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Veilleur de nuit à Libération ces dernières années, longtemps monteur pour le quotidien auparavant après un passage par la pub, le peintre-dessinateur Pascal Doury est décédé hier d'un cancer pulmonaire. Effacé, avec une touche de dandysme, cet adolescent sans âge évoquant l'Homme aux bras d'or dessinait obsessionnellement des armées de minutieux personnages d'imagerie enfantine dans le goût des confiseries ou joujoux des années 60 détournés. Roudoudou, Pinocchio, Riquiqui et autres totems ou Tintin à la houppe gesticulaient et «testiculaient» silencieusement sur les planches à la suavité détraquée de Pascal Doury. Semblant perdu dans ses rêveries peuplées de ces bonshommes inquiétants, hybrides de Pepito et des Beaux-Arts, toujours en proie à la frénésie et au priapisme, Pascal Doury avait dans les années 80 coanimé, avec son copain de lycée Bruno Richard, le groupe/revue Elles sont de sortie. On peut situer son travail à cette époque dans une mouvance allant du commando graphique Bazooka, proche de Libération (Un regard moderne) à des personnalités comme Marc Caro, futur cinéaste de Delicatessen, avec Jean-Pierre Jeunet, ou TI5Dur (Philippe Bailly). Veuf de Nathalie, égérie de la scène disco-punk parisienne des années Palace, prématurément décédée elle aussi d'un cancer il y a dix ans, Pascal Doury, 45 ans, laisse une fille de quinze ans, Dora Diaman. Finançant, publiant et exposant son uvre graphique, l'éditeur d'art Alain Avila avait édité l'essentiel de ses nombreux fascicules, revues et carnets de croquis - également publiés par les Humanoïdes associés et autres Crapule. Ces derniers temps, Pascal Doury s'occupait de poésie, en tant qu'éditeur.
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