| | Partout, dans les villes, les ZUP, les cités, au fond des campagnes, dans les entreprises ou les écoles, dans les familles, des hommes, des femmes, des ados ont le sentiment d'être laissés pour compte. En 1989, Pierre Bourdieu, avec une équipe de sociologues (1), part à leur rencontre. Professeur au Collège de France, il a profondément révolutionné les sciences sociales par ses recherches, qu'elles portent sur les critères du goût ou la formation de La Noblesse d'État (Minuit). Comprendre les « malaises de la société », les solidarités perdues, les dérives d'extrême droite ou le racisme suppose d'écouter ce qu'un gardien de HLM, un ouvrier immigré ou un magistrat disent de leur existence, de leur souffrance, qui n'est pas individuelle, mais sociale. La Misère du monde (Seuil), telle qu'elle s'exprime au fil d'entretiens bouleversants, étayés par la rigueur des analyses, est aussi une interrogation sur l'État. Contre démission et laisser-faire, Pierre Bourdieu pose ici l'exigence d'une « politique réellement démocratique ». |
L'Express : Cette France qui se tait, d'ordinaire, sur ses souffrances sociales, pensez-vous que la présence de la gauche au pouvoir lui ait valu davantage de solidarité ? Pierre Bourdieu : Les politiques que nous avons vues à l'œuvre depuis vingt ans présentent une continuité remarquable. Amorcé dans les années 70, au moment où commençait à s'imposer la vision néolibérale enseignée à Sciences po, le processus de retrait de l'État s'est, ensuite, affirmé de plus belle. En se ralliant, vers 1983-1984, au culte de l'entreprise privée et du profit, les dirigeants socialistes ont orchestré un profond changement de la mentalité collective, qui a conduit au triomphe généralisé du marketing. Même la culture est contaminée. En politique, le recours permanent au sondage sert à fonder une forme des plus perverses de démagogie. Une partie des intellectuels s'est prêtée à cette conversion collective — qui n'a que trop bien réussi, au moins parmi les dirigeants et dans les milieux privilégiés. Pratiquant l'amalgame et sacrifiant à la confusion de pensée, ils ont travaillé à montrer que le libéralisme économique est la condition nécessaire et suffisante de la liberté politique. Qu'à l'inverse toute intervention de l'État renferme la menace du « totalitarisme ». Ils se sont donné beaucoup de mal pour établir que toute tentative visant à combattre les inégalités — qu'ils jugent d'ailleurs inévitables — est d'abord inefficace et que, ensuite, elle ne peut être menée qu'au détriment de la liberté. Ce sont donc les fonctions essentielles de l'Etat qu'ils mettaient en cause? Exactement. L'État tel que nous le connaissons — mais peut-être ne peut-on en parler qu'au passé — est un univers social tout à fait singulier, dont la fin officielle est le service public, le service du public et le dévouement à l'intérêt général. On peut tourner tout cela en dérision, invoquer des formes notoires de détournement des fins et des fonds publics. Il reste que la définition officielle de l'officiel — et des personnages officiels, qui sont mandatés pour servir, et non pour se servir — est une extraordinaire invention historique, un acquis de l'humanité, au même titre que l'art ou la science. Conquête fragile, toujours menacée de régression, ou de disparition. Et c'est tout cela qu'aujourd'hui on renvoie au passé, au dépassé. Comment le retrait de l'État s'inscrit-il dans les réalités sociales ? Dès les années 70, il s'est amorcé dans le domaine du logement, avec le choix d'une politique qui entraînait la régression de l'aide à l'habitat social et favorisait l'accès à la propriété. Là encore, sur la base d'équations truquées qui portaient à associer l'habitat collectif au collectivisme et à voir dans la petite propriété privée le fondement d'un libéralisme politique. Et personne ne s'est demandé comment échapper à l'alternative de l'individuel et du collectif, de la propriété et de la location : par exemple, en