Messier
caressait Ramina…
mais n’oubliait pas que le PDG du Monde est un fat
Dans
son livre J6m.com (Hachette Littératures, 2000)
Jean-Marie Messier révèle certains dessous de
la bataille pour L'Express qui l’opposa en 1997 à
Colombani (lire PLPL n°1). Ainsi, le patron de Vivendi,
propriétaire de L'Express, explique : « Au
début, j'ai eu droit à des messages amicaux :
c'était mon intérêt, me disait-on, de vendre
à l'un plutôt qu'à l'autre. Puis le ton
est devenu menaçant. Jamais je n'oublierai ces phrases
qui résonnent encore à mes oreilles. D'un dirigeant
de presse : « Si vous ne nous cédez pas L'Express,
vous nous aurez contre vous pendant vingt ans. Et on finira
par vous abattre. » D'un homme politique :
« Vous leur vendez L'Express, il y aura du sang
sur les murs » (p.123.)
Pour
identifier le « dirigeant de presse » qui
se déclarait disposé à utiliser son journal
« pendant vingt ans » pour régler
des comptes personnels (et financiers : Colombani serait
devenu président - grassement rétribué -
d'un organisme de direction de L'Express), il suffit
de savoir qu'il y a deux ans, ce dirigeant de presse en personne
avait identifié son adversaire, « l'homme politique. »
Jean-Marie
Colombani, directeur du Monde, expliquait à Ruth
Elkrief sur LCI le 10 février 1998 : « Jean-Marie
Messier m'a fait savoir que la vente de L'Express au
Monde lui était interdite par l'Elysée.
Et Jacques Chirac lui avait dit - ou lui aurait dit puisque
je n'ai que la version de Jean-Marie Messier - si vous
persistez, il y aura du sang sur les murs. »
Dommage
que le grand journaliste Jean-Marie Colombani n'ait révélé
aux auditeurs de LCI que la moitié de l'histoire.
Quatre
ans plus tard, les méthodes du trio Colombani-Plenel-Minc,
bien connues des abonnés de PLPL (lire en particulier
le numéro 1) ne semblaient guère avoir changé.
Au moment d’être viré, Messier les dévoila
une nouvelle fois. Interrogé par Le Point (5 juillet
2002) quelques jours avant sa chute (l’entretien fut publié
après), Messier racontait :
Question :
- Le Monde a fait trois manchettes contre vous. Pourquoi ?
Jean-Marie
Messier : - Je crois que Pierre Lescure et Jean-Marie Colombani
se connaissent très bien … Quand Le Monde titre
« Vivendi était au bord du dépôt de
bilan fin 2001 », [ …] je suis obligé de
réagir : en 2001, précisément le 30
septembre 2001, Vivendi possédait en caisse 4,2 milliards
d’euros.
Question :
- Vous attaquez Le Monde ?
Jean-Marie
Messier : - Oui, et j’irai jusqu’au bout. Une fois de plus,
j’aurais préféré que Le Monde titre :
« Messier est un con. » Colombani m’a
envoyé un émissaire. Il est venu me dire que si
je ne retirais pas ma plainte, ils allaient continuer le matraquage.
Le mec n’est pas resté deux minutes dans mon bureau.
Alors je fais un procès et je réclame non pas
1 franc symbolique, mais 1 million d’euros.
Quelques
jours plus tard,
Messier viré, Vivendi retire sa plainte.
Le
12 juillet 2002, Stratégies annonce : « Jean-René
Fourtou retire la plainte de VU contre Le Monde. Selon
nos informations, Jean-René Fourtou, le nouveau PDG de Vivendi
Universal, a levé l'action en justice engagée par son prédécesseur
Jean-Marie Messier contre Le Monde. Dans un article publié
le 15 mai et intitulé « Les mystères de Vivendi »,
le quotidien avait évoqué « à la fin 2001, une
grave crise de trésorerie frôlant la cessation de paiement ».
VU avait alors attaqué Le Monde pour diffamation, lui
réclamant 1 million d'euros de dommages et intérêts. »
Les
rapports entre le QVM et Vivendi devraient s'améliorer. Le chantage
de Ramina a fait son effet.
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