NoamChomsky

Le magazine de l'Homme Moderne

La conspiration
Quand les journalistes (et leurs favoris) falsifient l'analyse critique des médias

Serge Halimi & Arnaud Rindel
Janvier 2006. © L’Herne. Publié avec l'autorisation des auteurs, ce texte est extrait des pages 233-243 de : Jean Bricmont et Julie Frank (sous la direction de), Chomsky, Cahier de L’Herne, Paris, 2007, 356 pages, 39 €.

 
 

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- IV -

  Demeure alors le plus singulier : la plupart des pourfendeurs de la critique radicale des médias concèdent que celle-ci est en partie fondée ! Le Figaro magazine s’inquiète, par exemple, de « l’implacable logique économique » de l’audiovisuel 41. Géraldine Muhlmann reconnaît que lorsque le journaliste « flirte plutôt avec le pouvoir […] on a raison de dénoncer 42 ». Philippe Val convient que Chomsky « a raison » de dénoncer « l’influence des médias 43 ». Et certains journaux résidant au cœur des réseaux de connivence intellectuelle et politique, tel le Nouvel Observateur, n’hésitent pas à évoquer l’urgence de « porter la plume dans la plaie 44 » face au « danger pour la démocratie » — rien de moins — que constituerait le « mélange des genres entre ceux qui ont le pouvoir et ceux qui sont censés le contrôler 45 ».

  La perplexité n’a qu’un temps ; derrière les concessions superficielles à la critique radicale se profile une dénégation fondamentale. Contraints et forcés, les journalistes en vue et leurs faire-valoir universitaires concèdent que les remontrances sont justes... mais c’est pour ajouter que ceux qui les formulent ont tort. Leur objectif principal semble être de circonscrire l’espace des dérives qu’ils reconnaissent pour mieux répéter qu’elles n’entament en rien la mission démocratique des médias.
  
Directeur de la rédaction du Nouvel Observateur après avoir été celui de Libération, chroniqueur sur France Inter, responsable d’émission sur La Chaîne histoire, intervenant régulier sur France 5, Laurent Joffrin a supervisé en 2003 le dossier du Nouvel Observateur sur « La face cachée du journalisme » 46. Il y a soutenu que « l’enquête et le bon sens montrent que dans le système médiatique français, pluriel en dépit de tous ses défauts, les informations importantes sortent, les débats ont lieu (sur la presse, notamment), les puissants sont critiqués et les maux de la société sont très largement exposés ». En explorant la « face cachée », on la découvrirait donc à la fois transparente et plutôt avenante...

  « Un journalisme qui n’est pas “de marché”, poursuivait alors le très subtil Laurent Joffrin, c’est un journalisme qui est un journalisme d’État. Et quand l’État contrôle la presse, ça ne va pas ! » Les conséquences détaillées par Chomsky du capitalisme entrepreneurial se voyaient par conséquent expédiées en quelques mots. Et ramenées à de simples “excès” : « Libéralisme et journalisme sont intimement liés ; mais pour le bien ! […] Il y a les excès du libéralisme. Ça, c’est autre chose. Mais au cœur des choses, si les journaux sont libres, ce sont des entreprises 47 ».
  
Une telle conclusion n’interdit-elle pas ensuite de prétendre résoudre un problème dont on conteste l’existence ? Et, face à l’inculture historique d’une remarque opposant de façon aussi binaire marché et État, faut-il encore suggérer à Laurent Joffrin la lecture, sinon de Karl Marx (à l’impossible nul n’est tenu), au moins de Tintin au pays de l’or noir ?

  Le refus d’une critique structurelle apparaît toutefois moins déconcertant quand on observe qu’il provient avant tout de journalistes occupant des positions de pouvoir ou de prestige, et retirant de leur médiatisation des dividendes symboliques non négligeables (notoriété), lesquels peuvent ensuite se transformer en avantages financiers appréciés — y compris par voie de promotion gratuite de leurs ouvrages, disques ou concerts 48.
  
