Vlad : Rancoeur.
24/01/00

a ville, en cette fin d'année, c'était très chaud la nuit. Comme celle de Noël où —rien que de très ordinaire— quelques caisses avaient flambé dans deux districts périphériques. La caillera se bouge ! Mais pas au point de faire cramer des Mercedes, plutôt des 4L de prolos ! C'est pas demain que la T6 va craquer…
Pour arranger le tout, deux jours après, une tempête avait programmé son passage. Ouragan sur l'Hexagone. Pour une fois les Caraïbes n'étaient pas concernées…
Les media ont été remarquables. On a redécouvert que la Nature tue ; qu'elle n'était ni humanisée, ni plus ou moins « pacifiée » ; qu'elle nous réservait une dose maximale de violence. Comme si la Nature s'inquiétait de nos vies ! Ou s'en était jamais inquiétée. Elle tue, tout le temps. Mais plutôt dans le Sud. Et le Sud, c'est loin, pour les petits-bourges frileux de l'Hexagone !

Dans l'immédiat, l'inquiétude des bourges propriétaires monte au créneau. Celle des commerçants, artisans et autres, soucieux de leur sécurité et de leur chiffre d'affaires —sans parler de leur confort ! Bref, toute l'abjection des classes moyennes remise en cause par la violence des éléments. Atteintes intolérables infligées au Patrimoine ! D'où un déferlement d'émotions diverses, de propos fatalistes et d'apitoiement obligatoire. Relayés sur un ton très pro par les J.T.

Bien sûr l'État serait au-dessus de tout soupçon. Face au péril, où « la famille France » doit se serrer les coudes, pas de dysfonctionnements à signaler. L'État ne saurait être inefficace, sinon, à quoi sert-il ? Un peu de bon sens, que Diable ! Le défaitisme moral, sans parler de l'absence de sens civique engendrent le laxisme ! Ou même des attitudes criminogènes ! Serrez les rangs, bordel !

Les catastrophes ont cela de bon pour l'État : restaurer un sentiment d'unanimité dans la déploration du malheur. Déploration très profitable à l'État qui comme toujours encaisse les dividendes : encore plus d'ordre, de sécurité et de contrôle social —le tout sur fond d'obscénité consumériste.
Dégoûtant tableau de cette fin de siècle. Comme le disait Sade, ce génie, « Français, encore un effort si vous voulez être républicains ! » Deux siècles plus tard, force est de constater que l'effort a été minimal !

Pendant ce temps, 17 000 policiers seront présents dans les rues de New York —nuit du 31 décembre au premier janvier— avec pour objectif de contrer une offensive virtuelle du terrorisme. L'État se renforce. Ayez confiance dans les cellules anti-bug ! Confiance… Tu parles ! Comme nous pouvons avoir confiance dans la multinationale Total Fina !
Définition de Total : Total = Der Tod, c'est-à-dire organisation Tod négociant ses hydrocarbures à prix cassés. Avec le fret en transit sous pavillons de complaisance. Au total, la souillure pour 400 kilomètres de côtes. Total pue le fuel lourd, mais faites confiance à Total ; puisque ses experts ou son staff com. l'avaient prédit : « le fuel est congelé au fond de l'épave. Pas de seconde marée noire en vue. » Total fait dans la désinformation, puisqu'à ce jour l'épave crache ses résidus boueux.

Conclusion : Vivez Total en total coma !

Même si le réveil risque d'être dur ?

P.S. : les marées noires n'effacent pas le danger premier : la marée noire de la bêtise. Pour laquelle il est cependant des remèdes : ainsi, les derniers mots attribués à Goethe, « Mehr Licht… », plus de lumière. Ne pas l'oublier, on y reviendra !