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LETTRES DOCUMENTAIRES
   

 
     

Philippe Billé

Journal (55)

 
 

Philippe Billé
Lettre documentaire 348. Pessac, mars 2001.

  
 

  

’historien Marc Bloch recommandait la biographie de saint Séverin de Norique (soit d’Autriche) comme document montrant ce qu’était la vie à l’époque des grandes invasions barbares. La Vie de saint Séverin, écrite en 511 par le moine Eugippe (Eugippius) est disponible en édition bilingue latin-français (Editions du Cerf, 1991). Si ce livre est un bon document, autant dire que nous ne savons presque rien des invasions médiévales. On y apprend fort peu sur le sujet, mais on a quelques aperçus sur le désordre, l’insécurité générale, et aussi sur la complexité des situations: des groupes de barbares sédentarisés servant parfois d’appui, plus ou moins fiable, aux troupes régulières, contre les nouvelles vagues d’arrivants. Quant à l’hagiographie elle-même, si elle est belle comme un vitrail, elle n’est pas d’une philosophie très consistante : ces miracles à la pelle, ces catastrophes prévenues ou réglées par la seule prière, sont à dormir debout.

 L’article de Garcia Marquez sur Brassens publié dans la LD 346 n’est pas un chef d’œuvre littéraire mais un texte journalistique assez banal. Je l’ai traduit pour le plaisir que je trouvais à cette rencontre inattendue entre deux écrivains que j’aime bien mais qui sont très éloignés par le style et la géographie. Je précise que les trois chansons auxquelles il est fait allusion datent respectivement de 1972 (“Mourir pour des idées”), 1957 (“Les lilas”) et 1956 (“Le testament”).

 Un livre auquel les humanistes de Libération et du Monde consacrent deux pleines pages pour nous dissuader de le lire, ne peut pas être tout à fait mauvais.
L’industrie de l’Holocauste : réflexions sur l’exploitation de la souffrance des Juifs, par Norman G Finkelstein (La Fabrique, 157 p) est même assez instructif.

 Trilogie moderne : Gras, Italique, Souligné.

 Un matin à 8 heures, je sors allumer une clope devant ma porte. Là dessus, à ma gauche, mon nouveau voisin sort de chez lui pour partir travailler. Comme c’est seulement la deuxième fois que je le rencontre, je me sens très obligé de lui dire quelques mots. En même temps, à l’extrême droite de mon champ visuel, j’aperçois qu’un oiseau se pose dans la haie. Je tourne les yeux une seconde, c’est une fauvette à tête noire, et je reviens aux salutations.

 Le charisme rayonnant de José Bové tient sans doute à l’harmonie parfaite des divers traits du personnage : grosse pipe, grosses moustaches, grosses guibolles et grosses idées.

 À l’heure où nos antiques provinces ne sont plus que des “régions”, la parution du Dictionnaire des pays et provinces de France, de Bénédicte et Jean-Jacques Fénié, aux éditions Sud Ouest, arrive comme un réconfort, pour ne pas dire une consolation. Cet ouvrage de référence recense et présente, sur quelque 350 pages, pas moins de 546 territoires traditionnels. Sur un point qui m’est cher, cependant, je reste sur ma faim. Je n’ai jamais bien su distinguer, en Charente-Maritime, les limites de l’Aunis et de la Saintonge. Je m’étais ouvert de cette question au regretté Louis Desgraves, la seule fois où il m’a été donné d’échanger quelques mots avec lui, lors d’une rencontre fortuite à la bibliothèque municipale de Bordeaux. S’il est vrai, lui avais-je dit, que “la Charente délimite les deux provinces”, Aunis au nord et Saintonge au sud, comme vous l’avez écrit dans Connaître la Charente-Maritime, comment ma ville natale de Saint Jean d'Angély peut-elle être saintongeaise, si elle est située sur la Boutonne, affluent nord de la Charente? Ce partage ne vaut que près de la côte, m’avait-il répondu, sans plus d’explications. Or le mystère s’épaissit quand je lis dans ce dictionnaire que l’Aunis comprendrait, entre autres cours d’eau, la Seudre, la Seugne et le Né, qui tous coulent au sud de la Charente. J’en suis à me dire que le flou géographique est peut-être ce qui fait l’essence de ces charmantes contrées.

     

   

Philippe Billé

Philippe Billé
   

  
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