Leur rejet de tout ce qui pourrait les renvoyer à leur responsabilité propre de décideur est d’autant plus violent et sincère qu’ils ont intériorisé un système de valeur néolibéral accordant une place centrale à l’impulsion de l’entrepreneur. La remise en cause de l’ordre social capitaliste à laquelle conduit l’analyse structurelle leur paraît aussi menaçante que l’évocation d’une intentionnalité qui ne serait pas aussitôt accompagnée des précautions permettant de ne pas se sentir soi-même visé.
  
Pour être audible par les tenants du pouvoir médiatique, la critique doit ainsi donner à chacun la possibilité de s’en exclure. Ou celle de plaider un court-circuit collectif (« dérapage » général des médias pendant la guerre du Golfe), lequel ne fait jamais que précéder le rétablissement de la lumière pluraliste et la publication des actes d’un colloque examinant le cadavre d’une faute afin de mieux l’incinérer.

  Ainsi, si Le Nouvel Observateur refuse l’idée d’une « soumission automatique », c’est aussi, et surtout pour rappeler que face à la « contrainte [publicitaire] qui pèse sur l’indépendance des journalistes […] certains — dont l’Obs — résistent, d’autres non » (30.03.03).
De même, si « l’unilatéralisme » des critiques irrite tant Philippe Corcuff 49, c’est avant tout parce qu’il conduit à dénoncer les « faux critiques […] qui peupleraient les médias », parmi lesquels « Charlie Hebdo » (qui employait à l’époque Corcuff Philippe) ou amènerait à ne plus voir « les différences », et notamment à confondre « Charlie Hebdo avec TF1 » (faisant très peu appel aux journalistes et aux essayistes extérieurs à la chaîne, TF1 est devenue la cible habituelle de tous les insolents institutionnels qui n’apprécient l’insolence que quand elle ne les expose à aucun désagrément.)
  S’il admet « la justesse de certaines critiques », le journaliste du Monde Thomas Ferenczi introduit lui aussi un bémol distrayant : la nécessité de « reconnaître que Le Monde [est] précisément un de ceux qui, dans la mesure de leurs moyens, tentaient de résister à ce mouvement 50 ».

  Tous les « grands journalistes » sont ainsi prêts à pointer, et même à condamner des « dérives » à condition que l’on reconnaisse (et célèbre) simultanément le statut d’exception que chacun revendique. Car, selon eux, concéder l’existence d’« imperfections » structurelles ne doit pas conduire à interroger la légitimité d’un système qu’ils ont choisi de perpétuer. À la fois porteurs de « mauvaises nouvelles » et miroir braqué sur un océan de compromissions ordinaires, les analystes radicaux, qui souhaitent prendre le mal à la racine, ne pouvaient pas escompter être reçus à bras ouverts par les dîneurs dont ils viendraient perturber les agapes.

  Toutefois, si « les critiques […] contre le journalisme ont souvent irrité les journalistes », ce n’est pas uniquement parce que ces derniers contestent servir des intérêts particuliers ou, comme le suggère Thomas Ferenczi, qu’ils « se sont rarement reconnus dans l'image donnée d'eux 51 ». Les journalistes ne sont pas inconscients à ce point. Une partie d’entre eux a bien perçu la menace que la critique radicale faisait peser sur l’illusion de pluralisme qui fonde leur position sociale et leurs privilèges de « contre-pouvoir ». Ils savent aussi que les auteurs d’articles et les reporters d’images sont de moins en moins maîtres de ce qu’ils produisent, que les sociétés de rédacteurs disparaissent ou s’étiolent, que le poids du capital et de la publicité se font chaque jour plus lourds. Quiconque souhaite préserver l’illusion d’une liberté des journalistes au moment où celle-ci s’amenuise, doit par conséquent réactiver en permanence le mythe du reporter sans frontières et sans œillères.

