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craneLe journal qui mord et fuit...

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COMMUNIQUÉ DE L’INTERNATIONALE SARDONIQUE, 22 décembre 2004
De l'éviction du RTA

 

 


PLPL triomphe. « À compter d'aujourd'hui, PLPL proclame la fin du Monde ». Cette annonce illuminait la première page de notre numéro 1 (octobre 2000). À l'époque, le « trio de pitres » constitué de Ramina (alias Jean-Marie Colombani), du RTA (alias Edwy Plenel) et du « plagiaire servile » Alain Minc plastronnait.
Depuis, tel un Titanic médiatique plombé par la corruption intellectuelle, les faux scoops et l'amour de l'argent, Le Monde coule à pic. Le 29 novembre 2004, au moment précis où les postiers sardons acheminaient notre vingt-deuxième numéro à ses milliers d'abonnés, Edwy Plenel, Roi du téléachat sur LCI et directeur de la rédaction du Monde était démis de cette dernière fonction.

 

Le scénario de cette éviction évoque irrésistiblement la mise à la retraite anticipée de Nikita Krouchtchev par le Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) en 1964. À un détail près : la décennie Krouchtchev fut associée au « dégel » post-stalinien ; la « décennie RTA » restera gravée dans les mémoires comme l'ère de la surgélation mentale.

Le premier acte de notre comédie médiatique se déroule au cours du deuxième semestre 2004. Devant l'effondrement de la diffusion du Quotidien vespéral des marchés (consécutif aux coups de boutoirs sardons), la jonction de deux fronts autrefois hostiles intervient au sein du Monde. Les anti-RTistes historiques (dont deux des principaux informateurs de notre journal) s'allient aux Raministes pour démettre le directeur de la rédaction. Au même moment, actionnaires et créanciers du quotidien somment Minc et Colombani d'assainir les comptes et, surtout, de faire déguerpir la petite teigne moustachue (PTM) dont ils ont jaugé la perte de crédit en regardant l'émission « Le Monde des idées » sur LCI, la chaîne des banquiers que détient TF1. Virez-le, « c'est votre dernière chance ! », rugit Jean-Louis Beffa, patron de Saint-Gobain (cité par Libération, 24.11.04).

En novembre, les relations entre Ramina et le RTA se détériorent de manière spectaculaire : en conférence de rédaction, ils ne se serrent plus la main. C'est l'instant choisi par Ramina pour déclencher « La nuit des longues moustaches », dont PLPL est informé dès le 14 novembre, c'est-à-dire deux semaines avant qu'elle soit déclenchée... Le RTA est déposé, ses fidèles écartés.

La Saint Barthélemy du téléachat ne fait que commencer. Donnant enfin raison à PLPL et aux auteurs de La Face cachée du Monde, Pierre Péan et Philippe Cohen, Ramina précise que, désormais débarrassée de son dictateur, « la rédaction doit se réapproprier le journal » pour « le rendre à ses lecteurs » (cité par Libération du 4.12.04 et Le Monde du 16.12.04). Les journalistes et les lecteurs s'étaient donc bien vu confisquer leur journal ! Aveux stupéfiants pour qui se souvient des torrents de boue que Colombani (mais aussi BHL et Philippe Corcuff1) orientait sur l'auréole des saints sardons qui documentaient de semblables forfaits avant tout le monde2.

Troisième temps, Plenel, qui a négocié pour conserver son gros salaire de chef, annonce le 29 novembre sa « démission » et son désir de retourner aux « joies simples du journalisme » (comprendre : celles du faux scoop artisanal). Prélat fourbe, Raminagrobis, voyant s'éloigner la queue entre les jambes le factotum moustachu à qui il a arraché son os, prétend vivre un « traumatisme », un « moment bouleversant pour moi », « la fin d'une période de dix ans pendant laquelle Edwy et moi avons été indissociables »... Tel le PCUS et Léonid Brejnev quarante ans plus tôt, Ramina évoque néanmoins « la fatigue » et « le surmenage » du démissionnaire « soupçonné de ne pas tout à fait dire la vérité » (Jean-Marie Colombani, Communiqué du 29.11.04 et Europe 1, 18.12.04). Et il secoue les puces de l'armée mexicaine de « rédacteurs en chef proches d'Edwy Plenel », assoupis selon lui : « La nouvelle équipe doit donc donner des signes au lecteur lui indiquant clairement que le journal a commencé à bouger [...] Quand une nouvelle équipe s'installe, il est légitime que tout un chacun s'y plie. »