proposant, comme cela s'est fait ailleurs, des maisons individuelles publiques en location. L'imagination n'est pas au pouvoir, pas plus sous la gauche que sous la droite. On en est arrivé à un résultat que nos éminents technocrates n'avaient pas prévu : ces espaces de relégation où se trouvent concentrées les populations les plus défavorisées, c'est-à-dire tous ceux qui n'ont pas les moyens de fuir vers des lieux plus accueillants. Là, sous l'effet de la crise et du chômage, se développent des phénomènes sociaux plus ou moins pathologiques sur lesquels se penchent aujourd'hui de nouvelles commissions de technocrates. Qu'y a-t-il de commun entre deux jeunes des cités du Nord, François et Ali, entre un ouvrier d'origine tunisienne et Danielle, employée au tri postal, ou encore entre un prof de lettres et un syndicaliste ? Même si la souffrance sociale la plus visible se rencontre chez les plus démunis, il y a aussi des souffrances moins visibles à tous les niveaux du monde social. Les sociétés modernes — et c'est l'une de leurs propriétés majeures — se sont différenciées en une multitude de sous-espaces, de microcosmes sociaux, indépendants les uns par rapport aux autres. Chacun a ses hiérarchies propres, ses dominants et ses dominés. On peut appartenir à un univers prestigieux, mais n'y occuper qu'une position obscure. Être ce musicien perdu dans l'orchestre qu'évoque la pièce de Patrick Süskind La Contrebasse. L'infériorité relative de ceux qui sont inférieurs parmi les supérieurs, derniers parmi les premiers, est ce qui définit les misères de position, irréductibles aux misères de condition, mais tout aussi réelles, et profondes. Ces misères relatives ne sont pas relativisables. Le sociologue peut-il vraiment comprendre les souffrances ou la révolte de celui qu'il interroge ? À condition d'apercevoir la place que son interlocuteur occupe dans le monde social, et, plus précisément, dans le microcosme social où sont placés ses investissements, ses enjeux, ses passions — une entreprise, un service, un bureau, un quartier, un immeuble... À condition de se porter en pensée à cette place, de se mettre, au sens vrai, à sa place. Pourquoi importe-t-il d'en tenir compte ? Parce que ces misères, autant, sinon plus, que les misères extrêmes, engendrent des représentations et des pratiques politiques souvent incompréhensibles en apparence, comme celles du racisme et de la xénophobie, et auxquelles on ne sait opposer que l'indignation ou la prédication. Et aussi parce que ceux qui les éprouvent sont les victimes désignées de politiciens démagogues et criminels — à commencer par le Front national — qui vivent de l'exploitation de la souffrance, de la déception, du désespoir. Comment bascule-t-on dans le racisme ? Votre enquête montre des voisins plongés dans les mêmes difficultés, qui vivent en état de siège mutuel. Sous le prétexte que l'une des familles, d'origine maghrébine, a des chats, paraît-il, bruyants... L'exemple par excellence de ces « déshérités relatifs », ce sont ceux que, dans les colonies, on appelait les « pauvres Blancs », tous ceux qui, persuadés d'être membres d'une élite, celle des ayants droit véritables, exclusifs, revendiquent le monopole de l'accès aux avantages économiques et sociaux associés à leur qualité de « nationaux » contre les « immigrés ». On peut lire, dans le livre, des témoignages, pathétiques, de petits agriculteurs, de petits commerçants qui s'indignent du traitement accordé aux immigrés — dont ils n'ont aucune expérience directe — et, plus largement, à ceux qui bénéficient indûment, à leurs yeux, de l'aide de l'État, délinquants, prisonniers... Même si elles s'habillent de raisons en apparence plus rationnelles, les critiques du Welfare State, de l'État-providence, doivent sans doute leur succès au fait qu'elles s'enracinent souvent dans des pulsions ou des représentations de cette sorte. Où sont passées les forces capables de contrecarrer les délires xénophobes