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Dossier : Le Monde implose.

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ARTICLE PARU DANS L'ÉDITION DU 26.02.03 DU JOURNAL LE MONDE

Le journal est la cible d'attaques croisées des extrêmes dans des livres pamphlétaires et des libelles depuis les années 1950

"Sous couvert d'information impartiale, Le Monde se permet une déformation, une désinformation, une mésinformation systématiques pour induire en erreur ses lecteurs et ceux des journaux suiveurs. Toute une technique de falsification, dans chaque rubrique, est mise au service d'une cause inavouable." Cette citation ne date pas d'hier : elle a été publiée, en 1952, dans une brochure intitulée Le Monde auxiliaire du communisme. Rédigé pour l'essentiel par Boris Souvarine, cet opuscule est financé par Georges Albertini, ancien collaborateur notoire.

Ce pamphlet donne la trame argumentaire d'une longue lignée de libelles dirigés contre Le Monde. Il mêle les affirmations sur la vénalité du directeur et les accusations sur ses liens avec les puissances étrangères : Hubert Beuve-Méry est tour à tour stipendié du gouvernement tchécoslovaque ("l'homme aux 6 000 couronnes"), soupçonné pour un "voyage mystérieux en Russie soviétique avant la guerre" et convaincu d'une "mission discrète au Portugal pour le compte du gouvernement du maréchal Pétain". Despote, le directeur du Monde manipule ses journalistes : "Tous les rédacteurs du journal attestent que M. Beuve-Méry lui-même révise la prose de ses collaborateurs. C'est M. Beuve-Méry qui "arrange" les textes, autrement dit qui les déforme, les altère, les tripatouille pour les mettre au service d'une information dirigée dans le sens qui convient au parti pris adopté par lui dans la guerre froide."

Dès cette époque, des opinions divergentes, quoique semblables sur le fond, se coalisent contre Le Monde. Les gaullistes affirment "qu'il est toujours du côté de la majorité au pouvoir, dont il propage les vues et excuse les erreurs". Pire, selon les gaullistes, la direction du Monde "est entièrement entre les mains d'hommes appartenant à un parti de la troisième force et à un seul : le MRP." Les communistes, par la voix de Roger Garaudy, dans L'Humanité du 16 mai 1951, déclarent : "Le Monde n'est pas le journal d'un parti, c'est le journal d'une classe, le journal de la classe de la grande bourgeoisie capitaliste."

Au travers d'une douzaine de livres, Le Monde et ses directeurs successifs sont depuis un demi-siècle les cibles d'attaques croisées des extrêmes. Le quotidien subit des charges au canon lorsqu'il se porte bien et que son indépendance rédactionnelle et financière est assurée : de 1951 à 1956, après la crise qui a permis la création de la Société des rédacteurs et la consolidation du pouvoir d'Hubert Beuve-Méry ; entre 1970 et 1977, lorsque Le Monde, alors dirigé par Jacques Fauvet, atteint un sommet d'audience en incarnant le désir de réforme de la société française ; sous la direction d'André Fontaine, lorsque Le Monderéaffirme son indépendance, enfin depuis quelques années, à la suite du redressement opéré à partir de 1994. En revanche, lorsque Le Monde va mal, les attaques faiblissent...

FORCÉMENT COUPABLE

La première vague d'attaques est prolongée en 1955 par un polémiste de la mouvance catholique intégriste, Jean Madiran, au travers de deux livres, Ils ne savent pas ce qu'ils font et Ils ne savent pas ce qu'ils disent. Centrés sur l'amitié forcément coupable entre les dirigeants de La Vie catholique et le directeur du Monde, ces livres cherchent à alerter l'épiscopat et le Vatican : "Le déjeuner hebdomadaire de M. Beuve-Méry avec Mme Sauvageot et ses collaborateurs atteste que le directeur prosoviétique du Monde est aussi le directeur de conscience politique de la presse catholique de grand tirage. Il s'agit d'une mainmise organisée sur l'opinion catholique." Ce cycle se termine en 1956 avec le fiasco du lancement du quotidien Le Temps de Paris, financé par des industriels afin d'asphyxier Le Monde.

La deuxième vague est plus fournie. Elle débute en 1970 par un livre rédigé par deux communistes, Aimé Guedj et Jacques Girault, et atteint un pic en 1976 avec le livre de Michel Legris, "Le Monde" tel qu'il est, envoyé gracieusement à plusieurs dizaines de milliers d'anciens élèves des grandes écoles françaises. Cette phase est close par l'échec de J'informe, quotidien du soir éphémère concurrent du Monde, lancé par une coalition de financiers pompidoliens.

Une dernière vague se dessine à partir du milieu des années 1990, lorsque le redressement financier de l'entreprise et la restauration de l'indépendance du quotidien sont accomplis. Elle s'inscrit dans la longue durée des attaques qui ont scandé la vie du Monde, singularité bien hexagonale vue de l'étranger.


Le précédent "Pour Lire Pas Lu"

Le Monde réduit à l'aventure d'un dangereux "trio" : le livre de Pierre Péan et Philippe Cohen reprend une thèse popularisée depuis septembre 2000 par Pour Lire Pas Lu, plus couramment appelé PLPL, "bimestriel sardonique contre les organes du spectacle de l'ordre mondial capitaliste", animé notamment par le journaliste Serge Halimi. Dès son premier numéro, entièrement consacré au Monde, Jean-Marie Colombani était devenu "Raminagrobis", Edwy Plenel "Le roi du téléachat" et Alain Minc "Le nabot malfaisant", puis "Le plagiaire servile". La "laisse d'or" du numéro 10 de PLPL (juin-août 2002) fut attribuée à notre collaborateur Nicolas Weill pour son "sionisme militant", dans un article commençant ainsi : "Weill est vil, Weill est veule, Weill est vilain".