Sardanapale

La légende de Sardanapale conte la déchéance et la mort d’un tyran assyrien – et moustachu. Monarque infatué, célèbre pour ses dépenses somptuaires, il est assiégé par une révolte (612 av. J.-C.). Mais trop pleutre pour affronter les contestataires, Sardanapale, vautré sur son lit à baldaquin, rassemble ses richesses et ses proches au sommet d’un immense bûcher qu’il fait incendier. Il périt dans les flammes au milieu de son or, de ses concubines et de ses eunuques. « Aucun des objets qui avaient servi à ses plaisirs ne devait lui survivre », expliquera Eugène Delacroix, qui peint en 1827 La Mort de Sardanapale. Exposée au Louvres, l’œuvre évoque irrésistiblement le sort qui attend les potentats du PPA (Parti de la presse et de l’argent).
La mort de ...
Sardanapale est de retour ! Ils sont même plusieurs à se repaître des salariés, dans une orgie de rachats, de participations croisées et de licenciements : Serge Dassault, Jean-Marie Colombani, Martin Bouygues, François Pinault, Arnaud Lagardère... Plus le PPA concentre ses richesses, plus le journalisme s’appauvrit et dégénère (lire notre dossier sur « l’affaire Outreau » p. 3 à 5). Guidés par leurs concubins intellectuels, secondés par une noria d’eunuques cérébraux (Edwy Plenel, Brigitte Jeanperrin, Laurent Mouchard, Christine Ockrent), les Sardanapale organisent avec talent le suicide collectif de la presse qui ment (lire p. 2). Le bûcher qui la fera rôtir est dressé. Demain jaillira l’étincelle qui mettra le feu à toute la plaine. Déjà aux États-Unis, la mobilisation contre la « presse patronale » s’amplifie (lire notre reportage p. 11). En France, la révolte gronde. Des manifestations vont exiger le démantèlement du PPA. La réappropriation sardone des grands moyens d’information est à l’ordre du jour.
Vive l’aube, vive le feu, vive la Sardonie libre !
   

 


La lutte est acharnée mais
PLPL ne décerne la laisse d’or
qu’au plus servile.

 

C ’est l’Alain Duhamel de la gauche caviar. Chef-adjoint des Inrockuptibles, Sylvain Bourmeau réussit son premier « coup » en 1998 : il sous-traite à Pierre Bourdieu la direction d’un numéro de son hebdo. Le succès de diffusion vaudra une éphémère réputation de radicalité à ce périodique asthmatique. « Pas besoin d’être un grand prophète, déchantera Bourdieu, pour savoir que dans trois ou quatre ans, Les Inrockuptibles seront une dépendance du Monde » (Propos sur le champ politique, Presses universitaires de Lyon, 2000, p. 77). Justement, nous y voilà. Sylvain avait tant entendu parler de La Misère du monde qu’il décida d’en faire connaître l’expérience à plusieurs salariés de France Culture : en 1999, Laure Adler licencie des animateurs pour mieux quadriller l’antenne grâce à des « éléments sûrs » comme Colombani, Alexandre Adler, Finkielkraut, etc. ; Bourmeau hérite aussitôt d’un micro. Jusqu’à sa mort, en 2002, Bourdieu ne mettra jamais les pieds dans son studio, « aller chez Bourmeau » devenant même dans sa bouche la signature d’une corruption intellectuelle. Le sociologue, mais aussi les grévistes de Radio France, ont un petit nom pour Sylvain : « le jaune ». Philippe Corcuff, devenu son maître à penser, survole pour lui les livres assez inoffensifs pour être léchés à l’antenne. Tout écrivain haïssant la critique radicale des médias trouve table ouverte chez Sylvain. Un client régulier, Edwy Plenel, aurait appelé l’émission « ma cantine : on est toujours bien servi ». Le roi du téléachat sait rendre la pareille : au printemps 2004, la pétition bourmiste – et modeste puisqu’il s’agissait de défendre « l’Intelligence »… – fut relayée à la « une » du Monde plusieurs jours de suite. Intelligentes, les fréquentations de Sylvain sont également utilitaires : rubrique « copinages » de Charlie hebdo, Jacques Julliard et Justine Lévy (Mademoiselle BHL), à qui il vient, quelle audace, de décerner un prix. Une récompense en appelant une autre – Sylvain, tu aimes le jaune ? –, viens donc Bourmeau chercher ta laisse d’or.