et appeler au secours les vigiles. Lesquels ont ensuite pourchassé le collectif dans le RER, tirant la sonnette d’alarme pour les retenir et bloquant le trafic de la ligne A pendant une quinzaine de minutes, sans autre résultat toutefois qu’une lourde amende pour France 2. « Et demain ? s’inquiète Bruno Roger-Petit. Et après Pujadas ? À qui le tour ? » . Oui, à qui le tour ? Olivier Cyran
2) Lire « Communiqué : David Pujadas reçoit sa laisse d’or », www.leplanb.org. 3) Mais pas les crimes pédophiles de Marc Dutroux. Lire « Pujadas agressé à la sortie de son bureau : petit lynchage entre amis ? », www.lepost.fr | ||
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