  Depuis plusieurs années, la presse quotidienne connaît un recul de sa diffusion et de ses recettes publicitaires. Parallèlement, l’image des médias auprès du public se dégrade 52. Conscients de leur discrédit croissant que les campagnes permanentes d’héroïsation de la profession n’entament pas, les patrons de presse et les responsables éditoriaux admettent qu’il n’y a « plus moyen de tourner autour du pot 53 ». Ils entendent cependant conserver à tout prix le monopole de la critique du journalisme, moyen de s’assurer qu’elle ne les menacera pas. Ils ont alors recours à plusieurs techniques.

  La plus simple est de discipliner leurs troupes : l’article 3b de la convention collective nationale des journalistes restreint leur liberté d’expression publique en stipulant qu’ils ne devront « en aucun cas porter atteinte aux intérêts de l'entreprise de presse dans laquelle ils travaillent. » Certains journalistes en ont déjà fait l’amère expérience 54.
  Assurer la cohésion d’un groupe en sanctionnant les mauvais éléments et les mutins potentiels n’est pas une technique propre aux entreprises de presse. Priver de parole les critiques les plus intraitables en invoquant contre eux son souci de la démocratie constitue un procédé plus singulier. Il n’a cours qu’en raison du double privilège de la presse : celui de pouvoir célébrer le courage collectif de la profession chaque fois qu’un journaliste particulier est enlevé ou tué dans l’exercice de son métier (c’est ce qui explique l’écho formidablement narcissique que suscite dans l’ensemble des médias chacune des initiatives de Reporters sans frontières) ; celui, symétrique, de pouvoir occulter ou filtrer les critiques qui lui sont adressées. Il y a là un avantage exorbitant du droit commun. Une affaire peu reluisante pour les camionneurs, les maçons, les apothicaires peut trouver un écho dans l’opinion à condition qu’elle intéresse certains journalistes ; en revanche, une affaire peu reluisante pour les journalistes a peu de chances d’être relayée par des camionneurs ou des maçons à l’ensemble de la population des apothicaires.
  
Or la presse concède aux intellectuels critiques peu d’occasions d’exposer eux-mêmes, librement (c’est-à-dire sans contrôle, ni intermédiaire, ni interjections permanentes), leurs analyses au grand public, hormis par voie de diffusion en librairie de leurs ouvrages (pour ceux qui parviennent à être édités) et de samizdats dans le cyber-espace. Au demeurant, les grands médias, non contents de ne se sentir aucunement tenus de donner la parole à ceux qu’ils pourfendent avec d’autant plus d’aisance qu’ils en déforment la pensée, appliquent avec parcimonie leur obligation légale de publier les droits de réponse qui leur sont adressés 55.

  Pour justifier cet ostracisme, les notables médiatiques avancent que toute critique radicale émanant de l’« extérieur » des rédactions serait porteuse d’un nouveau totalitarisme. Cette ligne de défense, la « préférence journalistique », a été théorisée par Jean-Marie Colombani. Selon le directeur du Monde, il est « impossible de réguler, contrôler ou discipliner la presse du dehors sans remettre en cause ce qui fonde le principe même de la liberté d’expression » 56.
  
Un son de cloche identique a carillonné dans les colonnes de Charlie Hebdo, où Philippe Val, ulcéré par la création d’un Observatoire Français des Médias (OFM), a pourfendu dans un éditorial les « flics de la presse ». D’après lui, toute observation extérieure s’assimilerait à une « milice de la presse » pour ne pas dire « une machine à délation morbide, se nourrissant de la haine des journalistes en général » 57.
  
Les journalistes, seuls autorisés à critiquer les médias, à commenter les travaux sur la presse, à prescrire ceux qui méritent d’être lus, à censurer ceux qui les indisposent ? Pourquoi refuser alors que les militaires deviennent seuls habilités à enquêter sur les crimes de guerre, qu’on réserve aux prêtres le droit de réfléchir sur la religion, ou que les accidents du travail ne surgissent dans l’« actualité » qu’à compter du moment où le patronat s’en inquiète !

