net- critique | ||||||||
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| Mondo zero. | |||||||
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C’est ce qui fait le charme, bien sûr, et aussi ce qui provoque la chute. On peut toujours prétendre que ça n’a pas d’importance, et les gens regardent les webcams des autres et puis après se moquent de Stacy qui s’est suicidée. Le plus troublant ce n’est pas l’image du suicide de Stacy c’est plutôt cette image du flic noir qui repousse le rideau de la douche. Cette image qui était sur un autre site encore, mise là par un type qui regardait comme tant d'autres les images de Stacy en direct, cette image qui a disparu maintenant quelque part dans l’accumulation des pages des gens qui ont un avis sur le suicide de Stacy, une cam girl. Mais cette image comme toutes celles du suicide sont la propriété de Livejournal. De toutes façons, je l'ai vu cette image du flic, ce n’était pas la même douche, ce n’était pas la même caisse à litière pour chats. Le flic lui y était saisissant de vérité, cam cop parfait et bien réel, la preuve du suicide de Stacy puisque lui il ne la trouve pas derrière le rideau de douche et il reste figé désormais dans l’attitude du vrai flic du monde réel qui nous en protège paradoxalement. On est là dans notre supermarché géant comme si c’était tous les jours samedi et qu’on avait mis nos plus beaux habits pour se balader dans les allées, une transformation pas plus triste qu’une autre, éperdue. On choisit sa peau dans les étalages et on présente ses amis, on s'achète des trucs en ligne. On a confiance. Il n'y a que ça à faire. Je ne parle pas de moi. Il s’agit uniquement de vous. Vous, vous, vous, vous : toujours vous. Vous avez remarqué ? Je reçois un mail de Sylvie Gagné qui s’appelle 13 Juin 2001. Puis je reçois un mail de Anne-catherine Bransteder qui s’appelle rally. Danick Trottier m’envoie les dernières paroles de Nietzsche, Benoit Deguire, Control de ses émotions. Je reçois tout ces mails qui me sont transmis par un virus bien plus intelligent que les autres, j’ai très envie de cliquer sur le rally.zip.zlg d’Anne-Catherine Bransteder mais Sylvie Gagné je ne sais pas trop. J’ai envie de cliquer sur le rally.zip.zlg parce que j’ai subitement envie de me perdre avec Anne-catherine Bransteder que je ne connais pas plus que Sylvie Gagné ou les autres, de me plonger dans l'infestation qui m'est proposée ainsi, une auto-destruction qui me révèlerait moi-même. Qui sait ce qu’il adviendra de nous tous si je pouvais lire le cr-dx5rp de SiengMaxime ou le siècle des lumières de Julie-Stéphanie Tremblay ? Je ne clique pas dessus et je sais que ce n’est pas la peine de leur écrire, qu’il n’y aura pas de réponse satisfaisante. Juste des excuses envers cette intrusion, j'en ai reçues de ces excuses, le plus souvent très énervées comme quand on est surpris en mauvaise posture. Une incompréhension de la beauté de ce virus là qui précise toujours très poliment : I send you this file in order to have your advice. Un agent intelligent qui me demande mon avis, un entremetteur. Oui, bien sûr, c’est ce que nous voulons tous ici : un messager qui nous fasse sortir de nous-même et publie nos pensées à des inconnus qui peut-être s'y reconnaîtrons et nous aimerons. Mais en réponse, après avoir succombé au plaisir de la possession des fichiers d'un autre, je n'aurais comme récompense que ma propre maladie et la diffusion de mes propres fichiers, perdus dans le vide de l'incompréhension et de l'énervement. Le virus n’est pas encore assez intelligent mais ça va venir. J’attends le bon virus pour révéler ma véritable personnalité au monde entier, il suffira de cliquer dessus et voilà. Je n’aurais plus de disque dur, je n’aurais plus rien, je serais moi, entier infesté pour vous. Allongé dans la baignoire, j’écoute le dernier album de Ash et il se passe ce qui ne se passera jamais sur internet. Je te rends ta robe de mariée et tu nous as annoncé que le chat est mort, alors il se passe que la musique permet que ça s’écoule furieusement et que ça déborde de partout, que ça explose tout dans la salle de bain, que le monde existe réellement. Que ça déborde et qu’on ne se connaisse pas plus pour autant. Je plonge la tête dans l’eau, j’en ressors les mains sur les yeux, beaucoup plus moi qu’avant. Je m’essuie, je vais voir, j’ai reçu un mail. | ||||||||