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ach
Luhmann nun also Pierre Bourdieu - bei Generationsgenossen verspürt
man den Stich ins Herz, den Todesnachrichten versetzen können,
vielleicht deutlicher als sonst. Mit Pierre Bourdieu stirbt einer
der letzten großen Soziologen des 20. Jahrhunderts, die sich
um disziplinäre Grenzen nicht kümmerten. Natürlich
war er, seit den frühen Studien über den Zusammenstoß
der Agrargesellschaft in Algerien mit dem Geist des Kapitalismus auch
Ethnologie. Die literarischen Zeugnisse einer rastlosen Produktivität
lassen aber unter dem Pseudonym des Soziologen alsbald auch den Philosophen,
den Ökonomen, den Kulturtheoretiker, ja einen Linguisten erkennen,
der neue analytische Perspektiven eröffnet. Dieser Autor hat
mit Grundbegriffen wie "symbolisches Kapital" Sprengsätze in
die Geschichts- und Kulturwissenschaften eingeführt. Er hat einem
Begriff wie "Habitus", den Adorno liebte, erst einen strengen Gebrauch
gegeben. Sowenig Bourdieu nur Soziologe gewesen ist, so wenig war
er nur Akademiker. Wie Foucault gehörte er zu jenen theoretisch
ambitionierten Geistern, die ihrer Umgebung nicht die Chance gaben,
das politische vom akademischen Engagement zu trennen. Je älter
er wurde, umso freimütiger hat er die politische Enthaltsamkeit
des Gelehrten aufgegeben. Sie erschien ihm als "Weltflucht im Namen
der Wertfreiheit". Er hat Gegenfeuer gelegt, sich "im Dienste
des Widerstandes gegen die neoliberale Invasion" zu Wort gemeldet.
Er hat die intellektuelle Szene in Frankreich polarisiert. Ich habe
die Vitalität dieses Geistes, seine Bereitschaft, Konflikte auszuhalten,
bewundert. Am tiefsten hat mich berührt, dass sich der Analytiker
und Forscher, der seine nächste akademische Umgebung aus exotischer
Distanz beobachten konnte, in einen ganz altmodischen Humanisten verwandelte,
sobald er sich erregt und die Perspektive des Beobachters zugunsten
des leidenschaftlich Beteiligten aufgab.
iklas
Luhmann hier, Pierre Bourdieu maintenant ; les faire-part des
décès donnent toujours un coup au cœur aux gens de
la même génération. Avec Pierre Bourdieu disparaît
l'un des derniers grands sociologues du XXe siècle,
indifférent aux frontières entre les disciplines.
Il était évidemment ethnologue depuis ses premières
recherches sur les heurts de la société paysanne algérienne
avec l'esprit du capitalisme. Mais sa production inlassable est
placée autant sous le signe de la sociologie que de la philosophie,
de l'économie, des sciences sociales ou même de l'analyse
du langage, toutes disciplines dans lesquelles il ouvre de nouvelles
perspectives.
Ses concepts fondamentaux, par exemple "capital symbolique",
introduisent autant de charges critiques en histoire qu'en sociologie.
Et il a donné à une notion comme celle d'habitus,
qui intéressait beaucoup Adorno, un usage rigoureux.
Autant Bourdieu dépassait les frontières de la sociologie,
autant il n'était pas l'homme du conformisme académique.
Comme Foucault, il appartenait à ces esprits de grandes ambitions
académiques qui rendent impossible à tous et à chacun
de mettre une barrière entre l'engagement politique et l'engagement
intellectuel. Plus il avançait en âge, plus la tiédeur
académique des lettrés lui semblait insupportable. Elle
lui paraissait une sorte de désertion au nom de la neutralité
axiologique.
l agençait des contre-feux en se faisant le porte-parole de la
résistance contre l'invasion néolibérale. Il a
ainsi polarisé l'univers intellectuel français. J'admire
encore la générosité de cette intelligence et sa disponibilité
à assumer les conflits. Je reste profondément impressionné
par la faculté de l'analyste et du chercheur de regarder
à distance le monde universitaire immédiat et de se changer
en humaniste à l'ancienne mode lorsqu'il lançait
l'anathème en abandonnant la posture de l'observateur
pour celle de l'acteur passionnément engagé.
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