| « Jacques Chirac et Lionel Jospin sont assurés du second tour. » Le 16 avril dernier, cinq jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, Serge July rassemblait en une phrase scintillante de perspicacité tout le génie de sa profession. Plus tard, il conseillerait à la gauche d’affaiblir Chirac en l’ensevelissant sous les bulletins de vote. Nouveau triomphe de la manœuvre ! Le directeur de Libération ne faisait cependant que répéter ce qu’il avait lu et entendu ailleurs, chez ses maîtres penseurs, les sondeurs menteurs. Ils ne s’amenderont jamais. Avoir menti au moment de la guerre du Golfe, puis de celle du Kosovo, puis de celle d’Afghanistan, leur fait désormais apprécier le goût de la vérité comme on savourerait une glace à la morue. Mais falsifier ne suffisant pas toujours à remplir un journal, mieux vaut disposer de figures imposées auxquelles se raccrocher. Les perroquets du PPA pépient alors comme des oies : le monde est en « crise » ; les peuples sont « en retard » ; les choses sont « complexes ». Pour le Parti de la presse et de l’argent, un journaliste devient exemplaire lorsque son cerveau reptilien a perdu la capacité d’abriter plus de trois « idées ». Outre la cupidité et la paresse professionnelle, les refrains des décerveleurs ont un ressort commun : l’amour de l’Amérique. Elle résout les « crises » à coup de canons, à la « modernité » sert d’étalon, à la « complexité » donne raison : « Qui n’est pas avec nous est avec les terroristes. » (Double V Bush)
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