Gilles Balbastre : Journal d'un J.R.I ou les sherpas de l'info | ||
Samedi 15 janvier 9h – salle de montage de France 3 Nord :Pas-de-Calais C.H. a toute la matinée pour monter le sujet. Après un dérushage d’une heure, et après le choix des différents passages des ITW, le montage peut commencer. Le sujet est monté dans l’après-midi et envoyé vers 16h. C.H. est obligé de refaire le mixage après le visionnage du sujet par le rédacteur du « 20h », G.Q. Celui-ci n’est pas d’accord avec une phrase du commentaire qui parle de « reculade gouvernementale ». Le rédac’chef considère que c’est un terme inapproprié et souligne le fait qu’il s ‘agit d’une décision du Conseil Constitutionnel. Il fait remarquer également que le sujet est trop long. Il est vrai qu’il fait 2 mn 05… Dimanche 16 janvier Nous sommes de permanence toute la journée, mais il ne se passe rien d’intéressant dans l’actualité…. Pour un journal télévisé. Lundi 17 janvier 9h – bureau de France 2 à Lille La journée s’annonce calme. Après l’écoute de la radio, après la lecture des journaux, après le dépouillement du courrier, nous ne voyons rien à proposer à Paris. D’autant plus que les sujets que l’on propose ont tendance à passer à la « trappe ». Un reportage, réalisé le 9 décembre 1993 n’est toujours pas passé et ne passera sûrement pas. Il abordait les problèmes engendrés par la baisse des crédits accordés par le ministère des affaires sociales aux Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale, (CHRS). Ces structures, qui existent un peu partout en France, sont des lieux d’accueil et de réinsertion pour les « sans domicile fixe ». Alors que dans tous les médias, le gouvernement répète la nécessaire solidarité avec les SDF, sur le terrain il fragilise les CHRS en faisant des coupes sombres dans leur ligne budgétaire. Pour illustrer les conséquences néfastes d’une telle décision, nous avons pris l’exemple d’un CHRS situé à Lens. Le sujet n’est jamais passé. Le sujet du 4 janvier, sur le problème de la réinsertion des transitaires en douane, est passé également à la « trappe ». Ces deux reportages avaient été réalisés, bien sûr, avec l’aval, comme toujours, de nos chefs. Nous avons tendance donc, depuis quelques temps, à être plus frileux pour faire des propositions. Pourtant, la semaine précédente, un responsable d’une importante association à caractère social du Pas-de-Calais, avec qui j’ai tissé des relations cordiales de travail, m’a entretenu de la création, dans ce département, d’une agence immobilière « sociale ». En utilisant une panoplie d’aides anciennes et nouvelles (Front social du logement, APL, subventions départementales de la DASS, etc.), l’agence offre la possibilité à des « sans abri » d’avoir un logement. Des employés prospectent des propriétaires pour les inciter à louer des appartements à ce type de population. En échange, l’agence se porte garante d’une partie des loyers non payés. L’expérience est mise en place depuis quelques semaines et commence à porter ses fruits. J’en parle à C.H. qui trouve cette histoire intéressante, mais il a très peur que nos chefs ne soient pas du même avis. Ce projet de reportage est donc enterré. Il me dit qu’il serait plus opportun de proposer des sujets plus légers. Mardi 18 janvier 9h – bureau de France 2 à Lille La matinée se déroule dans le train-train habituel. Bien sûr, il y a des licenciements dans plusieurs entreprises de la région. Bien sûr il y a des occupations d’écoles par des instituteurs et des parents d’élèves. Bien sûr il se passe des tas de choses. Oui mais cela n’a pas assez d’ampleur pour que nos chefs soient intéressés, pour que nous, télé nationale, nous en parlions. 