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  Vlad Vlad

 

 

Ramallah.

 

 

11/04/2002.

 

 

  

use, duplicité et capacités à mentir en toutes circonstances; de telles "qualités" sont nécessaires à l'homme d'État, aux diplomates et aux journalistes, du moins à ceux qui veulent être bien en cour. D'où la nécessité de mentir dans tous  les registres : mensonges policés, mensonges policiers, ou mensonges brutaux. L'exercice est parfois malaisé, mais Élie Barnavi vient de réussir un exploit incontestable : mentir dans tous ces registres.
("Mots à maux", par Élie BARNAVI,ambassadeur d'Israël en France. Libération, 10 avril 2002).

L'ambassadeur d'Israël en France ignore sans doute ce qui se passe à Naplouse ou à Jenine, dans tous les territoires occupés —ou il le sait trop bien—, ce qui lui importe c'est d'affirmer qu'Israël représente le Bien, c'est à dire la Démocratie, face à la barbarie, celle des palestiniens. Élie Barnavi ne s'intéresse qu'à une chose : culpabiliser l'occident, accusé en bloc de "judéophobie". En clair, l'occident serait victime d'un syndrome de retour du refoulé, affectant sa conscience; l'occident est judéophobe car il ignore qu'antisionisme signifie antisémitisme. Un tel mensonge révèle ce qu'est Élie Barnavi : un intéressant membre du service d'ordre idéologique de Tsahal, cette armée exemplaire qui tue les palestiniens via ses F16 et leurs missiles, histoire d'expliquer —par des méthodes appropriées— ce qu'est la démocratie israélienne !

Élie Barnavi est peut-être moins con que les abrutis sionistes, sectateurs du rabbin Kahane et autres éradicateurs messianiques, mais sa démarche est tout aussi perverse. L'âme européenne serait contaminée par une anomalie pathologique, celle qui consiste à dénier au juif le droit de vivre : l'antisionisme.

Mensonge vulgaire pour quelqu'un qui prétend analyser les tenants et les aboutissants d'un conflit dans lequel un seul des protagonistes a, bien sûr, raison : Israël, ce pays engagé dans sa lutte pour la survie.
La « guerre pour la survie », Sharon dixit, autorise bien quelques bavures. Face aux hordes de fanatiques meurtriers, engendrés par l'OLP, fanatiques, terroristes, islamistes : bref des arabes, ces fils de Caïn, maudits par la théologie juive !

C'est aller un peu vite en besogne. Selon le diplomate israélien, on en veut à l'essence même de l'État juif, qui ne tue les arabes —pardon, les terroristes— qu'avec une modération extrême. Israël est en état de légitime défense; certes, les palestiniens sont traités comme des chiens, mais, s'il ne s'agit que de chiens, tout est permis. Ainsi, Israël garde les mains propres, même si les soldats d'Eretz Israël sont souillés de sang. Et subissent à ce titre la vengeance de ceux qui, depuis trois générations, sont déniés dans leur droit à être et à exister.

D'où vient le terrorisme ? D'où vient le désespoir de ceux qui n'ont plus rien à perdre, abandonnés de tous ? En 1948, 700 000 palestiniens sont expulsés; 300 000 en 1967. Sans parler des massacres perpétrés. Sabra et Chatila (1982), ça vous dit quelque chose ? Israël récolte les intérêts de ce qui a proliféré de son fait : la haine totale.

Rien qui inquiète Élie Barnavi, qui préfère se draper dans sa bonne conscience d'humaniste de choc, nourrie sans doute des sublimités bibliques. Ici, le mensonge policier se double d'un mensonge brutal. Pour ce défenseur des valeurs universelles incarnées par l'État juif :

« Une civilisation qui a perdu le respect des morts est guettée par une décadence. L'humanitaires dévoyé est une forme de fascisme sournois. Or, le fascisme, c'est d'abord la manipulation de la parole. » (Libération, 10/04/02)

Beaucoup de contre-vérités en peu de mots ! en bref, les "progressistes" qui osent critiquer l'entité sioniste sont sinon des "rouges-bruns", du moins leurs complices ! En résumé, selon Élie Barnavi, l'antisémitisme est partout. Propos quelque peu stupides mais qui ne sauraient déplaire à ceux qui assimilent les palestiniens à des meurtriers qu'il faut exterminer, ou expulser en masse !
Élie Barnavi oublie juste un détail : avoir été opprimé massivement —ce fut le cas des juifs— ne donne pas le droit à l'État juif d'être lui-même un oppresseur de la pire espèce. Mais, ce genre de question, un moraliste comme Barnavi ne saurait en aucun cas se la poser ! Pour cause d'oubli "sournois", sans doute…
   

 

Vlad
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