En réalité, les Sardons l'ont compris : rien de fondamental n'a changé et, par conséquent, notre combat se poursuit. Les vrais maîtres du Monde continuent de se nommer Alain Minc (président du conseil de surveillance et conseiller des grands patrons français, dont François Pinault, gros actionnaire privé du Monde), Arnaud Lagardère (le jeune marchand d'armes pro-américain, déjà actionnaire du Monde via Le Midi Libre et de l'imprimerie du QVM, s'apprête à racheter un autre morceau du capital du Monde et à mettre la main sur une partie des recettes publicitaires du groupe3), Maurice Lévy (le patron de Publicis, créancier important du Monde, possède la moitié de la régie publicitaire du quotidien), la BNP-Paribas, enfin, puisque cette banque d'affaires du Monde finance les déficits abyssaux d'un quotidien dont les ventes continuent de s'écrouler. Jean-Marie Colombani n'est que le fondé de pouvoir de ces quatre-là qui, le jour de leur choix, trancheront les cordes de leur marionnette et l'exileront peut-être en Corse ou à Saint-Hélène. D'ailleurs Ramnina l'admet à mots couverts en définissant comme suit la « collectivité solidaire que nous formons : rédacteurs, cadres, employés, ouvriers. Actionnaires, aussi » (éditorial du Monde 16.12.04). Et quand c'est lui qui décide du sort d'une publication déficitaire, Colombani n'hésite pas longtemps. Interrogé par Le Figaro sur le sort du supplément Aden (un genre Inrockuptibles, mais en moins bête) il répond : « La dernière édition d'Aden, hélas, est sortie le 22 décembre, malgré le dévouement de l'équipe qui a accompli pendant sept ans un beau travail. » De profundis...

En façade, la direction de la rédaction du Quotidien vespéral des marchés est ripolinée. Son Grand Manitou Mou (GMM), Gérard Courtois est un Raministe historique. Autoproclamé « gauchiste libéral » (une forme de trotskisme culturel), il est chargé d'assurer la transition. D'après nos informations (jamais PLPL n'a été autant abreuvé de messages émanant de la rédaction en chef du Monde...), il ne durera pas longtemps. Courtois, le bien nommé fut, sans éclat particulier — cela reposera un peu la rédaction des cris stridents du RTA —, un des journalistes les plus déférents envers Lionel Jospin quand ce dernier était ministre de l'éducation.

Gérard est encadré par deux génies. Le premier, Patrick Jarreau, dirigea le très balladurien service politique du QVM en 1994-95. Quelques années plus tard, Jarreau, pas sectaire, saluait Jospin au moment où le premier ministre « socialiste » accumulait les « concessions réalistes aux contraintes des marchés : ouverture de capital, privatisations, ouverture à la concurrence de secteurs relevant jusque-là du service public » (QVM, 1.09.99.) Parachuté correspondant du Monde à Washington, Patrick se distinguera encore à l'occasion d'un entretien avec le secrétaire d'État américain Colin Powell. PLPL rappelle cet échange d'une complaisance inouïe :

Jarreau : - Avez-vous été surpris par l'émotion et la solidarité en Europe, le 11 septembre et les jours suivants ?
Colin Powell : - Aucun ami n'a témoigné d'une amitié plus forte ni exprimé davantage de solidarité que la France. Le fameux éditorial de votre journal, "Nous sommes tous américains", est connu de nous tous (QVM, 8-9.9.02.)

En 2003, Patrick, factotum de Ramina, renvoyait l'ascenseur à Colin, factotum de Bush. Jarreau dénonce « l'antiaméricanisme » dans les colonnes de la revue pro-américaine Commentaire dont Jean-François Revel, Raymond Barre et deux néoconservateurs proches de Bush orientent le comité de patronage. « L'actuelle communion d'une grande partie des élites françaises dans l'antiaméricanisme, pontifie le très réactionnaire Jarreau, remplit une fonction interne. La dénonciation des vices de la société américaine sert à masquer ce que ses succès démontrent : les vertus sociales de l'ouverture, de la mobilité et de la compétition » (Commentaire, automne 2003.)

