Vlad : Mittleuropa.
01/03/00
« Le monde
nest habitable quà condition que rien ne soit respecté. » Voilà une
proposition lauteur importe peu dont il est nécessaire de
tirer les dernières conséquences. Notre relation au monde, quon le veuille ou non,
dépend de la norme éthique qui nous est imposée. Il serait licite daccepter la
norme, en raison de ses vertus intégratrices, et dangereux de la refuser; syndrome de
déviance en quelque sorte !
La norme sociale a toujours plus ou moins imposé le sacrifice de lindividuel au
collectif, le monstre communautaire, peu importe ses formes. Nous pensons ici à un des
géniteurs du conformisme moderne (Durkheim) et à ses analyses de la
« solidarité », quelle soit mécanique ou organique. En dautres
termes, la communauté se structure par la production de lInterdit, de la Religion,
puis de la Loi. Beauté de la sociologie et de son discours « neutre »,
aseptisé et si respectueux de lordre sociétal !
Mais quy a-t-il derrière la plus grande partie du discours
universitaire discours légitime car distributeur de sens sinon la
volonté docculter le fonctionnement réel su social et la violence qui
est au cur du social...
La règle, la norme, la loi jouent le rôle dinvariants; on ne remet pas en
cause les invariants, sinon il y a danger. Les penseurs dÉtat salariés ont
toujours sacralisé la norme, de Durkheim, idéologue humaniste et
« républicain » (ambiguïté du terme, on y reviendra) à Levi-Strauss,
dernier avatar décomposé de la pensée universitaire. Le culte de la norme et de la loi
simposent : il est nécessaire de respecter lautre, ses coutumes et
ses lois. Utilité de lintégration : respecter cest déjà
accepter.
Respecter quoi
au fait ?
La mort, les morts, les traditions; linterdit bien sûr; mais aussi, pourquoi
pas, la richesse et le pouvoir; liste non limitative...
Proposition
n°1 : ne respectes pas ce qui te nie.
Nacceptes pas ce qui te détruit. Ne donnes pas ton aval à ce qui te
tue ! À commencer par le culte des morts et de leur mémoire, ce sinistre culte
de la communauté organique, où la mort est héroïsée, avec une seule destination
possible : les cimetières ! Ne jamais oublier ce quont pu engendrer
les répugnants avatars du culte du sol et du sang ! Et à ce titre, ne pas
oublier un des principaux postulats du fascisme : lÉtat est tout et
lindividu nest rien. En conséquence, le seul « destin » de
lindividu serait de se sacrifier à la survie de lespèce. Sur ce terrain, le
XXème s. dans ses versions démocratiques ou fascistes, a mis en uvre un projet qui
porte un nom très précis, celui du darwinisme social. Il sagit dabord
dintégrer les déviants ou de les liquider. Que la mort soit brutale ou
soft, comme linjection de la dose létale à Huntsville (Texas), le résultat est le
même : nécessité de purifier la communauté de ses éléments
« étrangers ».
Remarquons à ce titre que la Gemeinschaft des nazis, fondée sur lélimination du
matériel génétique irrécupérable ne vaut pas mieux que la criminalisation
démocratique des déviants, de Skinner à lusage massif des drogues de confort.
Reste que lenjeu de tout cela est identique : la communauté se construit
dans le rejet de lautre et, cas-limite, sa liquidation.
Admirable méthode pour construire le consensus, cest-à-dire, faire accepter à
lesclave le discours du maître, même perverti ou dopé dévidences
« scientifiques ».
Remarquons aussi au passage que si les peuples acceptent ces discours cest
quils ont aussi les gouvernants quils méritent ! (cf. De La
Boétie). Mais nous, nous naimons pas la servitude volontaire !
Proposition n°2
(sous forme de question) : Quel est le point commun entre Joseph Gbbels et
Tony Blair ?
Question volontairement choquante, histoire de hérisser les socio-médiocrates !
Réponse : le propagandiste en chef du IIIème Reich a bien fait son sale
boulot, au service de limmonde, en utilisant toutes les ressources de la
bureaucratie rationnelle (merci à Weber) et dune technologie archaïque bien
quefficace (Radio-Cinéma-Propaganda).
Quant au propagandiste Tony Blair, il fait le même sale travail doppresseur, mais
au service dun socialisme post-moderne.
Question : quest-ce que le socialisme post-moderne ?
Réponse : la revendication dun monde où les lois du marché joueraient
à plein rendement. Avec leurs conséquences : travaillez beaucoup (pour que
dalle !) et fermez-la (ou on cogne).
La blairophilie cest du nazisme soft et clean. La flexibilité + un
contrôle social maximal = la troisième voie, en quelque sorte ! Avec
des alibis humanistes. Mais nous lhumanisme, on sen carre !
Proposition n°3
(toujours sous forme de question) : quelle est la différence entre Tony Blair,
démocrate dont la traçabilité est incontestable, et Jörg Haider, extrémiste ?
Réponse : différence de degrés, mais pas de nature. Dénominateur
commun : la volonté de faire le même sale boulot dans le cadre dune
démocratie oligarchique.
Dans le cas du premier, il sagit de rien de moins que de revenir à lépoque
des workhouses. Car le socialisme post-moderne peut être ainsi défini : les
workhouses du XIXème s. + les start-up; pour la plus grande gloire du
Marché !
Quant au second, le chantre de la communauté nationale-populiste, il manipule les masses
avec les mêmes techniques que le premier : sourire médiatique, image clean et
sportive, marketing politique, vide du propos, inanité du discours.
Conclusion : ne soyons pas injustes : nous navons aucune raison
de préférer les têtes de veaux blairophiles (les modernes) aux têtes de porc du FPÖ
(dites post-fascistes).
P.S. : Salut à Vienna la Rouge ! À celle et à ceux qui luttent
contre la régression que représente Haider et ses sbires ! Les nazis
naimaient pas « lart dégénéré »; quant aux idéologues du
FPÖ, ils sont sur la même longueur dondes : dénonciation du nihilisme
culturel, reprise du Kulturkampf; et en dernier lieu, exaltation dune
communauté nationale purifiée de ses allogènes !
Tout cela nous le haïssons !
Mais il nous semble nécessaire de préciser ceci : lunanimité contre
Haider au nom de la Démocratie est plutôt révélatrice dune
certaine indigence de la pensée. En effet, on ne peut lutter efficacement contre la
régression à travers lexaltation rituelle des « droits de
lhomme » et de lantifascisme. Assez de discours-alibis !
Nous reviendrons sur ces points.