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  Pierre Bourdieu

 
   

sociologue énervant

 
   

 

Décès de Pierre Bourdieu :(
 

 
   

 


Pierre Bourdieu

 L'ALGERIE A CONSTITUE SON PREMIER CHAMP DE RECHERCHES SOCIOLOGIQUES
 Pierre Bourdieu est mort.




De notre correspondante permanente à Paris, K. BABA-AHMED, Le soir (Alg.), 26/01/02.

 


 

Pierre Bourdieu est décédé à 71 ans, des suites d’un cancer, mercredi soir dans un hôpital parisien. La nouvelle de sa mort a déclenché de très nombreuses réactions ici en France, venant pour la majorité d’entre elles de partis de gauche (PC, PS et Verts) qui ont regretté cette fin trop brutale d’un intellectuel critique qui a régénéré la sociologie et en a fait une arme d’éveil et de combat. Bourdieu, qui a entamé ses travaux sociologiques en Algérie, notamment avec A. Sayad (le déracinement, la crise de l’agriculture traditionnelle en Algérie), au début des années 60, a eu pour notre pays un attachement très particulier, même si l’on peut regretter que cet intellectuel engagé comme il n’en existe plus beaucoup en France, ait eu, ces dernières années, des positions sur la situation de l’Algérie pour le moins déroutantes, en initiant ou en s’associant à des appels nombreux contre "la guerre d’éradication menée par des généraux algériens" et en interpellant les institutions internationales pour cesser toute aide et toute collaboration avec l’Algérie. Ces prises de position ne devraient cependant pas faire oublier que Pierre Bourdieu a été aussi le fondateur du Comité international de soutien aux intellectuels algériens (CISIA) qui a apporté une aide souvent précieuse à beaucoup. L’on ne doit pas non plus oublier qu’il a beaucoup donné de son temps et de son énergie pour la reconnaissance par la France des massacres du 17 octobre 1961. Lors d’un colloque organisé pour la reconnaissance de ces massacres, Bourdieu y déclarait "J’ai maintes fois souhaité que la honte d’avoir été le témoin impuissant d’une violence d’Etat haineuse et organisée puisse se transformer en honte collective. Je voudrais aujourd’hui que le souvenir des crimes monstrueux du 17 octobre 1961, sorte de concentré de toutes les horreurs de la guerre d’Algérie, soit inscrit sur une stèle, en un haut lieu de toutes les villes de France et, aussi, à côté du portrait du président de la République, dans tous les édifices publics…à titre de mise en garde solennelle contre toute rechute dans la barbarie raciale." Homme d’action et très grand intellectuel, cet agrégé de philosophie, professeur titulaire de la chaire de sociologie au Collège de France, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et directeur de la revue Actes de la recherche en sciences sociales et de la revue internationale des livres Liber, a souvent, par ses nombreux écrits sur les méfaits de la mondialisation, la reproduction des inégalités sociales dans l’enseignement, l’art et la culture ou encore la noblesse d’État et ses manifestations dans les grandes écoles par l’esprit de corps, attiré la foudre des "bien-pensants". Ainsi, parmi ses nombreux titres, celui produit en 1997 et intitulé Sur la télévision a fait couler beaucoup d’encre et engendré une très vive polémique, Bourdieu ayant, sans complaisance aucune, fustigé ce média dont les journalistes "peuvent se dire de gauche, se vivre comme libérés, mêmes libertaires, ils contribuent de façon très forte au maintien de l’ordre". Parmi les nombreux ouvrages et articles laissés par Bourdieu : Sociologie de l’Algérie, PUF (1958) ; Travail et travailleurs en Algérie, Mouton 1963 ; Le déracinement, la crise de l’agriculture traditionnelle en Algérie, Ed.de Minuit 1964 ; L’amour de l’Art, Ed. de Minuit 1969 et beaucoup plus récents : La misère du monde, Le seuil 1993 ; Les règles de l’art. Genèse et structure du champ littéraire, Ed. du Seuil 1993 ; Libre échange, Ed. du Seuil 1994.
   


Pierre Bourdieu

       
 

   
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