frédéric | ||||||||
madre | ||||||||
| À nos faux amis. | |||||||
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n a de ces habitudes compulsives que lon ne sait plus réprimer et qui finalement nous épuisent, de ces trucs que lon répète encore et encore, sans savoir pourquoi, en se disant à chaque fois que cest mauvais pour moi et que demain, jarrête. Alors, je lavoue, je lis régulièrement les articles dUzine2, les discussions sur altern.org ou les communiqués dIris, les interviews dans Libération, et je suis tous les liens du Portail des (feux) copains. Je lavoue cela ne mapporte aucun plaisir, si ce nest pervers, et finalement ne fait que détruire mon moral, pourtant nourri despoir, à petit feu. Non pas que jen ai quoi que ce soit à faire du web qui se dit indépendant, alternatif ou non-marchand en tant que tel comme je nai rien à faire du monde de lart auquel on mattache malgré moi et que je maudis. Non pas que jen ai encore quoi que ce soit à faire, me dis-je, et pourtant jy reviens toujours. Cest sans doute ce qui fait pas mal de cette nonchalance maladive, que les personnes qui sexpriment ici car cest malheureusement devenu une affaire de personnes et plus (jamais ?) didées se soient établies en hérauts dun truc auquel je participe, auquel le site dans lequel jécris là participe, auquel tous ceux qui réalisent leur webzine dans leur coin participent, une frange particulière de ce truc là, une frange que lon aurait aimé appeler de gauche. Un truc dont, pour le coup, jai beaucoup à faire. Ah, la gauche. Oui, je me fais du mal encore un fois et cest là le fond du problème, la gauche qui nest quun ramassis de bons sentiments inaboutis et de concessions perpétuelles accordées à des amis éternellement irréprochables, canonisés à jamais. Sur le web comme partout, les icônes de notre combat nous représentent qu'on le veuille ou non, elles ont au moins acquis auprès de nous une valeur historique que nous respecterons toujours. Mais les faits sont plus têtus quun lord-maire et les évidences saccumulent à un tel point quon peut mesurer les paroles à la pratique : Quand le maître du Minirezo feint de découvrir subitement que lhomme-moderne a mis en ligne les piquants dialogues (anonymisés) de la CPML refusant de soutenir Costes, entraînant de ce fait lexclusion lente et douloureuse de lhomme-moderne et apportant ainsi sa modeste pierre à la dissolution de la CPML, il se disqualifie comme penseur/fédérateur du web indépendant et, en même temps, il renforce la position d'Arno*, éminence grise de sa propre indépendance. Quand altern.org ferme son service dhébergement gratuit afin dobtenir le soutien forcé des masses dhébergés qui forment l'assise de son commerce, et ceci à deux reprises, il se disqualifie objectivement comme soutien logistique du web alternatif tout en assurant à Valentin Lacambre une aura irraisonnée qui dépasse encore et pour longtemps le cercle de ses simples clients. Quand IRIS, prise de panique devant les blagues amusantes et avatardes du rigolo Sagwarum sur sa liste de discussion, bloque cette liste pour la rouvrir quelques semaines plus tard en version modérée (comprendre censurée), elle se disqualifie comme porte-parole de linternet non-marchand et solidaire mais démontre l'autorité de Meryem Marzouki sur ses troupes, autorité qu'il ne restera plus qu'à officialiser dans la république. Quand Uzine2, plate-forme de discussion ouverte, censure les propos dun type dont on découvre sur le tard laffiliation au GRECE au seul titre de cette appartenance, ils se disqualifient en bloc comme exemple de la liberté dexpression sur internet tout en démontrant, faut-il croire, collectivement leur appartenance au grand peuple brouillon de la gauche. Nul nest besoin den rajouter (oui, il y en a dautres comme ça), mais toutes ces choses mises bout à bout dépeignent une image bien différente des discours ronronnants et vides. Ça saccumule, cest fait de tous petits riens, amplifiées par la presse ou laissées habilement de côté ces choses là sont notre histoire. À ce titre, laffaire Costes est particulièrement emblématique. Je me souviens du refus total de défendre cet artiste pourtant clairement innocent et je me souviens des arguments terribles des uns insinuant quil fallait préserver nos intérêts, notre respectabilité, en ne défendant pas Costes même si il avait raison. Je men souvenais dautant plus fort en voyant les défenseurs défaillants se pavaner en Oui, le problème de la gauche et de linternet dont on parle ici est bien celui-là, labsence de cohérence dans le discours et les actes politiques, labsence de vision du monde, labsence dobjectifs refondateurs de la société, labsence de théorie idéologique, de conscience de classe, en somme. Le mouvement brownien des même petits concepts vides aux noms ronflants et si fédérateurs (solidaire, alternatif, indépendant, etc.) est un leurre dangeureux lorsquil nest pas associé à une pensée radicale plus profonde et, surtout, lorsqu'on n'est plus capable d'expliquer ce qu'ils veulent dire. Alors, grâce à cette respectabilité acquise contre la liberté et non avec ou pour elle, grâce à cet engagement feutré et respectueux éprouvé au gré d'entrevues parlementaires ou ministérielles auxquelles on participe avec les patins sur les chaussures, grâce à cette capitalisation dimage rassurante, que grâce à tout ça, et aussi à pas mal de notre négligence, ceux que nous avons cotoyés ou épaulés deviennent les gardiens du stade dans lequel nous chanterons, mais pas trop fort et après autorisation préalable, les restes de nos utopies, ce nétait que prévisible. On aurait dû être plus précis et plus durs avec nos représentants, qui finalement ne savaient pas forcément ce quils disaient ou nous laissaient penser qu'on avait bien compris ce qu'ils défendaient. Mais, voilà on sattriste un peu quand même de voir linnocence des uns sécraser contre la rouerie des plus anciens, on sattriste un peu de devoir se mêler de ça car finalement on a pas grand chose à voir avec, si ce nest une illusion partagée un moment, si ce nest des insultes quon a laissé passer au nom de lunion, si ce nest un très vague et très lointain sentiment de possibilités dactions communes, si ce nest le désir quon pouvait avoir de faire autre chose sur internet que reproduire les fonctionnements dune société que, finalement, on préfèrerait détruire, plutôt que dy rêver à des amitiés feintes et déprimantes. Alors demain on arrête, les amis. | ||||||||