Septembre-décembre 2003, une saison musicale de Sébastien Morlighem
Avant de devenir programmation-fleuve de trois heures, il y avait trois compilations CDr, qui me sont arrivées l’une après l’autre, au bon moment. Elles venaient longtemps après d’autres qui m’avaient fait découvrir tout un monde enfoui, des morceaux rares de groupes que je connaissais ou bien des morceaux rares tout court que je n’avais jamais entendus, certains que j’avais perdus, des morceaux d’une enfance et d’une adolescence que je n’avais pas ouvertement connue : les années 1976-1982 à peu près, comme une autre vie possible.
Trois compilations composées de ces musiques qui nous formaient de façon souterraine (underground) et qui nous font comprendre après coup ce que nous sommes. Il suffit d’écouter « Mon amour » du groupe Alvi & the Alviettes ou bien « Inching – Is the Machine Recording ? » de William Burroughs et d’aller jusqu’à Ghedalia Tazartes puis Colleen pour saisir une continuité de nous-mêmes qui nous échappe souvent mais que la musique nous restitue.
Cette continuité souterraine donne une puissance de révélation (celle des rapprochements et des découvertes ou des redécouvertes) et une force d’enveloppement due aux liaisons de plus en plus inouïes (j’emploie cet adjectif au sens propre de « jamais entendu ») que Sébastien fait entendre en passant d’un morceau à l’autre (voir l’enchaînement des quatre premiers morceaux par exemple), d’une époque à une autre. Ces compilations, je les reçois comme une lettre, comme une adresse, comme le son d’un ami.
Tiphaine Samoyault