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’incapacité à penser représente un des traits
dominants de l’époque ; parlons ici de pensée critique et non de pensée
politiquement correcte —celle du prêt-à-jeter médiatique et de ses annexes
universitaires. La vérité ne plait pas aux maîtres : elle est révélatrice
de leurs impostures. D’autre part, elle fait peur aux esclaves, car la peur
d’être libre est un puissant ressort de l’aliénation —c’est à
dire de l’extranéisation comme « capacité » à être étranger à
soi-même ; et à ce titre dominé par le pouvoir et ses représentations.
D’où l’avilissement de l’être humain, celui qui ignore la conscience
pour-soi et se contente de la conscience pour les autres —une conscience non pas
autocentrée, mais dirigée par autrui. La conscience pour-soi se mérite, mais elle ne se
construit pas sans efforts et se paie cher ! Tous ceux qui l’ignorent —la
conspiration des imbéciles— constituent nos ennemis privilégiés ! Que
l’imbécile soit docte ou semi-illettré n’y change rien. Il dispose toujours
d’un stock de certitudes inépuisables nécessaires à la perpétuation de
l’espèce. Inutile de douter car penser, c’est bien connu, cela fatigue. À
cela, les bovidés préfèrent la rumination, le remâchage de pseudo-vérités.
L’imbécile lambda a sa propre notion de la vérité : celle qui convient
à ses petits intérêts, à son étroitesse d’esprit —syndrome trop connu
du « tunnel vision » !
Sous sa forme moderne, bien
qu’au fond très archaïque, l’imbécile peut se présenter en jeune crétine
qui, à l'occasion d'un show papiste festif, affirme, sans rire, que « tout ce que
dit le pape est juste » (cité in Libération, 15/08/2000).
« Foi », appels à la « dignité humaine », bons sentiments
« pro-life », esprit rétrograde : pour les jeunes crétins des JMJ,
le meurtre du père n’est malheureusement pas à l’ordre du jour ! Étrange
perversion que ce besoin de croire, de suivre un guide infaillible, qui ferait hurler de
rire un simple marabout africain, comme celui qui vient de rejouer en plein occident
civilisé, un vieux scenario admirablement peint par Hyeronimus Bosch : celui de
l’escamoteur. Donnes-moi ton fric, ta crédulité et, en retour, tu seras heureux
(retour d’affection et gains au Loto assurés !), les dés sont pipés mais tu
n’en sauras rien.
Le marabout en question
n’est après tout qu’un honnête escroc : par ici les billets et tu
auras l’illusion du bonheur, illusion assez brève d’ailleurs ! Le pape,
lui, est un escroc d’une autre envergure, doté d’une expérience
bi-millénaire ! Raison sociale de l’escroquerie : trafic
d’âmes et promesse de vie éternelle ! Mais l’accès à une « vie
meilleure » suppose quand même le sacrifice de soi et la repentance !
C’est trop chèrement payer pour accéder à un arrière-monde illusoire !
Le marabout pratique une arnaque
assez élémentaire, il décapite les poulets et soutire de l’argent à ses
malheureux clients. Puis il retourne au pays pour les « désenvouter »
dit-il ; en fait pour frimer et se moquer de la bêtise des toubabs ! Le
pape pratique une arnaque beaucoup plus subtile ! Le racket Vatican & Co
infecte le paysage avec l’air satisfait de ses hiérarques et les sourires
mystico-crétins de sa piétaille, en version JMJ. Partage ta foi connard, pour la plus
grande gloire de l’Opus Dei ! Tel père, tel fils ! Si le père est
sénile, les filles et fils de dieu sont profondément idiots et contents de
l’être ! ou rusés et dangereux. Quitte à couvrir de leurs effusions mystiques
les pires saloperies : au présent, celles de l’Opus Dei et de ses réseaux
intégristes ; ou celles qui ont précédé. Ainsi, au XVe siècle, Savonarole,
le prédicateur fou, grand spécialiste en repentance, fait brûler des toiles de
Botticelli, sans doute synonymes de vice et de luxure ! Pour la plus grande
gloire de son dieu ! Simple attentat contre la beauté mais, en la matière,
l’Église n’a pas de leçons à recevoir. De même, en plein XXe siècle,
l’ennemi juré de Paul Gauguin, aux Iles Marquises, un certain évêque Martin,
n’hésite pas à détruire vingt des toiles du maître après la mort de celui-ci.
