BDM

Contre le vote « utile ».
Le 18 mars, restez chez vous !

  bdm  Le 17 Mars 2001.
 

 

e vais faire l'hypothèse hardie que si vous traînez sur ce site c'est que vous vous sentez, allez, disons, un peu « de gauche » ; et m'adresser ici uniquement à ceux d'entre vous qui caressent encore une étrange croyance en l'utilité de la délégation de pouvoir par voie électorale.
Disons aussi que, le 11 mars 2001, vous vous déplaçâtes, aveuglés par cette curieuse mythologie, et déposâtes votre obole dans l'urne sacrée au bénéfice d'une liste « citoyenne », d'un quelconque « gauchisme », verte ou communiste —ce que les stipendiés publicistes et politistes nomment un « vote de témoignage »—, ou, plus curieux encore, sociale-libérale (non, ne rougissez pas, cela arrive dans les meilleures familles, même dans la mienne, tiens !).

Mon conseil pour demain —et tous les autres jours similaires— est le suivant : demain, amis, restez au lit !
Ne jouez pas les supplétifs électoraux des « sociaux-libéraux » et de leurs cache-sexe « pluriels » ! Ils se sentent déjà propriétaires de votre expression politique, vous êtes si « raisonnables », allez « battre la droite » (la droite efficace, c'est eux !) dans un bel élan de « front républicain » etc. Ils ne se donnent pas même la peine de donner un semblant de réponse à vos aspirations, tout occupés à glaner des bulletins de « centre droit » et des bourgeois,  « raisonnables » eux-aussi...

Plaçons-nous même ensemble dans une perspective « réaliste » et « réformiste » —une fois n'est pas coutume— et « calculons » un peu votre vote à l'aune de certaines perpectives honnêtes que nous partageons peut-être : alors, demandez-vous si le notable réformiste local a été oui ou non, au cours de sa brillante carrière, aux côtés des expulsés, des sans-papiers, des licenciés par charrettes, des délogés et des mal-logés ; s'apprête-t-il à protester lors de la fin de la « trêve hivernale » des expulsions de logements, a-t-il été complice des manipulations guerrières dans le Golfe, contre la Serbie, réclame-t-il qu'on cesse d'anéantir les irakiens par la faim, de soutenir les massacreurs de Palestine, d'armer ou d'accueillir les tueurs des populations du Tibet, du kurdistan et d'autres terres exotiques ?

Votre tête d'œuf indigène ne s'affiche-t-il pas avec les exploiteurs locaux, les économistes « libéraux » (il en héberge sans doute une poignée sur sa liste ou son comité de soutien...), réclame-t-il la destruction immédiate des désolantes zones commerciales, a-t-il tenu tête aux viandards locaux, aux productivistes agricoles ? Est-il sur le point, oui ou non, de couvrir votre territoire de caméras de surveillance et de flingueurs municipaux, la bouche emplie d'"insécurité", de "sûreté", d'"incivilités", de "tolérance zéro", de "responsabilité parentale" ?

La vraie manière de peser « à gauche de la gauche » n'est pas de s'aligner en rangs de couillons devant l'urne en braves petits soldats contraints et forcés enrôlés sous la bannière des sociaux-traîtres ; si vous héritez des cocus électoraux un potentat de sous-préfecture qui craigne, de "droite" ou de "gauche", combattez-le dans la rue en manifestant, tractant, en débattant sans cesse etc. Ne vous abandonnez pas pieds et poings liés au motif de je ne sais quels « périls » ; vous verrez que si les « reports » attendus ne s'effectuent plus, votre voix —véritable et non de papier— sera davantage entendue.