l ne faut point parait-il souhaiter la mort des gens. Si l’on
veut. Mais certainement pas par amour du prochain. Plutôt que l’amour du prochain,
mieux vaut choisir l’amour du lointain. On y gagne. Si du moins on essaie
d’échapper à ce que Baudelaire appelait justement la « tyrannie de la
face humaine ». Et de sa bêtise. Cette bêtise qui constitue la meilleure caution
de la servitude volontaire —de l’ordre dans ses différentes
variantes : ordre théocratique, ordre moral, ordre social. Rien que ce
mot —l’ordre— nous donne envie de vomir. Nous préférerons
toujours revendiquer le côté obscur de l’être, celui où il puise ses
forces —à commencer par celle de dire non— au côté prétendument
solaire, rationnel, logique. Dionysos contre l’ordre apollinien.
Le mysticisme de bas étage qui infecte notre époque nous
semble assez nauséabond mais il nous plaît de préférer la nuit au jour,
l’extrême au médiocre, le déchirement à la quiétude rassie des petits bourges,
à leur moralisme étriqué, à leur pensée molle prête à tous les compromis et à
toutes les compromissions ; à l’hypocrisie du double discours si bien
analysée par Sciascia ; bref à l’horreur médiocre qui constitue
l’univers mental des classes moyennes ! Haine du juste milieu, de cette
somme d’hypocrisie, de mensonges et de lâchetés, de calculs sordides qui
s’impose comme norme ! Alors c’est ça vivre ? Ne
t’inquiètes pas connard, tu perds ta vie à la gagner ! Et si en plus tu
es heureux c’est que tu as bien compris le message : reproduire la voix de
ton maître !
Vieux con ou jeune taré, l’âge n’y fait
rien ; le vieux con se la joue nostalgique de Vichy et de sa sinistre
trilogie : Travail, Famille, patrie —avec l’option S.T.O. ou camp
de travail pour les asociaux—, le jeune taré se la joue clone, clone version Just do
it —Frime, Fric, Sigles et Griffes. Retournes au néant connard, ce néant dont
tu n’aurais jamais dû sortir ! Que ton nom soit Papon ou ton prénom soit
Jamel, tu possèdes en toi une inépuisable réserve de connerie. L'oppresseur et le
bouffon médiatique travaillent après tout pour le même
employeur ! L’État tue et les bouffons se vautrent dans leur propre
complaisance. Rien à redire. C’est beau l’an 2 000.
Souhaiter la mort des gens : dépense
d’énergie inutile. D’abord la liste des salauds est trop longue, cela prendrait
trop de temps. Et puis le poison des Borgia ou les pratiques des sorciers du Bush n’y
suffiraient pas ! La haine est quelque chose de trop précieux pour être
inutilement gaspillée ! Trop de légumes vivants, salauds, cons et hypocrites
ne se sont jamais remis des conséquences d’une liposuccion du cerveau. Cela doit
être génétique.
Saluons toutefois en ce 16 janvier la mort d’un salaud,
celle du milicien Arkan, salaud serbe et purificateur ethnique, tombé sous les balles à
Belgrade. Avec Arkan, c’est un peu de la saloperie humaine qui s’en
va —celle des maffieux, trafiquants, arrivistes, criminels, nouveaux riches,
profiteurs de la mort— et autres sous-produits de l’infra humain !
Arkan est mort mais trop de salauds restent en activité ; en Russie notamment,
avec le salaud en chef Poutine, immonde crapule résidu du K.G.B., digne successeur de
l’infect Eltsine. Ne nous faisons pas trop d’illusions, le néo-bourgeois russe
aime bien Poutine car il faut —d’une manière énergique
s’entend— remettre de l’ordre dans le pays ; éradiquer le
terrorisme. Le business a besoin du calme, cela ne compte guère. Bref, le retour à la
loi du knout, celle de la Sainte Russie autocratique et éternelle, autorise quelques
excès !
Après tout, il ne s’agit que de basanés, suspects de délit de sale gueule, bref
des tchétchènes ! Il y a juste un problème : l’offensive
finale contre GROSNY-la-terrible s’embourbe et beaucoup de cercueils en zinc sont
rapatriés sur le territoire de la Sainte Russie —très mauvais pour la Russie
impériale— l’Empire s’embourbe et Grosny tient toujours.