En attendant les barbares...
    

 
  Vlad Vlad  
 

Toxicos.

 
 

Daté 09/04/2000.

 
 

    

l y a au bas mot 360 millions d’années, les tétrapodes, ces poissons-mutants (rien à voir avec Élisabeth Teissier) opéraient la « sortie de l’eau ». Une grande affaire qui, bien plus tard, déclenche l’apparition d’une espèce animale assez curieuse, homo erectus, soit-disant homo sapiens. Espèce capable du meilleur et du pire ! Surtout du pire.
Il suffit de considérer le monde où nous sommes. On a beaucoup parlé de start-ups et des miracles de la nouvelle économie. Mais, n’en déplaise aux bigots du capitalisme new age, idiots divers et autres Messier, la tendance actuelle, c’est plutôt start-down ! Tu parles du décollage sur ce putain de Nasdaq et ses fumiers d’accros mais, en fait, c’est le crash direct qui arrive. T’as rien prévu ou tes prévisions sont dignes d’un délire mystico-astral. Retour ab initio, aux marécages des origines : l’humanité —terme quelque peu dévalué, pour ce qu’il en reste— se vautre dans la boue et communie dans la bêtise. Darwin n’avait malheureusement pas envisagé le scénario !

 Nous vivons une époque qui se veut moderne, optimiste et dynamique ; culte du fric, du corps et du fun ; la vulgate de la « nouvelle économie », la religion du marché y contribuent. Grâce à l’actionnariat on line, tout le monde peut toucher le jack-pot. En particulier les crétins qui croient aux miracles. La prétendue « nouvelle économie », c’est l’accès direct à l’éden, tendance esthétique kitsch, Las Vegas, un casino virtuel au luxe vulgaire où tous sont sensés gagner. Sauf la majorité, c’est-à-dire les perdants. Nouvelle ruée vers l’or, la spéculation, c’est très tendance, l’accès au bonheur est garanti, suffit de garder les yeux rivés sur les cours du Nasdaq. La bourse rend fou et accro, ce qui n’empêche pas le virus de l’hyper-spéculation de se répandre, comme une traînée de poudre. Et celle-là, elle te récure mieux les neurones, mieux que toutes les saloperies disponibles sur le marché. Il existe même des toxicos heureux, les camés de la richesse virtuelle, une nouvelle secte qui possède déjà ses officiants, diacres et sous-diacres, vieux tarés et jeunes cons qui se shootent aux cours de la bourse, deux heures de perfusion par jour, minimum. Tout en concédant (Le Monde, 09/04/00) que la bourse est « un peu une drogue ». Un peu ! tu parles, avoir vingt ans et tout pour plaire : con, accro et heureux ! Tout le profit du bon gestionnaire, semi-illettré, option sup de co, se rêvant en technicien du downsizing, mais au total esclave, vivant bien un néant peuplé de gadgets et de simulacres. Remercions au passage la gauche caviar qui, au début des années 80, avait levé le dernier des tabous grâce à Lang, Berger, Benamou et autres taches globuleuses : désormais, le Fric c’est Chic.

  Mode, champagne et social-affairisme. Prototype de ce genre de révisios, un certain D.S.K., pour lequel le socialisme n’est pas synonyme d’austérité. Pour cet ancien de H.E.C., « Le socialisme n’a rien à voir avec la défense des situations acquises ; il est fondé sur l’espérance de l’avenir et l’esprit de progrès ; les entrepreneurs y ont un rôle éminent à jouer. » Depuis 1983, D.S.K. a su mettre en pratique d’aussi sages conseils ; et faire des émules. Faut être zen, bordel, faire du fric, rester médiatique. D.S.K. le précurseur, de quoi rendrez jaloux Blair-Tronche-De-Cake. Assez d’assistanat et d’archaïsme, la modernité est bien sûr du côté de Domi et consorts. Cet arrogant homme d’État a poussé la connerie jusqu’à proférer que Marx a « écrit Le Capital et pas La Sécurité Sociale. » Subjectivité de classe oblige, on connaît le choix de Strauss-Kahn, le Capital d’abord ! La Sécurité Sociale, on y pensera plus tard.

 Il y a trop de salauds à dégager !