L'autre génie appelé au secours de Gérard Courtois se nomme Sylvie Kauffman. Longtemps son travail se limita au recyclage des potins les plus anodins du New York Times : un soir, c'était le retour des mini jupes à Manhattan ; le lendemain, le déclin « inquiétant » des ventes de jarres de beurre de cacahuètes à Brooklyn4. Et, assurément, Sylvie préfère les avocats de Donald Rumsfeld à Noam Chomsky. Commentant dans le très clownesque Monde des Livres (22.10.04) un livre du Sardon Chomsky, Kauffmann estime ainsi que « les arguments du linguiste sont si profondément coulés dans le béton qu'ils ne laissent guère de place à la discussion. » Dans le même numéro du Monde des Livres, Sylvie ne peut en revanche dissimuler sa tendresse pour l'ouvrage commis par le madeliniste Yves Roucaute à la gloire de W. Bush : « La voix est si dissonante qu'elle mérite d'être signalée. [...] Un essai à contre-courant qui rappelle quelques vérités historiques. » Le grand mondain Alain Frachon et le cauteleux Frank Nouchi complètent la nouvelle dream team pro-américaine.

PLPL n'a pas dû attendre longtemps pour se convaincre du talent des nouveaux Pieds nickelés de l'information. Dans son édition du 18 décembre, Le Monde choisissait pour thème d'enquête de société « Est-il cruel de gaver les canards pour obtenir des foies gras ? ». Quelques jours plus tôt (05.12.04), le quotidien de référence annonçait que Jacques Chirac avait battu... François Mitterrand lors de l'élection présidentielle de mai 1995 ! Erreur cocasse pour un quotidien qui se proclame spécialisé dans la politique intérieure tant il est nul ailleurs. Car Mitterrand mourant (il meurt en janvier 1996), n'était évidemment pas candidat huit mois plus tôt. En 1981 et en 1988, en revanche, la canaille aux dents limées avait battu deux fois Jacques Chirac. Une erreur préparant souvent le terrain à un mensonge, une nouvelle coulée d'informations trafiquées s'est abattue sur les crânes des lecteurs du Monde : cinq ans après la fin de la guerre du Kosovo, le QVM reprenait à son compte tous les bobards de guerre de l'OTAN, même ceux qui depuis des années ont été exposés comme tels (10.12.04.)

Pour les essayistes ratés qui avaient misé toute leur carrière sur Plenel, le lundi 29 novembre 2004 est un « Black Monday ». Ces intellectuels « de gauche » avaient léchouillé les orteils moustachus du grand chef pour obtenir une critique de « livre » (souvent des opuscules bâclés) ou une tribune dans les pages « Débats ». Las ! Le cours du RTA s'effondre : toutes ces compromissions se retournent contre leurs auteurs au moment où Ramina sonne l'hallali contre les proches de Plenel ! Certains des obligés du monarque déchu auraient songé à se défenestrer plutôt que d'affronter la dure réalité. PLPL leur rappelle que le meilleur moyen de se débarrasser d'une tentation est d'y céder...

Si l'armée des universitaires moustachus est en déroute, elle restera quelque temps encore « fidèle » à son adjudant d'opérette. D'abord, le RTA conserve pour le moment son émission de téléachat sur LCI, où glosent les savants à gages devant un public de boursicoteurs. Ensuite, Plenel, pour marquer son opposition au sarkozisme de Ramina et du plagiaire servile, est devenu le directeur officieux de la communication du premier secrétaire du PS. Se prenant parfois pour Nostradamus, le RTA vient ainsi d'écrire : « François Hollande a de bonnes chances de devenir président de la République en 2007. En tout cas, sauf grave imprévu, il est assuré d'(être le candidat du Parti socialiste et, à travers lui, de la gauche au second tour de l'élection présidentielle. [...] Avec panache [...] il a su promouvoir une éthique de conviction en complément de l'éthique de responsabilité [...] Ni radicalité factice. Sa modération est une fermeté, et son « modérantisme » est sa force. » (Le Monde 2, 9.12.04). Le RTA aura besoin de jus de cerveau disponible pour huiler les argumentaires du P « S » en 2007, et il saura remercier ses fidèles. Enfin, dans l'immédiat, Plenel se consacre à l'érection d'une Fondation QVM destinée à s'attacher, à coup d'euros et de colloques europhiles, la loyauté d'intellectuels avilis.