14h – bureau de France 2 Un confrère de France 3 Nord/Pas-de-Calais vient de recevoir un appel téléphonique anonyme. Selon cet appel, un conseiller régional socialiste et conseiller municipal de Calais, est en garde à vue depuis le matin. Cet ancien député, récemment battu aux dernières élections législatives, est une figure du Pas-de-Calais. Le confrère prévient aussitôt C.H. qui possède de sérieuses relations au sein du monde judiciaire régional. Il téléphone au juge de Boulogne qui instruit l’affaire. Celui-ci confirme qu’André C est en garde à vue et qu’une information est ouverte par le parquet pour trafic d’influence sur le marché public. Des perquisitions ont eu lieu tôt le matin à son domicile personnel et à son bureau à la mairie. En fait il est soupçonné d’avoir usé de son poste d’adjoint pour donner des marchés à des entreprises en échange de sommes d’argent importantes. Cet argent aurait servi à financer sa campagne électorale pour les législatives de mars dernier, législative où il a été battu. Le juge, que connaît C.H., lui donne toutes ces informations petit à petit, avec beaucoup de retenue. L’affaire est délicate et l’instruction est loin d’être bouclée. Pour nous toutefois, cette affaire n’a pas une importance nationale et C.H. ne prévient même pas « Paris ». Mercredi 19 janvier Je suis de repos. Rien à signaler de la journée. Jeudi 20 janvier 9h – bureau de France 2 à Lille La matinée est encore et toujours calme. Vers 11h, une responsable du Planning Familial téléphone à C.H. pour lui faire part d’une grave décision les concernant. Depuis le changement de majorité du Conseil Général du Nord, (la droite à emporté les dernières élections cantonales en mars 1992), les subventions allouées au Planning Familial sont sérieusement menacées. Le nouveau responsable du secteur social veut s’attaquer aux associations au profil de « gauche ». Cette fois-ci, il veut diminuer de 70 à 80 % le budget de cette année, alors que le Planning reçoit près de 25 000 personnes par an, qu’il possède quatre centres dans le département et qu’il emploie une quarantaine de personnes. C.H. discute avec elle un bon quart d’heure et lui précise qu’il est un peu tôt pour faire un reportage et que de toute façon il y a peu de chance que « Paris » accepte ce sujet : cela fait trop local. C.H. ne dit rien pour le moment à nos chefs. 14h – bureau de France 2 Nous avons reçu un fax de l’opposition à la majorité du Conseil Régional Nord/Pas-de-Calais. Nous sommes conviés à une conférence de presse dans un grand hôtel de Lille. Ce fax est signé par l’UPF, le groupe dit « Borloo », du CPNT et d’un indépendant, transfuge de Génération Ecologie. Cette coalition, représentant 43 élus, a réussi, après bien des mois de négociation, à mettre au point une plate forme commune pour tenter d’enlever la présidence du Conseil Régional à Marie-Christine Blandin. La Présidente bénéficie d’une majorité très relative de 34 élus. Nous décidons d’aller à cette conférence de presse, sans caméra, à titre d’information. En effet, deux gros dossiers sont en suspens : la signature du prochain contrat de plan Etat-région et le vote du budget du CR, une première fois repoussé en décembre dernier. Seule la presse locale est présente. Nous n’y apprenons pas grand-chose, si ce n’est que les prochaines semaines risquent d’être difficiles pour Marie-Christine Blandin face à cette nouvelle coalition. Avant la fin de la conférence, la journaliste de France 3 Nord/Pas-de-Calais nous demande si nous ne pouvons pas faire des interviews à sa place, car elle a encore deux sujets à monter. C.H. lui oppose un refus poli, en me confiant qu’elle ne « manque pas d’air ». Vendredi 21 janvier 9h – bureau de France 2 à Lille C.H. est parti en repos. Il me dit sous forme de boutade : « Maintenant que je m’en vais, vous allez enfin travailler ». Il est remplacé par O.E. La lecture des journaux régionaux nous apprend que Bernard Tapie a été entendu jeudi après-midi par les juges Persyn et Vandigenen dans la plus grande discrétion, sans la présence des médias. Puis, comme tous les matins, nous allons dans les locaux de France 3, où est installé le fil AFP, pour y lire les nouvelles dépêches. Nous regardons l’AFP toutes les deux heures environ. Une collègue syndicaliste de France 3 en profite pour nous informer qu’elle a appris que les bureaux de France 2-région étaient menacés. Elle était présente à Paris la veille, et c’est par la bouche du PDG de France 3, Xavier Gouyou-Beauchamps, qu’elle a su la nouvelle. Nous ne sommes étonnés qu’à moitié, car depuis la nomination de Jean-Pierre Elkabbach, le nouveau PDG du service public de télévision, des bruits courent sur notre prochaine disparition. 