auxquels cèdent ceux qui sont plus directement affrontés aux « étrangers », soit dans la concurrence pour le travail, soit dans la cohabitation ? Il y a bien sûr les mouvements antiracistes, mais ils touchent surtout les générations fortement scolarisées. Que sont devenus les principes internationalistes de l'ancienne éducation politique ou syndicale ? L'effondrement des idéaux civiques de solidarité a laissé le champ libre aux égoïsmes triomphants qu'encourage l'absence de tout message politique capable de proposer des raisons de vivre autres que la réussite personnelle, mesurée en salaire ou en sicav monétaires. Mais est-ce que l'argument tient en situation de dénuement partagé ? Dans les lieux de grande souffrance, comme les cités, les grands ensembles, les « banlieues difficiles », les travailleurs sociaux eux-mêmes, mandatés par l'État ou les municipalités pour assurer les plus élémentaires services publics, sans disposer des moyens nécessaires, sont pris dans de formidables contradictions. Je pense, par exemple, à ce principal de collège qui a l'idée la plus généreuse et la plus haute de la mission de l'école : il se voit obligé de passer l'essentiel de son temps à lutter, parfois par la violence, contre la violence. Il se sent comme en rupture de contrat. Et il n'est pas le seul. Vous avez des éducateurs, des profs, des policiers, des magistrats de base qui ressentent sous la forme de drames personnels les contradictions de l'institution et de la mission qu'elle leur confie. Parce qu'ils ont le sentiment que l'État a failli, et qu'ils prennent sur eux d'y remédier ? On rencontre des personnages extraordinaires qui se consacrent corps et âme à ces activités mal payées, mal considérées, destructrices, des espèces de saints bureaucratiques — bien qu'ils vivent en lutte permanente contre les bureaucraties. Du point de vue du petit cadre qui se nourrit des cours de la Bourse, ce sont des fous. Je pense à un éducateur de rue avec lequel j'avais rendez-vous et qui est arrivé, ce matin-là, épuisé, les yeux battus. Il avait passé une partie de la nuit à s'occuper de drogués gardés à vue au commissariat. Ces petits fonctionnaires du social sont les antennes avancées d'un État dont la main droite ne veut pas savoir ce que fait la main gauche. Pis, les membres patentés de la grande noblesse d'État, les énarques de toute obédience politique, regardent de très haut cette petite noblesse, à laquelle ils aiment faire la leçon. Ils ignorent qu'elle joue un rôle déterminant dans le maintien d'un minimum de cohésion sociale. Ils devraient se rappeler que la Révolution a été déclenchée par une révolte de la petite contre la grande noblesse... Parce que la petite noblesse d'État est aujourd'hui en rébellion ? C'est la petite noblesse qui en appelle à la vertu civique, et qui dénonce la trahison de tous les défenseurs pharisiens des « valeurs » ou des droits de l'homme. Elle est sans doute aujourd'hui la gardienne de toute la tradition de civisme, de dévouement et de désintéressement héritée de deux siècles de luttes sociales qui ont été comme le laboratoire où se sont inventées des institutions (tels la Sécurité sociale, le salaire minimum, etc.), et aussi des vertus, des idéaux. La désillusion ne s'aggrave-t-elle pas de voir la gauche au pouvoir renier ses principes ? La grande responsabilité du gouvernement de la gauche, c'est d'avoir rendu licite, en la pratiquant, la politique même qu'elle avait pour mission de contester. Et de s'être accordé tous les manques et tous les manquements qu'elle dénonçait par le passé. Autant que le problème du chômage, dont tout le monde a compris qu'il échappe largement aux prises de l'action purement politique, ce qui lui est reproché, c'est la démoralisation de l'État, au double sens de perte du moral et de la morale. On a beaucoup parlé du silence des intellectuels. Avouez qu'ils auraient pu exercer leur contre-pouvoir critique. Les puissants en mal de pensée appellent à