Pour conclure l'éditorial dans lequel il annonçait la déchéance du RTA, Colombani déclarait sans rire : « Le Monde doit être le journal où la compétence prime sur toutes les connivences. » (16.12.04) Autant dire que s'ouvre une ère de purges, et pas seulement au Monde des Livres ?

PLPL a déjà acheté le champagne de circonstance. Et quelques sabres affûtés pour la rentrée. Le Figaro entre les mains de Dassault, Libération vendu à Rotschild, Le Monde qui mendie Lagardère : PLPL a — une fois de plus — eu du flair en titrant le beau dossier de dernier numéro (le n°22) « La presse à euros ».

Vive la Sardonie libre !

Vive PLPL !

 

NOTES :

1 Par plusieurs jets de spams électroniques, Philippe Corcuff a invoqué, le 3 décembre 2004, les attaques, injustifiées selon lui, de Charlie Hebdo contre Le Monde pour expliquer son départ (en réalité, il a été remercié) de ce (mauvais) hebdomadaire. Manque de chance pour Corcuff : Jean-Marie Colombani lui-même admettra au même moment que son journal avait bien été gangrené par « les connivences »...

2 Cf. tous les numéros de PLPL et les réponses haineuses du QVM contre PLPL QVM, 29-30.1.01, 26.2.03, 30.5.03.) Sans compter les clapotis verbeux de BHL contre la Sardonie libre (Libération du 20.12.03).

3 Le Figaro (17.12.04) a commenté : « Cette opération lie donc le groupe Lagardère et Le Monde de façon déterminante. Elle représente un tournant majeur dans l'histoire du quotidien »

4 Quand Sylvie Kauffmann était correspondante du Monde à New York et reine du pseudo fait de société américain, chaque jour Le Monde découvrait l'Amérique. Ainsi, dans son édition datée du 16 avril 1998, le QVM titrait son article de « ventre » (celui situé à mi-hauteur de la page de «une ») : « États-Unis : le sexe réhabilité ». Le point de départ était le suivant : « encouragé par l'indulgence du public et de la justice à l'égard des déboires sexuels du président Clinton, l'ex-sénateur Bob Packwood envisage sérieusement de revenir à la politique. Si la nouvelle se confirme, elle prouvera à elle seule (sic) à quel point, en trois mois, les affaires Monica Lewinsky et Paula Jones ont transformé la vision américaine du harcèlement sexuel. » Le lendemain (numéro daté du 17 avril 1998), toujours dans le « ventre », Sylvie Kauffmann découvrait un nouveau tremblement de terre sociétal aux « States » : « Les Américains préfèrent leur rôle de père à leur carrière ». L'article avait pour point de départ la décision... du PDG d'American Airlines de prendre sa retraite pour « profiter de la vie ». Kauffmann enchaînait : « La décision du patron d'American Airlines illustre une tendance montante aux Etats-Unis. » Tellement montante que l'exemple suivant, fortement représentatif lui aussi de la société américaine, était celui du PDG de Pepsi Cola pour l'Amérique du Nord, une femme qui démissionne de ses fonctions à 43 ans « pour s'occuper de ses enfants. » Les autres exemples donnés par Kauffmann étaient Frederico Pena, membre de l'administration Clinton, et Bill Paxton, ancien représentant républicain.
Plus grave, Sylvie Kauffmann, invitée fréquente des émissions de la télévision américaine, y défendait les points de vue les plus militaristes qui soient et faisait croire qu'ils représentaient l'opinion dominante en Europe. Ainsi, en novembre 2000, au moment de l'élection présidentielle, elle expliquait : « Il y a beaucoup de choses dans lesquelles nous sommes impliqués les uns avec les autres. L'Otan et la présence des troupes de l'Otan dans les Balkans, par exemple. Les commentaires de Condoleezza Rice [alors conseillère diplomatique du candidat Bush, Rice venait d'expliquer que les troupes américaines pourraient ne pas demeurer au Kosovo] ont suscité beaucoup d'inquiétude en Europe. Ils ont eu beaucoup d'impact. » Depuis, le pacifisme de George W. Bush n'inquiète plus autant Sylvie Kauffmann.