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se souvient ici de l'œuvre très forte de Lars von Triers qui nous
présentait l'Europe, l'Allemagne, filmée en noir et blanc,
l'Europe dans les ruines de l'immédiat après-guerre. Atmosphère
d'angoisse et d'oppression, avec inspiration directe de l'expressionnisme.
Lars von Triers faisait de bons films avant que de se perdre dans un délire
mystico-chrétien. Une séquence surtout à retenir : celle
où le « héros » se noie car le train a déraillé.
La noyade est filmée en caméra subjective, avec des images
du corps flottant, tiré par les courants, jusqu’au fleuve ;
puis, parmi les algues, jusqu’à la mer. Ces images ne seraient-elles
pas prémonitoires ? Mais parlons ici d’un autre destin, celui
de l’Europe en cette fin de siècle. Alors l’Europe crise ?
Mais
non, que diable ! Tout va bien. L’Europe sort de la crise et retrouve
les voies de la croissance forte, créatrice d’emplois. Pour autant
que l’on suive les conseils avisés des experts de l’O.C.D.E. (plus
de flexibilité et moins de protection sociale), le nombre des chômeurs,
en France, va baisser. C’est manifester un esprit pervers, déconnecté
du réel, c’est-à-dire des lois du marché, que de
relever l’extension constante de la précarité et des bas
salaires. Ou de constater que le nombre des pauvres assistés par
l’État (R.M.I.) a plus que triplé en France, entre 89 et
99. Distribuer de misérables allocations aux pauvres, c’est une
bonne manière de les anesthésier. Après tout, ces
gens-là pourraient devenir dangereux ! Mais tant qu’ils se
contentent de regarder TF1 et de faire prospérer la Française
des jeux —nouvelle forme d’impôt volontaire— il n’y a guère
de risques !
Bien
vu, mais il y a juste un léger problème : le futur,
après tout, n’est jamais écrit à l’avance.
et les bons apôtres du consensus démocratique et social risquent
peut-être, demain, un réveil douloureux !
Bref,
en Europe, tout va bien, ce que l’examen de quelques données chiffrées
confirme, à tous points de vue. Au plan sanitaire, la situation
est sous contrôle ; tout au plus peut-on relever en 1999 30000
décès pour surdose d’héroïne. ainsi qu’une consommation
accrue des nouvelles drogues de synthèse. Ce bilan ne tient bien
sûr pas compte d’autres formes de poly-toxicomanies : combien
de morts à mettre au compte du lobby alcoolier ? ou conséquentes
à l’usage d’une nourriture trafiquée et malsaine ?
Sans parler de l’épuisement au travail, car, après tout,
les japonais n’ont pas le monopole du karoshi !
Bref,
l'Europe se porte bien : demain, les smart drugs, l'usage
des médicaments dits de « bien-être », ainsi qu'un
bon entretien du corps-machine —avec ou sans anabolisants— dissiperont
les syndromes dépressifs consécutifs à la crise !
L'Europe ne connaît plus quand même les épidémies
qui la ravageaient par le passé, plus de mortalité de masse
du type typhus ou peste bubonique ! ayons confiance dans le futur,
la science et la bio-informatique ! Reste le VIH, mais, là
encore, la situation est sous contrôle : 30 000 nouveaux
cas pour l'Europe en 1999. Rien à voir avec la situation de la
Russie, où le taux de contamination explose ! Pour le reste,
l'infection concerne surtout les pays du Sud —c'est à dire
nulle part ! Il est bien connu que la vie d'un blanc, hautement éduqué
et appartenant aux classes moyennes, n'a quand même pas la même
valeur que celle d'un non-blanc, étranger de surcroît !
Égalité devant la mort, tu parles ! Le premier aura
droit aux thérapies les plus sophistiquées, le second à
des antalgiques, type aspirine ! ou à des stocks de préservatifs
périmés comme ceux diffusés par les « humanitaires »
US en Éthiopie ! Et puis, c'est bien connu, le VIH concerne
surtout les « populations à risque ». Bel euphémisme
pour désigner en particulier les toxicos qui sont, sinon des déchets
humains, du moins des malades. Malades pour lesquels, à côté
de la méthadone, une seule thérapie s'impose : la
rééducation par le travail ! Du moins, dirait-on dans
l'Autriche du FPO, du temps d'Hitler, on ne connaissait pas ça.
Puisque les asociaux, chômeurs professionnels, délinquants
et autres tsiganes, c'était le ticket direct pour Dachau ou d'autres
lieux de villégiature. Histoire de leur apprendre que « le
travail c'est la liberté ! ». La drogue, la violence
et le VIH ne sont après tout que le produit du laxisme, de la perte
du sens des vraies valeurs : respect de la famille, du travail
et de l'autorité. En clair : Pétain-Darlan, c'était
le bon temps ! Sans parler de la politique sociale du IIIème
Reich, qui ne comportait pas que des aspects négatifs !
Si cela n'est pas encore ouvertement dit en France, il existe suffisamment
de crevures, dans les beaux quartiers, mais aussi dans les banlieues crades,
pour le penser. Ce n'est plus l'infection judéo-cosmopolite qui
est dans la ligne de mire. Mais, l'invasion des allogènes qui,
dans leur perversité, imposent leur loi, celle des bandes ethniques —On
n'est plus chez nous, bordel ! Sans parler de l'avortement et du
RU 486, inventions du diable !
Europa
2000. Tu restes belle, mais un peu malade quand même. Malade de
ton bien-être de pouffe trop gavée, de ton égoïsme,
de ta stupidité vaniteuse ! Tu as beau te vouloir terre de
culture et d'histoire, tu résistes parfois mal aux discours vénéneux
que nous venons d'interpréter, aux discours de la régression
en quelque sorte ! c'est très tendance, la régression,
en quelque sorte ! Tu as oublié ce que disait Hitler : « Heureusement
pour les gouvernements que les peuples ne pensent pas », ou tu lui
donnes un peu trop raison post-mortem !
Alors,
n'oublie pas, Europa, si tu veux survivre, qu'il existe un nom que tu
as peut-être inventé dans tes vieux dialectes : celui
de Liberté. Rappelle-toi aussi que la liberté, c'est le
droit au futur ! Du moins à un futur qui ne ressemble pas
à ce présent-là ! En d'autres termes, au règne
inéluctable et nécessairement meurtrier de Nemesis !
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