la rescousse les penseurs en mal de pouvoir, qui s'empressent de leur offrir les propos justificateurs qu'ils attendent. Et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes médiatico-politiques. Quant aux chercheurs qui établissent des connaissances capables d'éclairer l'action politique, on ne s'inquiète guère des résultats de leurs travaux. Les historiens, les sociologues, les économistes ont porté au jour quelques-uns des mécanismes et des lois tendancielles qui régissent les sociétés dans la longue durée. La loi de la transmission culturelle, par exemple, nous dit que les chances de réussite sur le marché scolaire dépendent, en grande partie, du capital culturel possédé par la famille. Si l'on veut réellement « démocratiser » l'accès à l'école et à la culture, on ne peut se contenter d'actions superficielles et spectaculaires, bien faites pour produire des « effets d'annonce ». Pour combattre des mécanismes aussi puissants que ceux qui régissent les pratiques culturelles, il faut d'abord les connaître, mais il faut aussi et surtout accepter de dépenser beaucoup d'énergie pour une efficacité très faible à court terme. On préfère les proclamations démagogiques du style : 80 % d'une génération au niveau du bac en l'an 2000 ! Avec quelles conséquences ? Pour satisfaire aux exigences de ce qui n'était qu'un slogan, on a facilité le passage dans la classe supérieure d'un afflux d'élèves, qui, dans l'état antérieur, en auraient été empêchés. Cela sans rien prévoir pour les aider à surmonter leurs difficultés ni pour maîtriser celles qu'ils font surgir par leur présence. Plus grave : l'écart entre les taux de représentation des différentes catégories sociales d'origine, aux niveaux les plus élevés de l'institution scolaire, ne s'est pas réduit. L'école continue à exclure, mais elle maintient dans le système ceux qu'elle exclut, en les reléguant dans des filières dévalorisées et en les renvoyant, à 16 ou 18 ans, avec les stigmates de l'échec. Quel est l'impact de la politique scolaire dans le monde ouvrier ? Depuis trente ans, là, comme chez les petits commerçants ou en milieu rural, on a vu apparaître un conflit de générations qui est, en fait, un conflit entre des générations scolaires, c'est-à-dire entre ceux qui ont quitté la famille pour entrer directement à l'usine, autour de 14 ans, et ceux qui sont passés par un séjour prolongé à l'école. Les jeunes des cités, qui ont toutes les propriétés des sous-prolétaires sans avenir et sans projet d'avenir, mais modifiées par les aspirations ou les refus que l'école développe en eux, sont en affinité avec les emplois offerts par les entreprises de travail temporaire. Et la coupure entre permanents et intérimaires divise profondément le monde du travail, rendant difficile toute espèce d'action collective. D'autant que certains chefs d'entreprise tirent parti de la soumission imposée par la peur du licenciement. Les formes d'oppression qu'ils exercent marquent un retour aux pires moments du capitalisme naissant. Face à des explosions de violence, comme celle de Vaux-en-Velin, les médias ont-ils tort de chercher leurs « références » aux États-Unis ? Certains actes de délinquance ou de vandalisme peuvent être compris comme une forme larvée de guerre civile. Cependant, les « banlieues » françaises sont loin d'avoir atteint l'état des grands ghettos américains. Il faut lire les descriptions, très réalistes, que Loïc Wacquant et Philippe Bourgois donnent de la vie quotidienne à Chicago ou à Harlem, pour découvrir, concrètement, les conséquences d'un retrait total de l'État. Au nom du libéralisme, on a laissé s'installer, au cœur de l'un des pays les plus développés de notre temps, une société, sans précédent dans l'Histoire, abandonnée à la loi de la jungle ; l'État, qui avait détruit tous les mécanismes et toutes les structures (clans, familles...) propres à limiter la violence, laisse derrière lui, après son effondrement, comme aujourd'hui dans