14h – bureau de France 2 Une dépêche tombe avec comme titre : « Ouverture d’une information pour subornation de témoin contre le juge Beffy ». La dépêche précise que c’est le juge marseillais, Nicole Besset, qui a ouvert cette information, suite à une plainte déposée par les défenseurs de Jean-Pierre Bernès en septembre 1993. L’ancien directeur de l’OM dit avoir reçu deux appels téléphoniques du juge Beffy, lors de sa garde à vue au commissariat de Marseille. Le juge Beffy en aurait profité pour faire pression sur lui. O.E. qui a vu la dépêche, fait le « morte » vis-à-vis de Paris. Elle ne veut pas bondir à la moindre information qui tombe sur cetta affaire. Pourtant, deux heures plus tard, E.C. nous téléphone de la conférence de rédaction : « Il faut absolument essayer de faire quelque chose du côté de Valenciennes. On est leader dans cette affaire, on duit suivre l’histoire. Ce doit être le second sujet du « 20h ». Elle nous demande au passage de nous renseigner sur une histoire de supermarché de la drogue dans le Nord, car elle vient de voir tomber une dépêche. O.E. l’avait déjà relevée à 16h03. 16h – bureau de France 2 O.E. téléphone au juge Beffy qui dit que c’est « une nouvelle tentative de le dessaisir de l’affaire et qu’il fait confiance à la justice ». Pendant ce temps, le correspondant de France 2 à Marseille, R.W., fait sa propre enquête. Il nous téléphone peu après pour nous faire part de ses informations. Nous échangeons quelques propos aigres-doux sur notre chef, E.C., au sujet de son excitation perpétuelle sur la moindre affaire. C’est un sujet de prédilection pour les journalistes de France 2. Puis R.W. infirme complètement la dépêche. Il a téléphoné au procureur du tribunal de Marseille qui lui a donné des informations. Le procureur lui a précisé que le parquet a rendu des réquisitions sur le refus d’informer, estimant qu’il n’y avait pas lieu de donner suite à la plainte. Le doyen des juges d’instruction a donc transmis l’ensemble du dossier au juge Nicole Besset qui a comme possibilité maintenant, soit de suivre les réquisitions du Parquet, soit de décider de les infirmer et d’ouvrir une information. Mais comme le juge est absente pour le moment, (elle siège comme assesseur dans un procès), la décision ne devrait pas intervenir avant la fin du mois. Nous sommes très loin du titre de la dépêche. R.W. nous précise que ce n’est pas tout à fait une erreur de l’AFP. Il nous dit que c’est le directeur de l’AFP-Marseille en personne qui a écrit la dépêche et qu’il s’est déjà signalé dans le passé pour ce genre de pratique. Il a en effet repris texto et uniquement la version Bernès, quand Bernard Tapie a jeté, cet été, une caméra d’une équipe de France 3-Provence à la mer. Les journalistes de France 3 ont téléphoné par la suite à l’AFP et le directeur a refusé de prendre en compte leur témoignage. 17h30 – bureau de France 2 E.C. téléphone quelques instants plus tard pour nous dire que le parquet a fait un démenti et que nous pouvons laisser tomber. Merci chef, nous n’avions pas deviné ! Elle ne désarme pas pour autant et repart à la charge sur l’histoire du supermarché de la drogue. L’histoire n’est pas nouvelle pour nous car depuis deux jours la presse locale en parle. La brigade des stupéfiants de la police de Roubaix, agissant sur commission rogatoire, a interpellé, lundi dernier, treize personnes dans un quartier sensible de la commune de Hem. Parmi les interpellés, il y a quatre membres d’une association locale, le « DJ’s club ». Depuis, des bruits courent et la presse locale s’en fait l’écho. L’association servirait de plaque tournante à un important trafic de haschich, près de deux tonnes en deux ans. Le problème, c’est que cette association reçoit des subventions dans le cadre du DSQ. Nous avons décidé de ne rien faire, C.H. et moi, pour plusieurs raisons. D’abord l’affaire n’en est qu’à son début et un grand nombre d’interpellés étaient encore en garde à vue jeudi soir. D’autre part, aucune information n’a filtré des auditions et il est beaucoup trop tôt pour dire si les membres de l’association en question sont responsables de quelque chose et quelles sont ces responsabilités. La presse locale, qui s’est empressée le premier jour de