  Pour conserver le monopole de la critique légitime, et garantir son innocuité, les hiérarques médiatiques disposent d’un stratagème complémentaire. Il consiste à filtrer les éléments extérieurs qui peuvent « entrer », c'est-à-dire à s’assurer le concours des commentateurs auxquels on accordera la parole 58.
  Or deux mécanismes incitent les « intellectuels médiatiques » — ceux qui souhaitent le devenir comme ceux qui entendent le rester — à se conformer au credo des responsables éditoriaux et des patrons de presse. Ce sont le désir de carotte et la peur du bâton. D’une part, l’éloge des médias dominants et la condamnation des critiques radicales rapportent des dividendes appréciables, en terme de parts d’exposition dans la presse, laquelle s’accompagne d’invitations à des colloques et de facilités d’édition. Symétriquement, ceux qui reprendraient les critiques radicales des médias à leur compte encourent rappels à l’ordre puis mises à l’index.
  
On comprend dans ces conditions que le tressage de lauriers médiatiques  soit devenu un petit commerce en expansion. Ses praticiens les plus zélés — qui sont aussi souvent les plus médiatisés — peuvent s’abandonner à de véritables envolées. Ainsi, commentant dans sa revue La règle du jeu (mai 2004), « L’affaire Le Monde », Bernard-Henri Lévy (414 apparitions à la télévision 59 et des dizaines de tribunes et « reportages » publiés dans Le Monde) chante les louanges de « la presse, reporters de guerres et grands éditorialistes associés dans le même combat pour la vérité, la probité, la responsabilité. » Mais il salue aussi la « grandeur du journalisme [...] des journalistes, des journaux et des intellectuels ». C'est-à-dire également la sienne 60.

  Condamner les « radicaux » vaut passeport pour une écoute empreinte de déférence. Les plus légitimes pour porter le fer en raison de leur passé contestataire sont célébrés par les médias et invités sur les plateaux à psychanalyser la perversité de leurs anciens camarades, réels ou supposés. Après sa volée d’éditoriaux contre un Chomsky qu’il avait à l’évidence assez peu lu, Philippe Val fut accueilli à bras ouverts sur le plateau de Culture et dépendances par Franz-Olivier Giesbert, également directeur du Point (un magazine de centre droit) : « Si on vous a invité, Philippe Val, c’est parce qu’on lit depuis très longtemps vos éditoriaux dans Charlie Hebdo, qui sont passionnants parce que vous avez une réputation d’intelligence et de modération. Très bon papier d’ailleurs, sur Noam Chomsky 61 ».
  
Quant à Géraldine Muhlmann — que le lecteur nous excuse de citer ici des noms presque déjà oubliés et qui n’auront bientôt d’autre postérité que d’avoir un jour critiqué Chomsky — elle eut droit, dès la sortie de ses livres (les 9 et 17 mars 2004), à une grêle d’invitations. Sa critique de la critique radicale — qui ne représente qu’une petite partie de son travail — fut systématiquement mise en valeur 62. Muhlmann fut également encensée, pour la même raison, par une grande partie de la nomenklatura médiatique : Nicolas Weill (Le Monde des livres, 02.04.2004), Edwy Plenel (Le Monde 2, 9.04.2004), Philippe Corcuff (Charlie Hebdo, 14.04.2004), Roland Cayrol (L'esprit public, France Culture, 18.04.2004) etc.

 

- V -

  Chomsky a un jour expliqué le sens des attaques dont il est la cible : « Le problème est que tout commentaire analytique de la structure institutionnelle du pays est une menace si importante pour la classe des “commissaires”, qu’ils ne peuvent même pas l’entendre […] Donc, si je dis qu’il n’y a pas de conspiration, ce qu’ils entendent c’est qu’il y a une conspiration […] C’est un système de croyances très verrouillé 63 ».
  
