Sociologie |
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Actes de la recherche en sciences sociales |
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Le journalisme et l'économie. Numéro
131-132, Mars 2000. |
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Misères de l'info. ous le titre « Le journalisme et l'économie », la revue Actes de la recherche en sciences sociales (1) publie un numéro double, centré à la fois sur la difficulté à mener un « travail d'objectivation » à propos d'un « univers social » ayant lui-même intégré « certains des instruments qui sont ordinairement ceux des sciences sociales » (enquêtes d'audiences, qualitatives et prospectives, études auprès de panels de lecteurs, etc.), et sur ce que « le sociologue » peut tout de même tenter de « faire voir autrement » ce que les « agents » du champ journalistique « ne savent que trop »... Travail rigoureux et multiforme de l'analyse de la fonction du « journalisme d'investigation » à celle de « la précarité » d'une information liée à celle de pigistes transformés en « vendeurs » de reportages dont la qualité première est d'opérer, sans raccourci mécaniste, une sorte de déconstruction de l'ensemble du champ journalistique... Travail ambitieux qui s'accompagne d'une invitation « non à moraliser, mais à politiser » le débat (selon une formule de Pierre Bourdieu), avec des « journalistes critiques » qui tenteraient de mettre en place « une véritable déontologie d'action ou de combat » par laquelle ils « dénonceraient, en tant que journalistes, les journalistes qui détruisent la profession de journaliste ». Vaste programme, dira-t-on, mais dont les Actes fournissent quelques balises pour qui aurait envie d'y regarder de plus près : de la montée du « marketing rédactionnel » (dont Patrick Champagne souligne ce qu'elle doit aux effets de « la restructuration économique » qui touche aussi le journalisme, avec, ici comme ailleurs, un « abaissement drastique des coûts ») à la manière dont lesdites « contraintes économiques » jouent sur la définition même du métier de journaliste et sur la « fabrication » de l'information. D'où, à la fois, l'analyse de la « prise en main » d'une profession par les grands groupes financiers et ce que cette évolution génère de transformations dans cette profession elle-même : par exemple, « l'ajustement » aux attentes supposées des lecteurs, le « glissement » du champ journalistique lui-même vers « le pôle économique » dont les transformations récentes de la ligne éditoriale du Monde témoigneraient ou l'émergence d'un « système de sous-traitance » avec la multiplication du recours aux pigistes. Avec le « désarroi » et le sentiment d'une « perte d'identité » qui, souvent, en résultent pour tous... J.-P. M. (1) mars 2000, no 131-132,
éditions du Seuil, 142 pages, 98 francs. |
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