| Les récentes fusions dans le secteur de l’information n’ont pas distrait les médias dominants de leur mission de marchands de dinde de Noël. Leurs patrons aux yeux vitreux sont plus émoustillés par le « débat » sur la pornographie ou sur la calvitie d’Alain Juppé. De tels sujets « de société » concourent à l’expansion du parti de la presse et de l’argent (PPA). Mais on ne naît pas propagandiste d’une multinationale de presse ; on le devient dans une école de journalisme. Ces incubateurs de la pensée marchande « éduquent » tout ce qui comptera — c’est-à-dire écrira, glosera, plagiera — dans l’univers des médias. Le Centre de formation des journalistes, auquel PLPL consacre son dossier, ne se contente pas de biberonner les larves les plus prometteuses du PPA. Il sert aussi de bassin d’écoulement aux eaux usées de Sciences Po, point de convergence obligé des éditorialistes fats, des sondeurs incapables et des « chercheurs » les plus demeurés. La médiocrité des médias n’indispose plus les intellectuels critiques, avachis sur des plateaux de téléachat. Il y a soixante-dix ans, le sardon Nizan observait déjà : « Que font les penseurs de métier au milieu de ces ébranlements ? Ils gardent encore leur silence. Ils n’avertissent pas. Ils ne dénoncent pas. Ils ne sont pas transformés. Ils ne sont pas retournés. L’écart entre leur pensée et l’univers en proie aux catastrophes grandit chaque semaine, chaque jour, et ils ne sont pas alertés. Et ils n’alertent pas. L’écart entre leurs promesses et la situation des hommes est plus scandaleux qu’il ne fut jamais. Et ils ne bougent point. Ils restent du même côté de la barricade. Ils tiennent les mêmes assemblées, publient les mêmes livres. Tous ceux qui avaient la simplicité d’attendre leurs paroles commencent à se révolter, ou à rire. »
D’un rire sardonique… Les écoles du P.P.A « Les médias, c’est une industrie. On vend du papier comme on vend des poireaux. » Tenus par PLPL, ces propos seraient condamnés par les grossistes en déontologie comme une scandaleuse attaque contre la « liberté de la presse ». Pourtant, l’auteur de ces mots enseigne au Centre de formation des journalistes (CFJ), la plus prestigieuse école française de journalisme. Basée à Paris, rue du Louvre, elle déforme les 54 malheureux sélectionnés parmi 650 candidats. De cet incubateur sont déjà sortis Pierre Lescure, Mouchard [Laurent Joffrin], Gildas, PPDA, Giesbert, Pujadas, Helvig, Amar, Bouvard, etc. À leur tour, ces « journalistes » bêtes et bavards forment au CFJ ceux qui écriront sur tout. Pendant deux ans, les enseignants vont vriller dans les cerveaux les règles d’or du journalisme : produire vite et mal, obéir, savoir vendre, apprendre à se vendre. Le sardon François Rufin (1) a enquêté dans la promotion 2002 de l’école du PPA. Jour après jour, il a noté au mot près les propos des formateurs, des intervenants extérieurs, de la direction de l’établissement, les réactions des étudiants. Il en a tiré un livre, Les Petits Soldats du journalisme, qui paraîtra en février 2003 aux éditions Les Arènes. PLPL s’est procuré une copie de ce manuscrit délicieux et livre en exclusivité le récit de l’épouvantable expérience d’un apprenti-journaliste.  Lire la suite de ce dossier
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