Ce verrou demeure en place. En janvier 2005, le philosophe libéral et ancien ministre de l’éducation Luc Ferry fustigeait l’analyse du capitalisme qu’il imputait aux contestataires. Il résumait par contraste sa vision d’un « système » social enfanté de façon « automatique ». Son analyse élargissait au plan de l’économie mondiale la description apaisante et désarmante d’un ordre spontané qu’on oppose aux travaux de Chomsky et d’autres sur les médias :

« Les altermondialistes s’égarent considérablement parce qu’ils s’imaginent que derrière ces phénomènes mondialisés — le jeu des marchés financiers, les délocalisations, la désindustrialisation de certains pays, le fait que les identités culturelles soient balayées par une américanisation du monde qui uniformise les modes de vie et donc détruit les cultures locales — il y a des gens qui contrôlent la chose et qui tirent les ficelles. Et qu’ils ont été formés en gros à l’école de Chicago, que ce sont des néolibéraux, que ce sont des méchants. Et on retrouve l’idée marxienne que derrière les processus qui gouvernent le monde, il y a des puissants. C’est le mythe des deux-cents familles. On retrouve les images d’Epinal avec les financiers à cigare et chapeaux haut-de-forme. Or, le vrai problème, si vous voulez, c’est exactement l’inverse. Quand vous regardez, par exemple, les délocalisations, ce qui est très frappant c’est que personne ne contrôle, personne n’est derrière. Ce sont des processus absolument automatiques. Il n’y a pas d’intelligence derrière. » 64

  Il n’y a en tout cas rien de très neuf dans ce genre d’exposé d’un ordre social « automatique » sur lequel la volonté collective n’aurait aucune prise. Dès 1932, Paul Nizan dévoilait dans Les Chiens de garde les dessous d’une telle analyse : « Quand les idées bourgeoises furent regardées comme les productions d’une raison éternelle, quand elles eurent perdu le caractère chancelant d’une production historique, elles eurent alors la plus grande chance de survivre et de résister aux assauts. Tout le monde perdit de vue les causes matérielles qui leur avaient donné naissance et les rendaient en même temps mortelles. La philosophie d’aujourd’hui poursuit cet effort de justification 65 ».

  D’autres que les philosophes ont relayé cet effort-là. Sa fonction de légitimation est suffisamment essentielle pour qu’il soit devenu illusoire d’imaginer qu’un jour l’argumentation et le respect des textes en auront raison. Noam Chomsky et ceux que son travail de dévoilement inspire n’ont donc pas fini de répéter que leur entreprise intellectuelle « est à l’opposé d’une théorie de la conspiration. Ce n’est rien d’autre qu’une banale analyse institutionnelle, le type d’analyse que l’on fait spontanément lorsqu’on essaie de comprendre comment marche le monde 66 ».

 

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N o t e s

41. Marc Durin-Valois, « L'implacable logique économique », Le Figaro magazine, 22 novembre 2003.

42. Géraldine Muhlmann, « Idées », émission citée.

43. Philippe Val, Charlie Hebdo, 19 juin 2002.

44. « La face cachée du journalisme », Le Nouvel Observateur, 30 octobre 2003.

45. Airy Routier, « Ces grands patrons qui tiennent les médias », Le Nouvel Observateur, 1er juillet 1999.

46. Lire l’analyse détaillée d’Yves Rebours, « Le Nouvel Obs et les journalistes », acrimed.org, 31 octobre 2003, article 1326.

47. Laurent Joffrin, Le Premier pouvoir, France Culture, 6 novembre 2004.

48. Pour être tout à fait équitable à leur endroit, ce reproche ne saurait être adressé ni à Philippe Corcuff ni à Géraldine Muhlmann étant donné que leurs travaux, plus ou moins aboutis, n’ont rencontré qu’un public relativement confidentiel, nonobstant l’acharnement des deux auteurs à se faire connaître, directement ou par l’entremise de leurs innombrables compères journalistes.

