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Riche en reniements, le parcours de Libération éclaire autre chose que le destin étriqué d’un petit journal de petits bourgeois espérant dissimuler sous des « audaces » sexuelles et culturelles leur impeccable conservatisme économique. Car Libération fut aussi le laboratoire d’une métamorphose. Celle d’une gauche passée à droite qui aime le bio, les boutiques pour « bobos », et qui réserve au peuple le bâton policier, les hypermarchés javellisés et les joies de la précarité. « Libération, c'est quasiment le journal de Johnny Halliday. » Serge July fanfaronne. Son quotidien ne vaut rien. Ses seules marques de distinction sont l’évocation incessante de Mai 68, les entretiens-fleuves avec Cohn-Bendit et la rubrique « Échecs ». Libération est un miracle : mal fait, mal écrit et malfaisant, il conserverait quelques acheteurs au moment où PLPL est mis sous presse. Mais les miracles n’ont qu’un temps : ses vieux lecteurs trépassent et la diffusion coule. Libération a tout fait avant les autres : récupération de la contestation par la publicité célébrée comme un art ; diversification multimédia et alliances financières qui permirent à July de gloser sur tous les fronts et de brailler à la télé avec Christine Ockrent ; fichage des journalistes et salaire au rendement ; vente du journal à une entreprise thatchérienne de capital-risque en attendant la Bourse. Toutes ces audaces ont été imitées : les plagiaires prospèrent ; pour le laborantin, tintin. Libération expire. Éduquée par ses soins, la bourgeoisie n’a plus besoin de lui. Elle le chasse pour édifier dans les colonnes avilies du Monde son nouveau mirador de l’ordre capitaliste. Une équipe héroïque de PLPL a néanmoins décidé, avant qu’il ne soit trop tard, d’autopsier, pour l’histoire, les lambeaux de papier putréfiés de « Libé ». Lire le dossier dans le journal papier pages 3 à 6
Adler
a la laisse, Laure a l’or. Laure Adler a la laisse d’or. Après l’Élysée, Laure dirige une collection chez Grasset, comme BHL. Elle trahit un de ses auteurs, biographe de Delon, en transmettant à l’acteur le synopsis du texte qui le met en cause. Delon en fait interdire la publication. Laure explique : « Je ne vois pas comment ce livre aurait pu se faire sans l’accord d’Alain Delon. » Ceux que Laure adore, ce sont les patrons. Mémorialiste d’Antoine Riboud – avec son accord ! –, elle explique sur LCI à Jean-Marc Sylvestre ravi : « Grâce à Antoine, j’ai découvert d’autres patrons. Parce que c’est un milieu extrêmement séduisant ! Il sont très sympas et très sincères, les chefs d’entreprises. Les intellos méprisent les milieux d’affaires. Sauf à France Culture. » Nommée directrice de France Culture par un Cavada voulant plaire à Jospin et aux patrons, elle licencie les professionnels pour transformer la station en annexe du Monde et des journalistes ou essayistes les plus larvaires (Finkielkraut, Bourmeau, Glucksmann, etc.). Philippe Val y devient chroniqueur après avoir soutenu la guerre du Kosovo. En mars dernier, un journaliste de France Culture s’entretient avec Jean-Marc Rouillan, critique littéraire de PLPL (n° 1) et membre d’Action directe, qui dénonce les abjectes conditions de détention et réclame un statut de prisonnier politique. Sous la pression d’un syndicat de magistrats pétainistes, Laure suspend la diffusion et attend l’autorisation de Cavada. Quand elle l’obtient, elle lâche sur les ondes des auditeurs hurlant au scandale et exige que sa chaîne « se démarque clairement » des propos de Rouillan. Pour sa frénésie de censures, Laure assurément méritait l’or.
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