Pour lire pas lu

POUR LIRE
PAS LU

 

 

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Leurs crânes sont des tambours, leurs crânes sont des tambours. Écoutons le son qui en sort.

 

  
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  Dossier :

  LES FAUX

  IMPERTINENTS

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Karl Zéro ne mord jamais la main qui le gave
A
près avoir affronté des cibles aussi redoutables que Xavière Tibéri et les chasseurs de la Somme, Karl Zéro s’en prend désormais aux tigres de papier : il crée un journal « caustique et irrévérencieux ».

Et chacun tremble. Car tous les pouvoirs redoutent Zéro. Zéro a voté Mitterrand au temps de Mitterrand, Chirac au temps de Chirac. Depuis, les temps ont changé : Messier, Lagardère et Pinault sont devenus nos seuls présidents. Forcément, Zéro les sert.

La boîte de com. de Vivendi se nomme Canal +. Zéro explique donc : « Il y a trois sujets sur lesquels "Le vrai journal" ne peut pas enquêter : le football, le cinéma, Vivendi. Ces interdits ne me posent pas de problème. Je trouve normal qu’un diffuseur ait ses exigences. » Zéro pigeait aussi sur Europe 1 : Matra et Hachette n’ont aucun souci à se faire. Et à présent Zéro lance un journal avec le patron de la Fnac et du Printemps, lequel, après avoir réveillonné avec Le Pen, est à présent le meilleur copain de Chirac. Zéro avertit : « François Pinault y a mis des ronds. Évidemment, je ne vais pas l’attaquer bille en tête ! »

    
Karl Zéro :
« Ma sensibilité est plutôt
humaniste et je crois en Dieu »
  

Un autre desperado révolutionnaire finance Le Vrai papier journal de Zéro. Il se nomme Jacques Séguéla. Depuis un quart de siècle, ce crétin bronzé sert de publicitaire aux politiciens véreux les plus divers. Il se croit capable de vendre du creux à un tambour et du sable aux Sahéliens. En Afrique, un « grand ami de la France » l’a payé une fortune pour le slogan : « Ensemble changeons le Sénégal ! » Seul problème : ce client de Séguéla était le président sortant depuis dix-neuf ans. Son adversaire l’a donc emporté. L’argent gagné à plumer les dadais permet désormais à Séguéla de financer le journal de Zéro.

Zéro a des idées qui terrifient : « Ma sensibilité est plutôt humaniste et je crois en Dieu. Politiquement, je rejoins le parti des abstentionnistes. Je pense qu’il est temps de mettre sur pied un pôle social-démocrate important. Mon principal ennemi, c’est le FN. » À vrai dire, Le Pen ne finance aucune des opérations de Zéro. Car Zéro a expliqué : « On ne mord pas la main qui nourrit. C’est partout pareil. Moi, j’ai la sincérité de le dire. » En revanche, dès qu’il interroge un syndicaliste, Zéro n’hésite pas : « Quand on voit dans la presse que les cheminots branlent rien, qu’ils travaillent 30 heures par semaine, qu’est-ce que tu réponds ? » À une interrogation de ce genre, PLPL aurait répondu : « Je dis, Zéro, que ta question est bien celle d’un larbin du patronat. »

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Daniel Schneidermann ne piétine que des ruines
D
aniel Schneidermann vieillit. Plus vite que les autres. Et chaque saison audiovisuelle rend plus clair l’objet de ses rêves : devenir Michel Field. C’est-à-dire servir de faux critique, rencontrer le président de la République, créer sa boîte de prod’, disposer d’une audience moins minuscule que celle de La Cinquième qui l’abrite, être enfin reconnu dans la rue. Bien sûr, il dispose déjà d’une chronique dans le cahier télé du Monde. Mais chacun sait qu’il la bâcle et personne ne la lit plus guère. Il arrive que le chroniqueur télé Philippe Lançon ait du talent plusieurs jours de suite dans Libération. Une fois par semaine est devenu hors de portée pour Schneidermann. C’est pitié : il peine, il tire la langue. Alors il préfère la télé, moins exigeante.

      
Schneidermann :
« Qui a trié Alain Minc ?
Ou Bernard-Henri Lévy ?
Rien d’autre que leur habileté, leur talent, leur travail, leur sincérité.
Personne d’autre.
 »

      

Son rôle est simple : être le critique consacré — et ne jamais critiquer autre chose que des broutilles ou des cibles déjà détruites par les autres. Quand les médias mentent, il absout. Le matraquage en faveur de la monnaie unique ? « Il m’a toujours semblé, sur l’euro par exemple, ou sur le référendum concernant Maastricht, que les médias traduisaient la diversité des approches. » Le pilonage pro-américain de son quotidien pendant la guerre du Golfe ? « Au Monde, les débats ont été très vifs et cette pluralité s’est traduite dans les colonnes du journal. » La servilité pro-OTAN de la quasi-totalité des médias au moment de l’opération du Kosovo ? « Le traitement a été très différent de celui de la guerre du Golfe. Beaucoup de dérives ont été évitées au Kosovo. »

Autant de prévenance ne pouvait pas rester très longtemps sans récompenses. C’est un amoncellement de fleurs qui a donc accueilli le dernier petit opuscule, pourtant manifestement raté, de Schneidermann. Le Journal du Dimanche a estimé : « C’est un travail remarquable, par la rigueur des analyses et l’objectivité de l’écriture. Et qui vient à point, de surcroît. C’est également, par touches successives, par approches convergentes, un véritable petit traité sur le métier de journaliste. Un livre nécessaire au moment qu’il faut. » Laurent Joffrin a fait de la retape lui aussi. Et Le Monde n’a pas oublié de saluer l’œuvre de son journaliste. Il faut dire que des personnalités aussi considérables que BHL, Alain Duhamel et Alain Minc sont les têtes de gondole de ce quotidien. Or qu’avait dit d’elles le critique Daniel Schneidermann ? « Des vedettes dont le cynisme, toujours contenu, n’a pas dévoré la curiosité, la faculté d’indignation, la capacité de renouvellement. Ce sont la sincérité et le talent qui opèrent le tri parmi les maîtres des médias. Qui a trié Alain Minc ? Ou Bernard-Henri Lévy ? Rien d’autre que leur habileté, leur talent, leur travail, leur sincérité. Personne d’autre. » Et la sincérité de Schneidermann vaut presque celle d’Alain Minc.