charger l’association, a mis des bémols le lendemain dans les articles. Enfin, nous ne voulons pas jeter l’opprobe sur le monde associatif en parlant trop vite des actes isolés d’une association peut-être pas nette. En plus, le quartier en question de Hem est une véritable poudrière. J’ai eu l’occasion d’y passer trois jours pour un magazine et j’ai pu mesurer une partie des difficultés. Le chômage est très important, (plus de 30 % de la population), la drogue y est énormément présente, (une des rues principales se nomme le « boulevard du shit »), et l’argent de la vente alimente une véritable économie parallèle. Les moindres caméra et appareil photo sont accueillis par des jets de pierres, à tel point que, lors de ce tournage, nous avons dû filmer le matin de bonne heure. Nous n’allons pas y mettre les pieds comme cela. D’autant plus qu’il est 18h, un vendredi soir, et que cela ne va pas être facile de trouver quelqu’un à qui parler. Il est inutile de dire tout cela à E.C. Toute tentative d’explication passe à ses yeux pour une dérobade. O.E. cependant ne s’affole pas. Si on fait traîner les recherches, E.C. finira bien par s’épuiser. Pendant que O.E. passe quelques coups de téléphone, j’appelle le chef de projet du DSQ que je connais depuis le tournage du magazine. On me fait savoir qu’il n’est plus présent dans le bureau. O.E. est en contact avec le commissaire de permanence de Roubaix. Il refuse de répondre au début de la conversation, sous-prétexte qu’il ne connaît ni l’affaire, ni la journaliste. Il restera pourtant une demi-heure avec O.E. Il dira, entre autres, qu’il est un peu facile de faire un amalgame entre l’argent qui a servi à acheter la drogue et l’argent des subventions de l’association. Bref à ce stade de l’enquête, il y a beaucoup de points d’interrogation. O.E. essaie d’expliquer tout cela à E.C. qui vient de téléphoner. Il n’y a pas grand chose à faire, si ce n’est à louvoyer. O.E. lui dit qu’elle continue l’enquête. 18h – salle de rédaction de France 3 Nord/Pas-de-Calais Je monte voir si les collègues de France 3 ont fait un reportage sur cette affaire. Le rédacteur en chef adjoint qui court dans tous les sens, (on est pas loin de l’heure du journal régional), peste justement sur le fait de n’avoir rien su : « Ca fait deux jours que c’est dans la presse, mais on ne m’a rien dit. Enfin on va essayer de faire quelque chose. » A 19h, j’écoute France info pour savoir comment cette radio traite les dernières retombées de l’affaire OM-Valenciennes. Et bien sûr, le présentateur reprend tel quel le début de la dépêche de l’AFP. Il lance P.C., correspondant de France Inter à Marseille, qui cite le reste de la dépêche ! Allons-y gaiement dans la désinformation. Le présentateur reprend de nouveau la dépêche au journal de 20h, mais cette fois sans le papier de P.C. 20h – bureau de France 2 E.C. téléphone une dernière fois avant de partir. C’est encore pour l’affaire du super marché de la drogue. Elle finit par nous dire que maintenant elle s’en fout, qu’elle passe le relais à ses petits copains du « week-end ». C’est la méthode « faire traîner pour ne pas traiter le sujet ». 20h30 – appartement personnel C.H. me téléphone de chez lui, (dans le Morvan), car il a entendu à la radio la nouvelle de l’ouverture de l’information contre le juge Beffy. Il me demande si nous avons fait quelque chose. Je lui réponds que non, ce qui le satisfait. Il me dit qu’il était en fait déjà au courant de l’histoire. Samedi 22 janvier 9h – bureau de France 2 à Lille Nous sommes très remontés contre le directeur de l’AFP Marseille et sa tentative de mainpulation de l’information. Une partie de la presse nationale (Libé) a repris telle quelle la dépêche de la veille, en signant AFP. Par contre l’édition régionale du Parisien donne l’information exacte sur le refus d’informer du parquet de Marseille, après avoir examiné la plainte déposée par Jean-Pierre Bernès. O.E. prend contact avec une collègue journaliste de France 3 Nord/Pas-de-Calais, déléguée nationale du SNJ, pour savoir si le syndicat compte faire quelque chose. Pendant ce temps-là, je téléphone à une collègue de l’AFP à Lille pour lui raconter l’histoire. Elle n’était pas au courant, mais