49. Lire Philippe Corcuff, « La critique gauchiste des médias », Charlie Hebdo, 6 novembre 2002 ; Philippe Corcuff, « De quelques problèmes des nouvelles radicalités en général (et de PLPL en particulier) », Le Passant ordinaire, septembre-octobre 2001.

50. Thomas Ferenczi, « Le journalisme critiqué et honoré », Le Monde, 26 janvier 2002.

51. Ibid.

52. Bien qu’il faille rappeler le caractère peu scientifique de la plupart des sondages, la concordance des résultats donne une idée du soupçon qui pèse sur les médias. Une enquête réalisée par la Sofrès en janvier 2004 ne dénombrait que 6 % de personnes estimant que « Les choses se sont passées vraiment comme le journal les raconte » (et 42 % que « les choses se sont passées à peu près comme le journal les raconte »). Dans L’État de l’opinion 2003 (Le Seuil) seuls 30 % environ des sondés, jugeaient que « les médias sont indépendants des pressions politiques et financières ».

53. « La face cachée du journalisme », Le Nouvel Observateur, 30 octobre 2003.

54. Le licenciement de Daniel Schneidermann, en septembre 2003, par la direction du Monde, par exemple, fut précisément justifié par cet article 3b. Mais le cas particulier d’une « personnalité » ne doit pas faire oublier les licenciements « anonymes » ou, surtout, le poids qu’une telle menace fait peser sur l’ensemble de la profession.

55. Lire Noam Chomsky, Réponses inédites à mes détracteurs parisiens, Spartacus, 1982 ; « Libération et Noam Chomsky », acrimed.org, avril 2000, article 77 ; Jean Bricmont, « Folies & raisons d’un processus de dénigrement », op.cit. ; « Pas lu dans Libé », PLPL n°0, juin 2000. 

56. « Un tour du monde en 80 journaux », Supplément au Monde daté du 5 décembre 2003.

57. Philippe Val, Charlie Hebdo, 24 décembre 2003. Plusieurs des droits de réponse qui lui ont été adressés, dont celui de l’OFM et du président d’Attac, n’ont jamais été publiés.

58. Sur cette question générale, lire Pierre Rimbert, « Les rapports entre journalistes et intellectuels : cul et chemise ? » acrimed.org, 8 novembre 2004, article 1809.

59. Voir Philippe Cohen, BHL, une biographie, Fayard, Paris, 2005, p. 13.

60. Dans son ouvrage BHL, une biographie (op. cit.), Philippe Cohen détaille, exemples et comptages à l’appui, les techniques de relations publiques du nouveau philosophe. Les thèses 2, 3 et 4 du chapitre « La République des lettres expliquée à ma fille » sont : « Renvoie toujours l’ascenseur à celui qui t’honore », « Ne manque jamais une occasion de défendre les médias », « Pas d’ennemis chez les journalistes »... Le résultat obtenu par Bernard-Henri Lévy de l’observation de ces trois règles de conduite a excédé ses espérances les plus extravagantes.

61. Franz-Olivier Giesbert, « Culture et Dépendances », France 3, 26 novembre 2003.

62. « La Suite dans les idées » (France Culture, 17 mars 2004), « Diagonales » (France Inter, 21 mars 2004), « Cultures et dépendances » (France 3, 24 mars 2004), « Répliques » (France Culture, 27 mars 2004), « Le Bateau Livre » (France 5, 2 mai 2004), « Idées »  (RFI, 16 mai 2004) ; à quoi s’ajoutent deux entretiens, dans Lire (mai 2004) et Libération (19 juin 2004) ainsi qu’une série de tribunes dans l’Humanité (du 29 mars 2004 au 2 avril 2004).

63. Mark Achbar, Manufacturing Consent. Noam Chomsky and the media, op.cit., p.61.

64. « Ferry / Julliard », LCI, 29 janvier 2005.

65. Paul Nizan, Les Chiens de garde, Agone, Marseille, (1932) 1998, p. 93.

66. Noam Chomsky in Peter Mitchel et John Schoeffel, Understanding Power, op. cit., p.2

 
 
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