feu !« IL y a une règle non écrite dans la presse, c’est qu’on n’attaque pas les confrères. » Le propos n’émane pas d’un gauchiste échevelé, mais du vénérable gibbon rocardien Jacques Julliard, assoupi sur le plateau de LCI (28.2.03). L’autre règle, tout aussi non écrite et scrupuleusement observée, a été énoncée par Franz-Olivier Giesbert, directeur du Point : « Moi, je passe mon temps à déjeuner ou à dîner parce que j’ai la passion de l’information » (France 5, 2.3.03). Oui, Giesbert l’a dit : « Moi je passe mon temps à déjeuner ou à dîner parce que j’ai la passion de l’information ! » Silence (confraternel), bombance, jactance et trafic d’influence balisent les points cardinaux du journalisme de marché. La naissance de PLPL, il y a quatre ans, a zébré cet horizon tranquille d’un grand « S ». Car un spectre hante dorénavant le Parti de la presse et de l’argent (PPA) : le spectre de la Sardonie. Toutes les puissances du PPA sont unies pour traquer la critique radicale des médias : Libération et Le Figaro magazine, Le Nouvel Observateur et TF1, Dassault et Lagardère, France Inter et LCI, les « radicaux » de Charlie et les policiers du Monde. Pour sa vingtième parution, PLPL analyse et balaie les réactions de ses détracteurs. Il est temps d’aller de l’avant. « Si, dans le principe, explique le sociologue sardon Alain Accardo, il est vrai qu’il n’y a pas de vie démocratique possible sans liberté de l’information, dans son état actuel la presse est devenue plus un obstacle qu’une aide à une véritable vie démocratique. » Pour les uns, l’obstacle se contourne ; pour les autres, il se franchit. PLPL va le détruire.

 

 


La lutte est acharnée mais
PLPL ne décerne la laisse d’or
qu’au plus servile.

 

Nul ne symbolise le poing et la rose, l’Europe et le capital, le missel et la banque autant que ce grand chauve. Pascal Lamy, enfant chéri des médias qui mentent, des patrons qui plastronnent et de la gauche qui capitule, est tombé amoureux à vingt-six ans de Jacques Delors. Le chef « socialiste » fait découvrir à son disciple les hôtels de luxe et les meilleures tables : « Avec Pascal Lamy, je rends visite à Kohl, qui nous reçoit à déjeuner dans un très bon restaurant dont le chancelier prisait beaucoup les spécialités locales, notamment la panse de porc farcie » (Jacques Delors, Mémoires, Plon, 2004, p. 332.) La « rigueur » salariale, la vente des services publics aux multinationales, c’est la vie ? Non c’est Lamy ! Lamy est d’autant plus fanatique du libre-échange qu’il exècre le suffrage universel depuis qu’il s’est fait étriller en 1993 par les électeurs de Gisors. En bon socialiste, il se recase à la direction du Crédit lyonnais. Lamy compte plusieurs attachés de presse : Stéphane Paoli et Yves Decaens sur France Inter, Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1, Alain Duhamel sur RTL… Via son ancien conseiller Zaki Laïdi, que Serge July révère, Lamy est chouchouté par Libération. Alain Minc, « un ami proche », lui ouvre les colonnes du Monde. Pascal y signe des textes avec DSK dont il apprécie le socialisme modernisé. Le grand échalas pilote enfin le « comité des sages » du Nouvel Observateur en compagnie de Delors et de Colombani. L’hebdo de Laurent Mouchard-Joffrin ne manque donc jamais de classer Lamy dans sa rubrique « en hausse ». Comme en mars 1998 : « Pascal Lamy a été choisi par Denis Kessler pour présider la commission Prospective du CNPF chargée de la réflexion économique. La nomination de ce patron de gauche pourrait augurer de relations moins conflictuelles entre l’organisation patronale et le gouvernement [Jospin]» Une nomination de ce genre garantissait un autre trophée. En or.