Sans parler de sculptures dites obscènes ! Gauguin avait lutté contre le sinistre
travail de destruction des cultures maories impulsé par les églises. Un peuple qui se
fout du pêché, quelle hérésie ! La vraie beauté, pour l’Église, n’est
jamais en odeur de sainteté ! Ce que les naïfs crétins estampillés JMJ ignorent
forcément ! Divine vertu que celle de l’amnésie ! Autant rappeler,
à ce titre, ce que disait William Blake : « De la même manière que la
chenille choisit les plus belles fleurs pour ses œufs, le prêtre sait souiller nos
plus belles joies » en y injectant un virus mortifère, celui du pêché et de la
culpabilité ! remarquons que, quand on parle du prêtre, cela vaut pour toutes les
religions. Ce n’est point parce que quelques milliards d’humains communient dans
le même abrutissement qu’il faille les respecter ! l’argument du nombre,
on s’en fout ! Le respect de la bêtise cela nous ferait plutôt ricaner.
Ainsi, quand un certain rabbin,
sénile et médiatique, évoque la réincarnation ( ! !) pour légitimer
l’extermination des juifs, l’affaire ne relève pas que de la pathologie
mentale ! Beau symptôme d’un malaise dans la civilisation, pourrait-on
dire ! Et quand, le même saint-homme invoque l’incapacité des journalistes à
comprendre la torah pour justifier l’idiotie de ses propos, il ne fait
qu’aggraver son cas. L’abrutissement par la religion ravage le
mental : rien de choquant pour les intégristes juifs d’assimiler les
arabes à des « serpents » ; ce qui en dit long sur leur degré
d’inconscience, produit d’une longue tradition —somme toute assez peu
respectable.
Ne nous faisons pas trop
d’illusions quant au pouvoir de la raison critique, car l’obscurantisme
c’est très « tendance » ! Après tout, il s’agit d’un
marché porteur, très rentable sur le web. Il y aura toujours un crétin de service pour
légitimer le droit à la bêtise, en version new age, talmudique, islamiste ou
bouddhiste ! À ces légions de crétins, rappelons quelques vérités
élémentaires :
- que, dès les débuts de
la philosophie grecque, on savait que les hommes ont créé les dieux à leur image. Et
non le contraire.
- que l’illusion de l’au-delà n’est qu’un antidote très léthifère
à la peur de mourir.
- que rien n’est écrit à l’avance. Pas d’ « ainsi
soit-il » ; pas de « mekhtoub » ; pas de
paradis : rien que ce monde-ci sous un ciel vide de dieu !
- que le paradoxe de Laplace exclut le besoin d’une certaine
hypothèse : l’existence de dieu, dans ses différents avatars.
- et que le Philosophe au marteau —bel instrument pour détruire les
idoles— Nietzsche, a fait justice de toutes les angoisses des arrière-mondes. Il
n’est pas de monde-vérité au delà de l’apparence. Il n’est de vérité
que dans l’apparence —et rien derrière. Contre l’ignoble fantôme du
crucifié, l’adoration de Thanatos, il s’agirait peut-être d’en revenir
aux jardins d’Épicure ; rompre avec l’exaltation macabre des
arrrière-mondes ; au profit des forces de la vie.
25 août 2000 : on
pourrait y repenser. Si dieu est mort, Nietzsche est vivant. Le prophète Zarathoustra a
eu raison d’un bon nombre de mensonges. Définitivement. Du moins si tu es capable
d’y réfléchir. Sinon, restes dans les marécages, à attendre la vie éternelle.
Mais, fais gaffe aux sangsues ! On te dit ça pour ton bien…
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