Vlad : Dégâts.
29/02/00

’idiotie provinciale a encore frappé. Il est vrai qu’en la matière, l’Hexagone dispose d’une solide tradition : bêtise rampante, hargneuse, agressive; bêtise profonde résultant de l’étroitesse d’esprit, de l’hypocrisie, de la méfiance des bouseux pour tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à la modernité. La modernité c’est la ville et le plouc hait la ville : trop de mouvement, trop de bruit, trop de jeunes, trop d’idées surtout. Cela dérange l’idéal spirituel du plouc : le coma mental, la non-pensée. Penser ça fatigue. Et puis à quoi bon penser puisqu’il suffit, pour être heureux, de suivre les traditions. Après tout, Pétain dixit : « La terre, elle, ne ment pas ». Bonheur de se repaître, tel du bétail, des lieux communs, clichés et certitudes hérités d’une génération à l’autre. Avec en prime la nostalgie du bon vieux temps, d’un bon vieux temps où l’on vivait entre soi, sans la menace des allogènes et de leurs cultures !

Respect de l’Ordre surtout ! Tout ce qui perturbe l’ordre, tant au plan matériel que moral, a des relents sulfureux !
C’est beau la province : calme, silence, tranquillité; traditions et ruralité ! Un monde où il fait bon de s’encroûter; avec le couvre-feu dès la nuit tombée ! L’hypnose cathodique obligatoire ! Bref, la mort ou l’horreur au choix.

Quelque chose qui ressemble aussi au fascisme ordinaire —le plus dangereux—, celui qui imprègne les mentalités; oriente les comportements dans le sens de l’intolérance la plus extrême. Le fascisme ordinaire est le plus nocif car il est celui plébiscité par les soi-disant majorités silencieuses. L’autre fascisme —le fascisme historique— on s’en fout, car il est définitivement mort en 1945, dans les ruines de Berlin en flammes, avec Wagner en bande-son !

Quant au fascisme ordinaire, cette idiotie agressive, à forts relents pétainistes, Le Monde (22/01/2000) nous en livre un intéressant échantillon; à manipuler avec précautions, dans des conditions d’asepsie mentale ! Parce que cela pue —énormément !
Il s’agit en l’espèce des éructations d’un certain De Barbarin-Paquet, notable de province qui donne résolument dans le sécuritaire.

Ce défenseur de l’ordre rural et moral dénonce un nouveau fléau social : la techno-culture et ses jeunes déviants, les ravers. On ne résiste pas au plaisir de citer, car cela vaut son poids de bêtise !
« Que se passe-t-il dans une rave-party ? Il faut y entrer et y retourner quand elle est finie. Alors, on peut mesurer l’étendue des dégâts. Pendant, le bruit assourdissant, la drogue, l’alcool, l’ecstasy. Après, la saleté, les seringues, les capsules et les tonnes d’immondices qu’il faut enlever pendant plusieurs jours. »

Mais que fait la Milice s’angoisse notre pauvre notable ! Une rave-party c’est au minimum Sodome et Gomorrhe ressuscitées sur fond de techno ! l’Apocalypse, le stupre, la transe, l’excès, la déviance revendiquée ! La transgression des interdits ! Et j’en passe.
Suées froides sur l’Hexagone !
Notons au passage que pour l’édile en question, sans doute fan de Schubert, la techno n’est qu’un « bruit assourdissant ». Bel exemple d’ouverture d’esprit !

Traduisons en clair le discours du notable socialiste :
techno + transe corporelle + sexe + saleté = Décadence !

Il y aurait donc, en France, deux jeunesses.
L’une saine, digne héritière de ses abrutis de géniteurs, qui fait du sport, reste propre et polie, regarde les séries U.S. à la télé —une vraie jeunesse qui a confiance dans un avenir sécuritaire, aux couleurs socialo-libérales ! Cette jeunesse-là, celle de jeunes cons bien-pensants qui deviendront de vieux tarés résignés, notre notable l’aime sans doute bien ! Ses futurs électeurs en quelque sorte !
Mais pas l’autre, car il s’agit là de l’engeance du Démon, d’un ramassis de dévoyés, parfois même adeptes d’horribles rites tribaux comme le piercing ! Cette engeance, celle des sectateurs de la techno et autres musiques de nègres ou de sauvages ne mérite que l’opprobre ! D’abord, parce qu’elle ne pense pas à travailler mais à s’éclater. Pour oublier peut-être —mais notre notable ne le mentionne pas— à quoi ressemble le présent qu’on lui offre ! Le chômage ou des jobs de merde sous-payés ! Sans parler du futur ! Triste con de notable ! Socialiste de surcroît ! Les pires !

La techno est une contre-culture d’autant plus dangereuse que les animateurs sont insaisissables et, insiste lourdement notre notable, « de nationalité indéterminée ». Des métèques en quelque sorte !
On y arrive enfin : les rave-parties sont un complot téléguidé de l’étranger via internet ! Et qui ne vise rien de moins que la corruption de la jeunesse et à la défaite de l’ordre moral !
Ce que le plus crétin des admirateurs de Pétain, du FPÖ et des autres n’aurait osé dire, un social-nationaliste version hexagonale le fait ! La techno autoriserait des « dérives malsaines ».

Et ta connerie de notable rassis, bouffi de suffisance et de préjugés, de quelles dérives malsaines est-elle porteuse ? L’avenir ne ressemblera pas au passé que tu incarnes : un Ordre Moral aux couleurs de vomi !

P.S. : « Crèves salope, ta vie vaut pas cent balles ! » (C’est pas de la techno, mais comprenne qui voudra !)

[ Nota :

Christian DE BARBARIN-PAQUET :

Activités professionnelles

Exploitant Agricole

Mandats

- Maire de Vauvenargues
- Président de l'Union des Maires des Bouches-du-Rhône
- Président du Centre de Gestion de la Fonction Publique Territoriale des Bouches-du-Rhône
- Membre du Haut Conseil de la Cooperation Internationale
- Membre Conseil Supérieur de la Fonction Publique Territoriale (CSFPT)
- Président du Conseil d'Orientation et de Surveillance de la Caisse d'Epargne Provence-Alpes-Corse
- Président du Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts Plastiques (CIRVA) (Marseille)
- Vice-Président de l'Union Nationale des Centres de Gestion (Paris)
- Vice-Président du Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et d'Environnement des Bouches-du-Rhône (CAUE) (Marseille)
- Vice-Président de la Communauté de Communes du Pays d'Aix
- Vice-Président du SIVU du Massif Sainte-Victoire (Aix-en-Provence)

Fonctions antérieures

1968-1974 : Président Directeur Général de la Compagnie des Croisières Paquet
1974-1990 : Directeur Général Adjoint du Journal "Le Provençal"
1984-1990 : Président Directeur Général du Journal "Var Matin"

Autres activités

- Membre fondateur du Collège d'Echanges Contemporains de Saint-Maximin (Var)
- Membre Honoraire de la Fondation Européenne de la Culture (Amsterdam)

Ouf !!!]