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La mort de Bob Le
cœur du camarade Hue a cessé de battre. Alain Madelin et Daniel Cohn-Bendit ont réclamé une minute de silence lors d’une cérémonie d’attribution des Trophées de la start-up européenne performante (TSUEP). Puis ils ont déclaré, bouleversés : « Nul n’avait fait davantage que Bob pour réhabiliter l’entreprise capitaliste en France. Nous avions fait connaissance alors que Jean-Claude [Gayssot] dédicaçait des premières actions privatisées d’Air France. Bob va nous manquer. » Bernard-Henri Lévy : « Il fut mon meilleur compagnon de route. Nous partagions une même aversion pour le communisme. Et, lors des élections européennes, comme l’a raconté l’Huma hebdo, j’avais d’ailleurs conseillé à mon ami de SOS Racisme : “Fodé, fais un Pacs avec Robert Hue” 1. Il va me manquer. » Jean-Luc Lagardère : « C’est une série noire pour le groupe Lagardère. Déjà je venais de perdre mon cheval préféré, Happy Business. Tous deux vont me manquer. Le décès de Robert pourrait remettre en cause le soutien que nous nous apprêtions à apporter à L’Humanité. Si ce journal redevenait cette espèce de brûlot créé par un pacifiste comme Jean-Jaurès, un industriel de l’armement comme moi n’y investirait pas un euro. 2» Georges W. Bush : « Nous étions d’accord sur l’essentiel, notamment les privatisations et le rock’n’roll. Il restait encore la question de la peine de mort pour nous distinguer. Mais je sentais que M. Hue, qui avait su il y a vingt ans dénoncer à la police des petits revendeurs de drogue, pourrait également évoluer sur les questions de sécurité. » Alain Duhamel : « Je suis inconsolable. Robert Hue était le seul homme politique à lire mes éditoriaux de Libération crayon en main. Il lui est souvent arrivé de me citer dans ses rapports devant le Comité national de son parti 3. Le combat des Titans l’a toujours passionné. D’ailleurs, la semaine dernière, il m’a appelé pour que nous commentions un sondage sur les images respectives de Bayrou et de Douste-Blazy. » Nicole Notat (qui dégustait des gnocchis confectionnés par son ami Ernest-Antoine S.) : « Hue était comme moi, il ne comprenait rien aux luttes hargneuses des ouvriers contre les entreprises et le développement du e-profit. Plus d’une fois, il m’avait aidé à saborder des grèves ruineuses pour notre économie. Son communisme me convenait tout à fait. » Philippe Val : « C’était avant tout un homme de débat. Il respectait ses adversaires au point d’en faire ses amis. » Jacques Attali : « Ce n’est pas parce que je suis en prison que je suis à l’écart des grandes émotions collectives. Robert Hue était avant tout un homme de culture et un homme de goût : le 18 janvier 1999, je l’avais invité avec Jean Tibéri, Michel Drucker et Christine Ockrent à la générale de ma pièce Jugement dernier 4. Ses applaudissements frénétiques au moment où le héros parvient à vendre des armes ruineuses à un pays africain qui meurt de faim m’avaient confirmé que j’avais du génie. Et qu’une telle idée, non plagiée, pourrait avoir des débouchés dans les affaires. » Liliane Marchais : « Je ne veux pas avoir l’air de défendre la mémoire de mon mari, mais Robert Hue a prouvé qu’il était possible de saborder le Parti communiste encore plus vite que Georges ne l’avait fait. Il est vrai que, dans le cas de Robert Hue, ce fut volontaire. » 1.
Citation authentique (L’Humanité hebdo, 20.03.1999). Il s’agit
de Fodé Sylla, ancien responsable de SOS Racisme, élu sur la liste du
Parti communiste aux élections européennes.
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