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lheure
où je tape cette note, jignore quel sera le verdict du quatrième procès de
Jean-Louis Costes, dans deux jours (mercredi
22 novembre 2000 à 13 heures 30, devant la 11ème chambre de la cour dappel du
Tribunal Correctionnel de Paris, 1 boulevard du Palais, métro Cité, en haut du grand
escalier dentrée, petit escalier, 1er étage droite), pourtant il me semble acquis quau regard de
lhistoire cest lui qui aura gagné. Cette affaire, beaucoup moins claire
quil ne semble, en cumule au moins deux :
primo, une de
prescription sur Internet qui de toute évidence embarrasse tout le monde (cf.
lautre procès, de Carl Lang, du FN, contre le Réseau Voltaire);
secondo, une dintolérance à un moment donné & qui
dores & déjà sinscrit dans lhistoire au long cours de la
censure en France. Noublions pas quaprès je ne sais combien de procès,
luvre de Sade est en Pléiade, que les Chants de Maldoror sont
aujourdhui aux catalogues douvrages de littérature à destination des
collégiens & lycéens. Ces mêmes Chants de Maldoror dont il y a
quelques années encore on me contraignait à interrompre létude auprès
délèves de seconde, notamment, parce que Lautréamont appelait les femmes des «
truies », sans parler de ce professeur viré il y a quelques années pour avoir proposé
à ses élèves létude du poème dArthur Rimbaud : Nos fesses ne sont pas
les leurs...
« Truie », «
youpin », « pédale », « bougnoule », « pouffiasse », etc, sont des mots, des mots
grossiers, on le sait. Est-ce dire que lon sait leur emploi & le message auquel
ils vont être astreints ? Ce serait devancer les choses, ainsi que ces conseillère
dorientation & proviseur parvinrent, une dernière fois à censurer
Lautréamont, & en ce cas ce sont les dictionnaires mêmes quil faut poursuivre
en justice. Les mots veulent tout dire & rien dire, cest ce que lon
découvre à lécole quand on apprend à lire, cest-à-dire que
limportant ce nest pas le lexique mais les liens, la syntaxe, les agencements
et partant le message.
Ainsi, quel sens
ont, hors de tout contexte syntaxique, les infamies de Jean-Louis Costes ? Et
surtout quel est le contexte, lenvironnement syntaxico-idéologique, le message, de
Jean-Louis Costes ? Les FN, GUD & autre UNI qui, sils le pouvaient, le
zigouilleraient bien au coin dun bois ? La syntaxe Costes est celle dun mec nu
& passablement isolé qui se le fout au cul, comme on dit (des saucissons, littéralement ! ainsi que depuis Magritte les
saucissons ne sont plus des saucissons),
& pas que dhier, pour toute réfutation.
La
réfutation de Jean-Louis Costes est celle dun « artiste marginal », dixit le Réseau
Voltaire. Mais il ne faut pas oublier que la marginalité, lhistoire de la
marginalité de Jean-Louis-Costes, est aussi notre marginalité, & notre histoire, à
nous artistes & poètes indépendants, elle lui appartient de plein droit & nous
nous en réclamons comme de notre indépendance foncière. Jean-Louis Costes parle pour
nous. Le paradoxe est quau plus il est abandonné à lui-même au plus il gagne,
& au plus il gagne au plus sa réfutation devient forte. Jajoute que ce
nest que justice. Le reste est sur http://costes.org.
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