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use,
duplicité et capacités à mentir en toutes circonstances; de
telles "qualités" sont nécessaires à l'homme
d'État, aux diplomates et aux journalistes, du moins à
ceux qui veulent être bien en cour. D'où la nécessité
de mentir dans tous les registres : mensonges policés,
mensonges policiers, ou mensonges brutaux. L'exercice est parfois
malaisé, mais Élie Barnavi vient de réussir un
exploit incontestable : mentir dans tous ces registres.
("Mots
à maux", par Élie BARNAVI,ambassadeur d'Israël
en France. Libération, 10 avril 2002).
L'ambassadeur d'Israël en France ignore sans doute ce qui se
passe à Naplouse ou à Jenine, dans tous les territoires
occupés —ou il le sait trop bien—, ce qui lui importe
c'est d'affirmer qu'Israël représente le Bien, c'est à
dire la Démocratie, face à la barbarie, celle des palestiniens.
Élie Barnavi ne s'intéresse qu'à une chose : culpabiliser
l'occident, accusé en bloc de "judéophobie". En clair,
l'occident serait victime d'un syndrome de retour du refoulé,
affectant sa conscience; l'occident est judéophobe car
il ignore qu'antisionisme signifie antisémitisme. Un tel mensonge
révèle ce qu'est Élie Barnavi : un
intéressant membre du service d'ordre idéologique de
Tsahal, cette armée exemplaire qui tue les palestiniens via
ses F16 et leurs missiles, histoire d'expliquer —par des méthodes
appropriées— ce qu'est la démocratie israélienne !
Élie Barnavi est peut-être moins con que les abrutis
sionistes, sectateurs du rabbin Kahane et autres éradicateurs
messianiques, mais sa démarche est tout aussi perverse. L'âme
européenne serait contaminée par une anomalie pathologique,
celle qui consiste à dénier au juif le droit de vivre : l'antisionisme.
Mensonge vulgaire pour quelqu'un qui prétend analyser les tenants
et les aboutissants d'un conflit dans lequel un seul des protagonistes
a, bien sûr, raison : Israël, ce pays engagé
dans sa lutte pour la survie.
La « guerre pour la survie », Sharon dixit, autorise bien
quelques bavures. Face aux hordes de fanatiques meurtriers, engendrés
par l'OLP, fanatiques, terroristes, islamistes : bref des
arabes, ces fils de Caïn, maudits par la théologie juive !
C'est aller un peu vite en besogne. Selon le diplomate israélien,
on en veut à l'essence même de l'État juif, qui
ne tue les arabes —pardon, les terroristes— qu'avec une
modération extrême. Israël est en état de
légitime défense; certes, les palestiniens sont
traités comme des chiens, mais, s'il ne s'agit que de chiens,
tout est permis. Ainsi, Israël garde les mains propres, même
si les soldats d'Eretz Israël sont souillés de sang. Et
subissent à ce titre la vengeance de ceux qui, depuis trois
générations, sont déniés dans leur droit
à être et à exister.
D'où vient le terrorisme ? D'où vient le désespoir
de ceux qui n'ont plus rien à perdre, abandonnés de
tous ? En 1948, 700 000 palestiniens sont expulsés; 300 000
en 1967. Sans parler des massacres perpétrés. Sabra
et Chatila (1982), ça vous dit quelque chose ? Israël
récolte les intérêts de ce qui a proliféré
de son fait : la haine totale.
Rien qui inquiète Élie Barnavi, qui préfère
se draper dans sa bonne conscience d'humaniste de choc, nourrie sans
doute des sublimités bibliques. Ici, le mensonge policier se
double d'un mensonge brutal. Pour ce défenseur des valeurs
universelles incarnées par l'État juif :
« Une
civilisation qui a perdu le respect des morts est guettée
par une décadence. L'humanitaires dévoyé
est une forme de fascisme sournois. Or, le fascisme, c'est d'abord
la manipulation de la parole. » (Libération,
10/04/02)
Beaucoup de contre-vérités en peu de mots ! en
bref, les "progressistes" qui osent critiquer l'entité sioniste
sont sinon des "rouges-bruns", du moins leurs complices ! En
résumé, selon Élie Barnavi, l'antisémitisme
est partout. Propos quelque peu stupides mais qui ne sauraient déplaire
à ceux qui assimilent les palestiniens à des meurtriers
qu'il faut exterminer, ou expulser en masse !
Élie Barnavi oublie juste un détail : avoir
été opprimé massivement —ce fut le cas des
juifs— ne donne pas le droit à l'État juif d'être
lui-même un oppresseur de la pire espèce. Mais, ce genre
de question, un moraliste comme Barnavi ne saurait en aucun cas se
la poser ! Pour cause d'oubli "sournois", sans doute…
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