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epuis que les créateurs de start-ups,
net-entrepreneurs en tout genre et accrocs de la bourse monopolisent l'antenne, on a
tendance trop facilement à leur décerner sans réfléchir la palme des prétentieux du
jour, ce qui de suite exclut du concours les (nombreux) autres prétendants.
Pourtant, il suffit de lire les quelques pages
consacrées aux concerts ou sorties de disques de musique dits « classiques »
(que ce soit dans Télérama ou dans Le Monde), pour se rendre compte
que ces tristes sires méritent leur place au panthéon des bouffis d'orgueil. Le pire
là-dedans, est sûrement le public : ramassis de bourgeois défraîchis, qui ne
supportent plus leurs gosses et leur voisinage, et écoutent du classique au seul motif,
que c'est « la seule musique qui me repose et me fait voyager ».
Ce qui me déprime le plus là-dedans, c'est que la
bourgeoisie d'aujourd'hui se sente obligée pour se divertir les esgourdes, d'écouter un
brouet créé pour la bourgeoisie d'il y a deux siècles et plus. En effet, quelle
différence majeure peut on trouver entre les uvres de commande réalisées pour des
curés et têtes couronnées diverses par des Bach, Beethoven,... avec Céline Dion ?
Aucune. Les deux ont été réalisées pour plaire au goût de la majorité de l'époque,
selon des critères où la recherche artistique est nettement en retrait par rapport au
bénéfice matériel, direct et concret que les auteurs vont retirer de leurs forfaits.
Hier, les faveurs du Prince, aujourd'hui les disques d'or, les passages TV et le POGNON.
Donc, une grand part de cynisme, si vous me suivez
bien. Une grande part de professionalisme, il faut bien l'avouer aussi. C'est bien fait,
c'est efficace, on ne peut pas leur reprocher de rater leur cible. Mais l'art
là-dedans ?
Ça me rappelle la manière dont la musique était
enseignée quand j'étais petit. Et oui, à cette époque je voulais jouer de la guitare.
Ma mère, pleine de bonne volonté, s'était renseignée auprès d'une école de musique.
Bilan : deux ans de solfège avant de toucher un instrument en vrai !
L'esprit punk n'avait manifestement pas soufflé sur ma banlieue reculée. Inutile de vous
dire que ma réaction, rapide a été de dire : non. Pourquoi aurais-je dû me
taper des heures de technique insipide, au risque de me dégoûter à tout jamais de la
musique, ou pire encore, me retrouver un samedi en queue-de-pie, à faire le singe savant
devant une assemblée de vieillards sentant la naphtaline ?
J'en ai vu pourtant depuis, des premiers de la
classe, forts en maths et au piano, capables de jouer sur partitions les trucs les plus
invraisemblablement compliqués, mais incapable de reproduire à l'oreille un air stupide
qu'ils auraient entendus à la radio.
C'est pour toutes ces raisons que, depuis ma plus
tendre enfance, je déteste la musique classique.
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