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Si
PLPL n’existait pas :
Nul
ne rappellerait que Michel Bon, responsable de l’endettement
le plus massif du monde en tant que PDG de France Télécom, est
aussi, depuis 1991, administrateur de la Société des lecteurs
du Monde, une société actionnaire du QVM. Le président
de cette société se nomme Alain Minc, conseiller du principal
actionnaire privé du QVM, François Pinault, et « plagiaire
servile » (jugement du tribunal de grande instance de Paris,
28 novembre 2001, lire PLPL
n° 8).
Nul
ne rappellerait qu’avant d’avoir ruiné les contribuables français
Michel Bon avait été PDG de Carrefour puis directeur général
de l’ANPE (nommé à ce poste par Édouard Balladur grâce à une
intervention d’Alain Minc, alors balladurien frénétique, comme
Le Monde). Michel Bon avait également, à la demande du
Plagiaire Servile et de Jacques Lesourne, économiste ultralibéral
et prédécesseur de Ramina [Jean-Marie Colombani] à la direction
du QVM, échafaudé avec El Paìs, La Repubblica
et The Independent un projet de quotidien du matin destiné
à concurrencer Libération.
Nul
ne rappellerait que, directeur général de l’ANPE, Bon déclara,
en octobre 1994, au cours d’un colloque sur l’exclusion, qu’il
existait « des personnes avec lesquelles on a du mal
à se sentir de plain-pied, les étrangers, et plus la couleur
est foncée, plus on a du mal à se sentir de plain-pied ».
Précisant son propos humaniste, ce « fervent catholique »
(Stratégies, 30.11.01) avait fustigé « les gens
qui ont des problèmes personnels un peu lourds, parce que toutes
les sociétés en ont : notre lot de débiles légers, notre
lot de neurasthéniques et d’acariâtres, d’alcooliques, etc. ».
Le MRAP avait poursuivi Bon pour « discrimination raciale ».
Tout en le relaxant en février 1996, le tribunal de grande instance
de Paris – décidément spécialisé dans les procédures intentées
à des administrateurs de la société des lecteurs du QVM –
avait tenu à préciser que, pour Bon, « le seul fait
d’appartenir à la race noire rendrait difficile, aux yeux des
employeurs, dans les activités de service, une relation aisée
et naturelle avec le client ». Pour le tribunal, de
tels propos contenaient une « connotation raciste manifeste.
[…] En semblant reprendre à son compte l’explication,
voire la justification d’une telle discrimination, le prévenu
tient un discours qui […] n’apparaît pas exempt de tout
mépris ».
Nul
ne rappellerait qu’à peine un an après ses propos à « connotation
raciste manifeste », Michel Bon était réélu, pour un nouveau
mandat de six ans, administrateur de la Société des lecteurs
du Monde, lors d’une réunion à laquelle participèrent
Ramina [Jean-Marie Colombani] et le Roi du téléachat [Edwy Plenel].
Également administrateur à Air Liquide, Bull, GrandVision, Lafarge,
Sonepar, Michel Bon était particulièrement qualifié pour défendre
l’indépendance de la presse contre les prédateurs de l’industrie
et de la finance…
Si
PLPL n’existait pas, nul ne rappellerait que l’hebdomadaire
des publicitaires, Stratégies (30.11.01), a décerné à
Michel Bon le titre d’« Homme de l’année » 2001, sans
doute parce que, cette année-là, France Télécom avait été le
plus gros annonceur de France (353 millions d’euros). Une telle
manne explique d’ailleurs en partie l’adulation qui a nimbé
Michel Bon dans les médias.
Nul
ne rappellerait que, interrogée sur l’entrée en Bourse de France
Télécom, la journaliste de France Inter Brigitte Jeanperrin
expliquait le 12 novembre 1998 à un auditeur sardon excédé par
La Peste France Inter (lire PLPL
n° 7) : « Soit on garde notre vieille deux-chevaux,
soit on ouvre le marché et on va chercher de l’argent sur le
marché – c’est-à-dire vous les Français, les salariés de
France Télécom, les institutionnels et l’international –
pour créer des alliances stratégiques dans certains secteurs
de France Télécom et ainsi faire progresser notre petite voiture
française pour qu’elle devienne une vraie Porsche, une vraie
voiture de compétition capable de rester dans les leaders mondiaux.
C’est pour ça qu’on le fait. » Eh bien, Brigitte, c’est
très réussi !
Michel
Bon aurait voulu aller plus loin que Brigitte Jeanperrin. En
1999, il fanfaronnait : « Le 20 septembre 1997,
France Télécom est devenue une entreprise cotée. Quatre millions
de Français – et les trois quarts de ses salariés –
ont acheté ses actions. Plus qu’un événement, c’est un symbole :
la reconnaissance que le marché est devenu le meilleur moyen
de servir ses clients. J’espère que cette réalité touchera bientôt
les services non marchands, comme l’éducation et la santé. »
(Capital, décembre 1999) Depuis « le 20 septembre
1997 », l’action de France Télécom a perdu les deux tiers
de sa valeur…
Nul
ne rappellerait que Frédéric Lemaître, journaliste du Monde
fanatique des privatisations, réclamait, lui, la destruction
de l’entreprise publique dès 1995 : « L’introduction
de la concurrence apparaît inévitable dans la plupart des secteurs,
en particulier les transports et les télécommunications. Autant
l’organiser pour qu’elle bénéficie aux consommateurs et aux
contribuables davantage qu’aux actionnaires et aux opérateurs. »
(12.10.95)
Nul
ne rappellerait que, grâce à Juppé qui l’a nommé, Jospin qui
l’a confirmé, le PPA qui l’a léché, Michel Bon a réussi à transformer
France Télécom en l’entreprise la plus endettée du monde. Et
que, pendant que Bon nous ruinait, Le Monde faisait comme
tout le monde : il enquêtait sur les sujets d’importance :
Lady Di, Loft Story, etc.
Une
leçon de journalisme qu’on n’oubliera pas. Puisque PLPL
existe.
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