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Ardisson : Vous avez eu deux idées géniales pour ce bouquin. La première, c’est le titre, […] c’est évidemment de reprendre l’expression des Guignols. Très bonne idée. Et puis vous dévoilez votre salaire. Alors ça alors c’est tellement rare en France des patrons qui dévoilent leur salaire. Vous gagnez combien ? Jean-Marie Messier : L’an dernier j’ai gagné 20 millions de francs brut, c’est à dire 7 millions de francs net. [...] Ardisson : Moi j’ai juste une question à vous poser sur le look. Vous êtes un homme organisé, vous préparez bien les trucs, vous êtes tenace, pourquoi vous vous coiffez comme moi en gros. C’est-à-dire : pourquoi avoir la raie sur le côté, pourquoi ne pas avoir une coiffure un peu plus moderne ? Jean-Marie Messier : Vous me préféreriez en brosse ? Ardisson : Non mais je vous pose la question. Vous y avez pensé, à ça ? [...] Ardisson : Votre grande idée, vous avez eu une grande idée quand même, et c’est ce qui fait notamment votre force, c’est le parler vrai. C’est-à-dire que finalement, à la différence des hommes politiques et de certains animateurs de télévision, vous vous imposez un devoir de transparence, et vous dites les choses : quand on vous pose une question, vous y répondez. [...] Ardisson : Alors vous êtes un grand patron mais en même temps [...] vous avez un côté social qui vient sans doute de votre éducation catholique. Catholicisme social, tout le monde connait. [...] Ardisson : Alors Jean-Marie Messier on peut dire aussi que vous êtes resté très simple. Par exemple, vous faites du RTT, de la récupération du temps de travail, c’est-à-dire qu’une fois par semaine, le mercredi, vous allez voir vos enfants. Chez vous, je sais, il n’y a pas de tableaux, il n’y a pas de meubles anciens. Vous dites : « Je ne suis pas jet-set ». Vous n’avez pas une limousine avec les vitres fumées et des assistants qui vous allument vos cigarettes par exemple ? [...] Ardisson : Alors, Jean-Marie Messier, vous n’avez pas non plus beaucoup d’épouses. Vous n’en avez qu’une. Non, parce qu’avec le pognon que vous avez, vous pourriez en avoir plusieurs. Et vous n’en avez qu’une, voilà. Et c’est la même depuis vingt ans en plus. Et elle est prof de physique dans un lycée, donc vraiment c’est…voyez... bon... vous êtes simple, finalement. C’est la fille d’un général en plus. Pour élever les enfants, c’est pas idiot. [...] Ardisson : J’essaie de vous critiquer, mais j’avoue que c’est très compliqué. Dans le prologue de votre livre, en plus, vous vous critiquez vous-mêmes. Vous savez, vous êtes très malin. Vous dites dans le prologue du livre : « Jean-Marie, tu en fais trop ». Donc comme ça après c’est difficile de vous dire : « Jean-Marie, tu en fais trop » parce que vous l’avez dit dans le prologue du livre. Jean-Marie Messier : Ça c’est ce que j’entends tous les jours. Ardisson : Vous êtes d’une habileté redoutable ! Bon, vous en faites trop dans les médias, moi je ne trouve pas. Enfin, vous vendez votre livre comme tout écrivain [sic]. Pas plus que Frédéric Beigbeder en tout cas. Vous êtes grisé par cette notoriété un peu soudaine ?
C’est sans doute un entretien de ce type qui a conduit Laurent Mouchard-Joffrin à avouer son admiration pour Ardisson 1. (Lire, dans ce numéro, « Quand Mouchard ne ment pas », p. 9.) 1. Le Nouvel Observateur, 26.10.2000. La santé de Mouchard susciterait les plus vives inquiétudes. Il ne cesserait d’arpenter les couloirs du Nouvel Observateur en sifflotant des chansons de Serge Lama. Coiffé d’un bicorne, l’air sombre et la main glissée sous son gilet, il proposerait aux employés du journal des dédicaces de son nouveau livre consacré aux Batailles de Napoléon (Seuil). Par crainte ou par charité – peut-être les deux – beaucoup n’osent pas refuser.
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