l'ex-Yougoslavie, la violence à l'état pur, la guerre de tous contre tous, qui n'avait jamais existé que dans l'imagination de Hobbes. Mieux que toutes les critiques théoriques, la vision du centre dévasté des grandes villes américaines rappelle les limites du libéralisme sans limites. Comment concevez-vous le rôle de l'État ? On ne saurait se contenter de cette sorte d'État minimal dont l'action se bornerait à la protection des droits naturels des individus. Et pas davantage de l'éthique qui remplace les vertus publiques par les intérêts privés des individus isolés. La république idéale, selon Machiavel, est le régime dans lequel les citoyens ont intérêt à la vertu. Je pourrais aussi bien citer Kant, qu'invoquent si volontiers ceux qui se situent à l'opposé du réalisme « sociologique » de Machiavel, lorsqu'il disait en substance, dans « Le Projet de paix perpétuelle », qu'il faut organiser les intérêts égoïstes de telle manière qu'ils se contrebalancent mutuellement dans leurs effets dévastateurs et qu'un homme, lors même qu'il n'est pas un homme bon, soit forcé à être un bon citoyen. Existe-t-il des exemples se rapprochant de cet idéal ? Les univers scientifiques. Là, s'ils veulent y triompher, des individus animés, comme tout le monde, par des pulsions, des passions et des intérêts doivent le faire dans les formes. Ils ne peuvent pas tuer leur rival ou l'abattre à coups de poing. Ils doivent lui opposer une réfutation conforme au régime de vérité en vigueur. L'objectif serait d'instituer, dans l'univers bureaucratique, dans l'univers politique, des régulations de ce type, capables d'infliger une sanction immédiate, automatique à ceux qui transgressent les règles. Les journalistes ont un rôle capital à jouer, qui va bien au-delà de la dénonciation des « affaires ». De même, les intellectuels, et plus particulièrement les chercheurs en sciences sociales. À condition, bien sûr, que les uns et les autres soient eux-mêmes soumis à des contrôles croisés ; à condition que le recours à certains procédés comme la diffamation ou la dégradation d'autrui, si fréquents dans la critique, vaille à celui qui y sacrifie d'être immédiatement déconsidéré. Une simple déontologie n'y suffit pas, comme le croient les « comités d'éthique ». Reste à inventer des mécanismes qui puissent s'imposer avec une rigueur analogue à celle d'un ordre naturel. Et quant à la fonction de l'État ? Il n'est possible de la définir qu'en refusant l'alternative ordinaire du libéralisme et du socialisme, l'un de ces dualismes funestes qui bloquent la pensée. Les deux systèmes, au moins dans leur définition stricte et radicale, ont en commun de réduire la complexité du monde social à sa dimension économique et de mettre le gouvernement au service de l'économie. Il suffit de penser aux coûts sociaux et, en dernière analyse, économiques des politiques inspirées par la considération exclusive de la productivité et du profit économiques : on mesure ainsi la mutilation mortelle que l'économisme fait subir à une définition complète et complètement humaine des pratiques. Le prix du chômage, de la misère, de l'exploitation, de l'exclusion, de la déshumanisation se paie en souffrance, mais aussi en violence, qui peut être dirigée contre les autres et aussi contre soi, avec l'alcoolisme, la drogue ou le suicide, par exemple. Est-ce le sens de La Misère du monde ? Entre autres choses... Je crois en effet que, si nos technocrates prenaient l'habitude de faire entrer la souffrance, sous toutes ses formes, avec toutes ses conséquences, économiques ou non, dans les comptes de la nation, ils découvriraient que les économies qu'ils croient réaliser sont souvent de forts mauvais calculs. (1) A. Accardo, G. Balazs, S. Beaud, F. Bonvin, E. Bourdieu, P. Bourgeois, S. Broccolichi, P. Champagne, R. Christin, J-P. Faguer, S. Garcia, R. Lenoir, F. Matonti, F. Muel-Dreyfus, F. Œuvrard, M. Pialoux, L. Pinto, A. Sayad, C. Soulié, B. Urlacher, L. Wacquant, A-M. Waser. | |