Blah-Blah |
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À
Ignacio Ramonet |
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Daniel
Vivas. |
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’il
est un domaine où l’ordre social dominant colle fidèlement
aux tables de loi du capitalisme triomphant — appropriation
et marchandisation quasi-immédiate par les classes dominantes,
industrialisation de toute activité humaine, recherche permanente
de profit, exploitation systématique, règne du besoin
superflu, sélection et exclusion par le pouvoir de l’argent,
matraquage publicitaire où chaque classe sociale constitue
une cible de marché, etc. — celui de l’Internet
(précisons ici que sont inclus dans cette technologie ses infrastructures,
ses différentes formes d’accès et son contenu) représente
actuellement le moyen le plus sûr et le plus efficace d’assurer
à cet ordre social une existence et une préservation.
Revigoré chaque jour un peu plus par les clameurs et l’admiration
béates de vos amis citoyennistes, Internet, selon votre édito
du mois de janvier 2004, « a chamboulé des pans entiers
de la vie politique, économique, sociale, culturelle, associative…
Au point qu’on peut désormais parler, à propos de l’état
de la communication dans le monde, d’un « nouvel ordre Internet » ».
« Rien n’est plus comme avant » car « tout
continuait, quoique rien ne fût plus comme avant; c’était
encore plus comme avant, car il y avait en moins l’illusion d’un après »
(2)
Voilà ce que l’on pourrait rétorquer au flot incontinent
de vos fadaises progressistes. Mais vous prophétisez sous la
caution des statistiques tristement célèbres du PNUD,
sur la sempiternelle fracture numérique : « Deux
chiffres résument l’injustice : 19 % des habitants
de la terre représentent 91 % des utilisateurs d’Internet
(…) Si rien n’est fait, » proclamez-vous, « l’explosion
des nouvelles technologies cybernétiques décrochera
définitivement les habitants des pays les moins avancés,
et en particulier ceux d’Afrique Noire (à peine 1 % des
utilisateurs d’Internet, dont très peu de femmes) ». En attendant que proposez-vous ? À l’instar de votre Taxe Tobin, du vent, rien que du vent : « Ne faudrait-il pas lancer, tout de suite, un formidable plan Marshall technologique ? ». Proférant de telles conneries, vous voilà définitivement « transform(é) en animal humain comme on est en réalité au regard de l’économie toute puissante. Il y en a donc pour déclarer aimer cela, pour s’exalter d’être au nombre des animaux domestiques de ce maître-là. » (4)
NOTES : (1) Lire à ce sujet l’introduction pathétique que fait le Monde diplomatique dans ce même numéro de janvier 2004 au courrier d’un lecteur donnant son avis sur les pratiques publicitaires du journal. (2) Remarques sur la paralysie de décembre 1995, Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, Paris, 1996. (3) L’article mentionne au tout début qu’il s’agissait du premier sommet mondial sur la société de l’information organisé à la demande de l’ONU (4) Baudoin de Bodinat, La vie sur Terre - Réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes - Tome I, Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, Paris, 1996. |
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