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CHRONIQUE :
La chronique NMEsque suivante
toute désobligeante soit-elle vaut qu'on la reproduise
car elle met en lumière les qualités qui font que j'aime JO44.
Ainsi, ils jouent bien un rock "intellectualisé", principalement basé sur des
rythmes, torturés, répétitifs ou faussement de guinguois, comme ceux des Sonic Youth
hypnotiques ou le Yo La Tengo de I can hear the heart... Ce sont les dignes
héritiers d'une dynastie branlante et chicagoesque fondée par Slint, restés fidèles à
l'instrumentation rock contrairement à certains de leurs pairs tournés vers
collage et électronique (Tortoise).
Le chant est hésitant, comme fredonnant "à côté" de la
musique, "dérangé" certes, comme on peut l'être lorsqu'on a été touché par
la précieuse grâce Mayo Thompsonienne.
L'album est en effet moins punchy que les précédents, plus
"jazzy" obligatoirement, à cause aussi de l'omniprésence de cuivres. Bcore,
petit label espagnol, a la bonne idée se sortir un simple avec un titre mixé autrement
et un titre en concert.
D'autres plus innocents? plus cons? font comme si rien
n'était, et on les aime parfois pour cela ; JO44, eux, continuent à se dépouiller de la
naïveté de la new wave, leur post-rock retrouvant ainsi d'autres chemins, ceux
du post-punk ou de l'emo-core ; ils tracent leur sillon triste et désabusé dans les
ruines des années dorées : et c'est pour cela qu'il faut les aimer.
Christian Ward (Nme,
traduction E.C.)
Tout d'abord les June of 44 sonnent sérieux. Les rythmes secoués et maladroits
tels qu'ils les aiment n'ont rien de bien joyeux. C'est du rock avec la mauvaise humeur
maussade du jazz, la logique des mathématiques, le glamour d'une bouilloire.
C'est difficile et ils compliquent à loisir, c'est pourquoi ils ont les faveurs des snobs
post-rock qui haïssent la mélodie, depuis l'époque où certains de leurs membres
luttaient dans rodan contre l'écurie Slint.
On doit admettre que JO44 habitent un petit monde déglingué à nul autre pareil. Dans Four
great points l'année dernière, des riffs déchaînés se battaient avec une bizarre
pulsation dub ; dans Anahata, ils expérimentent en permanence des vacillements
de guitares malingres à la Sonic Youth et des ambiances de funk d'avant-garde
emmaillotés dans la plainte dérangeante et discordante de Jeff Mueller. Par moments
les spasmes funèbres de Cardiac Atlas, les rythmes précis de Equators
for Bipolar ils s'enferment dans des séquences en spirale, complexes,
rappelant l'album come-back de Television au début des années 90. Mai, lui aussi, Anahata
nous remémore que ce genre de rock arty représente une obtuse carricature de tout ce qui
rendait la new-vave des années 70 irrésistible des mélodies vitales, des guitares
qui explosent au lieu de se battre en un hésitant duel en dénudant la musique
jusqu'à l'os. Certains diront que le rock progresse ainsi. D'autres diraient que cela
sonne son glas. |