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Bourdieu, sociologue émérite, professeur au Collège de France, maître
de la nouvelle sociologie en France, est mort dans la nuit du mercredi
24 janvier, à l'âge de 71 ans, des suites d'un cancer.
Auteur de plusieurs ouvrages sur la sociologie, l'éducation, les médias
et la politique, Bourdieu comme l'appelaient familièrement ses étudiants
et ses amis, a été un des grands penseurs du 20 ème siècle. Avec sa
mort, l'univers des sociologues et autres théoriciens du monde en
général, perd un de ses meilleurs représentants. Dans son domaine
comme dans d'autres encore, l'homme aura pensé son monde, à l'image
d'autres sommités de la sociologie et de l'anthropologie, venues bien
avant lui, comme Max Weber, Levis Strauss, Merleau-Ponty. Il aura
également fait de nombreuses propositions sur l'école et la réforme
du système d'enseignement en France. Dès l'année 1964, avec son livre
"Les étudiants et leurs études" écrit avec son ami Jean-Claude
Passeron, et paru aux éditions Mouton, il a commencé à s'intéresser
au monde de la recherche, surtout sur les questions d'éducation.
Depuis son ouvrage, "la sociologie de l'Algérie", paru dès
l'année 1961 aux Presses universitaires de France, jusqu'à celui intitulé,
"les règles de l'art, génèse et structure du champ littéraire"
aux éditions du seuil, en 1992, l'homme aura beaucoup écrit et s'est
érigé en grand connaisseur de l'Algérie et du tiers monde. Parlant
des kabyles, il dira à leur intention comme pour toucher à leur fierté,
"le kabyle est comme la bruyère, il aime mieux casser que plier."
Les derniers événements survenus pendant l'année 2001 dans
la Kabylie semblent donner raison à ce grand penseur de la sociologie
moderne.
Très au fait de l'actualité politique, on peut signaler d'autres ouvrages
de qualité comme "la noblesse d'État" aux éditions de
minuit parue en 1989, "le sens pratique" également aux Éditions
de Minuit, paru en 1980, réédité en 1994. Et la liste ne finit
pas de le voir noircir des papiers avec "questions de sociologie"
(1980) "l'ontologie politique de Martin Heidegger", encore
aux Éditions de minuit en 1988. L'homme a également beaucoup
écrit sur la sociologie politique, également sur l'univers mouvementé
de la presse et des médias en général. Ce qui lui valut beaucoup de
critiques, il y a deux ans, à propos "des chiens de garde"
et une longue contribution de Serge Halimi, dans le Monde Diplomatique,
sur un ouvrage qui aura occasionné des remous dans le monde des médias
"le retour des chiens de garde". Ses dernières sorties ont
été consacrées au mouvement anti-mondialisation, dont il était un
membre actif de même que les Bernard Cassen du Monde Diplomatique,
mais aux côtés de Susan Georges et du charismatique José Bové.
Ainsi, après la mort de l'historien François Furet, il y a quelques
années, celle du grammairien de talent qu'a été Léopold Sédar Senghor,
l'univers francophone perd en Pierre Bourdieu, un de ses meilleurs
représentants. L'homme nous quitte, mais sa science restera un des
meilleurs legs qu'il aura laissé à l'humanité et au monde des chercheurs.
Son monde.
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