Pierre Bourdieu

sociologue énervant

  Réactions du mouvement social.

Jean-Claude Amara ; José Bové ;

" Avec Pierre Bourdieu, nos routes se sont croisées régulièrement, mais il y a un souvenir très fort. C'était en juin 2000, à Millau, lors de l'énorme mobilisation à l'occasion du procès de José Bové : il était venu avec nous et il avait alors rencontré pour la première fois des militants de la première heure en lutte contre la mondialisation libérale, comme Vandana Shiva et Lori Wallach. Mais il y a eu plein d'autres rencontres. · commencer par la rue du Dragon, en 1995, lorsqu'il venait se frotter dans des forums riches et vifs avec les précaires, les démunis, les sans-papiers. Pour nous, Pierre était un des très rares intellectuels qui lient l'action à la réflexion. Lui n'a jamais quitté d'un seul pouce le terrain des luttes, jamais lâché prise. Sa mort nous laisse avec une béance énorme, et rien ne viendra la refermer. Dans le contexte actuel de renoncements, d'atermoiements, de compromis, de compromissions, Pierre Bourdieu, homme droit, était un repère. Il nous manquera considérablement. "
Propos recueillis par Thomas Lemahieu. L'Humanité, 25/01/02

" À travers sa réflexion, ses ouvrages, il a mis en lumière la réalité de la société, et comme c'était un homme engagé, cette réalité lui était insupportable ", ce qui l'a " amené à prendre position et à être dans le débat. En ce sens, c'est une figure très importante du XXe siècle ". Il avait été " un de ceux qui a le premier compris la nécessité pour tous ces mouvements de se fédérer, pas pour créer un nouveau parti mais bien inventer de nouvelles formes d'actions et de réflexions " (...). " Pierre Bourdieu, c'est à la fois quelqu'un qui savait expliquer, et en même temps se mettre à disposition. Ce n'est jamais quelqu'un qui prenait la place de ceux qui étaient dans un combat ou de ceux qui essayaient d'avoir une langue forte ", a poursuivi le syndicaliste. " Il ne se voulait pas maître à penser, mais plutôt catalyseur à travers ses réflexions, à travers sa volonté, par exemple, de coordonner au niveau européen les mouvements de résistance contre la globalisation ", a encore souligné José Bové. " C'est quelqu'un qui était dans le mouvement, mais qui ne voulait pas être au dessus (...) et qui acceptait la critique "...
L'Humanité, 25/01/02

   
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