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« a
sociologie est un sport de combat" ». Beau titre. Film
hélas affligeant !
J'avoue ne rien comprendre au parti pris de montage de Pierre Carles.
Deux heures vingt, c'est se donner le droit de s'affranchir des contraintes
du format TV de 52 minutes, de développer une pensée complexe, d'éviter
les petites phrases ... bref de faire un vrai travail d'enquête.
Au lieu de ça, Bourdieu débite des banalités (les filles apprennent
mieux parce qu'elles sont plus dociles, du latin docilis qui
veut dire « qui apprend bien » !!!
deux fois !) au cours d'interviews complaisantes (« Êtes-vous
macho Pierre Bourdieu ? » « Oui,
un peu comme tout le monde » ...), fait le méchant
avec son assistante (elle est chiante mais on s'adore), morigène ses
disciples (trop long ton texte coco ; allez mon petit Loïc,
fini de jouer, faut faire des livres maintenant, le temps passe),
voyage en avion, en train, en voiture (pas en bateau), donne des conférences
sur la peinture (passage sublime où on pourrait croire qu'il
est devenu besogneux prof d'histoire de l'art), plaisante avec ses
collègues (l'indice Mickey, ouaf ! ouaf !) et écoute,
gêné, les déclarations de ses admiratrices !
Le pire, c'est que comme à la télé, il est coupé quand ça pourrait
commencer à devenir intéressant. Mais Pierre Carles est malin : c'est
toujours Bourdieu qui dit « Bon, là, allez, je m'arrête,
ça va devenir trop compliqué » (au moins 5 ou 6 fois !).
Qu'est-ce qu'il veut nous dire Pierre Carles?
Que bourdieu est un homme comme les autres, pas si compliqué au fond
et qui est même capable de dire des gros mots, et que sous ses airs
bougons, il est bien gentil ? Si c'est ça on n'en a rien à foutre,
comme dirait Bourdieu ! Ou alors qu'en trois mois d'enquête,
il a constaté qu'au fond Bourdieu n'avait rien à dire ?
Une fois encore, Bourdieu s'est fait avoir au coin du bois, comme
à la télé ! Dans une scène extraordinaire, un café-resto bruyant
où on ne saisi qu'un dixième de la conversation, Bourdieu a
une révélation qu'il rejette bien vite : le film devrait
s'appeller « Ni vu ni connu, j't'embrouille ».
Reste la dernière partie du film qui justifie d'avoir pesté deux plombes
dans son fauteuil : la soirée au Val-fourré.
La dénonciation des « jaunes » n'est pas forcément
très élégante, mais c'est efficace ! Normalement, la sociologie
« sport de combat » ne devrait pas être utilisée
pour des coups bas (c'est Bourdieu qui le dit) mais c'est de bonne
guerre. Et là il a quelque chose à dire. J'me disais aussi ..!
À longueur d'interview, Pierre Carles nous fait le coup du
cinéaste maudit ! Il est juste mauvais.
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