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Blah-Blah |
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L’intergroupe
des purulences |
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Bruno
Deniel-Laurent. |
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1999, souvenons-nous : « Droite, gauche ! Droite, gauche ! En avant ! », Pasqua rêvait du grand Pôle, il se voyait déjà le rassembleur des mythes français, le cavalier des quatre canassons de la moisissure patriotique — L’Unité nationale ! L’Homme providentiel ! la Nation en danger ! L’Ennemi intérieur ! Mais casserolé sur sa droite, flanqué d’une cohorte d’ex-gudards et de barbouzes méridionales, le gros porc à l’accent chantant n’a pas convaincu les pleutres, et personne ou presque n’a répondu à son coup de trompe. L ‘échec de la manœuvre n’a rien de surprenant : les réacs de gauche, déjà conspués par les appareils, auraient été bien bêtes de se carboniser, et les réacs de droite en quête de respectabilité se sont dit qu’il suffisait d’attendre un peu, que l’Appel viendrait bientôt d’horizons moins chargés... 2001 : « Ce n’est pas la droite, ce n’est pas la gauche, c’est la République qui entre en campagne ! Chevènement président ! ». La farce présidentielle exige son troisième homme — concept à la mode —, elle l’a trouvé, ce sera le « Che ». Communistes « critiques » et royalistes-républicains, médiologues et mariannistes, Cercle Saint-Just et NAR, les rancissures se reconnaissent, s’assemblent, et confortées par les sondages, elles se surprennent soudain à rêver. Pire que Chevènement, ce sont les chevènementistes, et les nouveaux venus sont encore les plus insupportables : Bigeard et son béret de parachutiste, Dutourd et ses saillies de fin de banquet, les époux Aubrac, François Taillandier, Poujade ! oui, Poujade lui-même, le parrain politique de Le Pen ! Ajoutons à cette improbable cohorte quelques archéo-gaullistes, deux ou trois bolcheviques égarés et on a là une des plus belles hardes de vieux cons que la France ait porté depuis des lustres. Sans doute même peut-on donner raison à Bernard-Henri Lévy — une fois n’est pas coutume — lorsqu’il discerne dans cette engeance « pêle-mêle, la crispation nationaliste, les nostalgies identitaires les plus bizarres, la haine de l’Allemagne, celle de l’Amérique intérieure, la méfiance très scrogneugneu à l’endroit du libéralisme et de la culture démocratique, une certaine fascination pour l’ordre ; bref, un vrai concentré de maurrassisme ». Les maurrassiens, justement... Ils sont soudain des dizaines à rejoindre le Boulanger de Belfort, prêts à toutes les circonvolutions pour camoufler leur ignominie passée, jubilant de se retrouver enfin du bon coté du manche. Le fennec Renouvin (Nouvelle action royaliste), passé depuis longtemps de l’extrême-droite au centre-gauche, doit se poiler en voyant arriver dans le morutier chevènementiste quelques nouveaux transfuges de l’Action française — décontaminés par leur passage au RPF ou à Immédiatement — et notamment le gracile Sébastien Lapaque qui l’avait pourtant copieusement rondiné dans le numéro 13 de la revue maurrassienne Réaction : « La rééducation politique de Bertrand Renouvin s’est faite en deux temps. Par chacune de ses prises de position, il a d’abord dû faire savoir qu’il n’y avait plus la moindre virgule dans ce qu’il écrivait qui fût inspirée par Maurras. Pour gagner auprès des puissants ne serait-ce qu’un strapontin, il faut savoir rompre avec les maîtres infâmes. (...) Régulièrement, un intello-flic vient d’ailleurs lui rappeler ses origines politiques abjectes. Souvenons-nous d’Alain-Gérard Slama, faisant récemment encore de Bertrand Renouvin le continuateur d’Edouard Drumont, de Maurice Barrès et de Charles Maurras (...). Après vingt d’ans d’efforts, dix manifestations antiracistes, cinq fêtes des Potes, et vingt reniements, il est dur, très dur de se faire envoyer cela à la figure (...). Il s’est donc prêté sans plus de résistance à la deuxième phase de sa rééducation. Ne plus se réclamer de maîtres interdits, ne plus prétendre contester quoi que ce soit (...). Alors, il s’est soumis ; extérieurement, mais surtout intérieurement ». Il serait plaisant de savoir à quel niveau de « rééducation politique » s’est plié le redresseur de torts Sébastien Lapaque pour se faire accepter par ses nouveaux amis. On se doute qu’il doit hésiter à se réclamer de Charles Maurras le « maître interdit », maintenant qu’il déguste ses petits fours en compagnie de la gauche de la gauche ; quant à savoir s’il est désormais « soumis intérieurement ». Gageons en tous cas qu’il doit lui être « dur, très dur » de se reconnaître aujourd’hui dans le portrait du renégat qu’il savait si bien dessiner à l’époque…
1. Le « Che » n’a pas hésité dans l’un de ses meetings à déclarer que « Le mouvement ouvrier rencontra la nation à travers les communistes dans la Résistance et pour la Libération ». Singulier raccourci historique : faut-il rappeler que le Parti communiste français prenait à cette époque ses consignes à Moscou, et qu’il ne se battait pas « pour la France » mais plus précisément « contre un ennemi de l’Union soviétique » ? |
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