elle me dit que cela ne l’étonne pas, que le directeur de l’AFP Marseille est coutumier de ce genre dérive. Elle retéléphone quelques instants plus tard pour nous dire qu’une dépêche « rectification » est tombée après la première dépêche de 14h11. Mais elle ajoute qu’en termes preofessionnels, la dépêche aurait dû être intitulée « annulation ». Nous allons voir aussitôt les dépêches de la veille et en effet nous retrouvons cette fameuse dépêche rectificatrice tombée à 19h13. Je rappelle entre autres que la veille, le journal de 20h sur France Info reprenait telle quelle la première dépêche et que Libé d’aujourd’hui reprend cette même dépêche. Et je n’ai pas écouté les autres radios et télévisions. Comme quoi la deuxième dépêche est passée complètement inaperçue, (pour nous également). Le mal était fait. 10h – bureau de France 2 Le rédacteur en chef adjoint du week-end, J.W., demande à O.E. où elle en est par rapport à son enquête sur le trafic de drogue à Hem. E.C. a dû laisser des traces de son « travail » avant de partir en week-end. O.E. lui fait un topo de l’histoire et parle de nos réicences à foncer trop vite dans cette affaire. Elle lui dit également qu’il va être très difficile de trouver en plein week-end un interlocuteur, que ce soit au niveau judiciaire, policier ou du côté du DSQ. Nous ne savons lequel des arguments le convainc, mais il conclut de laisser tomber. J.W. lui parle ensuite d’une histoire qu’il a vue dans Le Parisien. En fait il n’a pas lu l’article, mais a simplement parcouru le titre : « Des faux visas pour la France par milliers ». Du coup, il lit l’article à voix haute. L’histoire se passe en Belgique. O.E. rétorque au chef qu’aller à Bruxelles un week-end et trouver un interlocuteur, cela ne va pas être « de la tarte ». Elle va faire néanmoins une tentative, mais elle dit qu’il ne faut pas trop compter sur ce reportage. Dans la foulée, J.W. lui parle d’un article, encore du Parisien, sur la démission de trois minsitres socialistes en Belgique. O.E. lui précise qu’elle en a déjà parlé, hier à E.C., en début d’après-midi, alors que la nouvelle tombait sur l’AFP. C.H. suit l’affaire depuis plusieurs jours. Celle-ci est abondamment commentée dans la presse belge, notamment dans Le Soir et la Libre Belgique. Trois figures socialistes de la politique belge se retrouvent au mileiu d’une affaire de pots de vin, suite à l’achat en 1989 de 46 hélicoptères à la firme italienne Agusta. Ils sont accusés d’avoir manipulé ce marché, en gommant d’un rapport parlementaire des éléments défavorables à l’achat de ces hélicoptères. Cette histoire est certainement liée à l’assassinat de l’ancien président du parti socialiste belge en juillet 1991. Hier, E.C. n’était pas intéressée par le sujet. Il paraît difficile un jour après la démission, en plein week-end, de partir en Belgique. O.E. suggère d’attendre lundi pour réaliser un reportage plus fouillé sur ce scandale. 11h – salle de rédaction de France 3 Nord/Pas-de-Calais Je rencontre un jeune journaliste, P.D., à qui le rédacteur en chef de France 3 a confié l’affaire du trafic de Hem. Après une brève enquête, il a réussi à convaincre son chef de l’inopportunité de faire un reportage dans l’état actuel des informations divulguées à la presse. Nous nous retrouvons d’accord sur la difficulté et même le risque de traiter ce gnere d’affaire trop rapidement. Par contre, quelques instants plus tard, je raconte à une autre jeune collègue, D.N., l’histoire de la fausse dépêche AFP de Marseille. Elle a l’air de s’en foutre royalement. Autre journaliste, autre comportement. N.B : Un de nos chef, J.W., nous lit la presse en direct. Cette façon de procéder est assez courante. Nombre de chefs nous téléphonent suite à la vision de titres ou de mots clés dans des articles de presse ou des dépêches d’agence. Et c’est au téléphone qu’ils détaillent l’article ou la dépêche en entier. Mais ce n’est pas propre à nos chefs. Cela nous arrive souvent, à mes collègues et moi, de lire « en diagonale » un article ou une dépêche, c’est-à-dire concrètement à chercher des mots clés, (« chocs » ?). Il serait intéressant de relever les mots clés recherchés, selon le média utilisé. [La suite] | ||