as IV, comme son titre l'indique, est un sous-ensemble
d'un grand tas (de feuillets, de cahiers), d'un travail commencé en 1984 et poursuivi
jusqu'à ce jour. A priori non destiné à la publication, ce tas pourrait s'apparenter à
une sorte de cahier de bord, à un journal, non pas d'écrivain mais d'écriture, ne
s'adressant pas à un lecteur extérieur, inconnu pris à témoin, auquel une place aurait
été assignée par avance. L'exercice est entrepris pour soi, adressé à soi comme
également premier lecteur.
Ce qui est donc donné à lire ici est en quelque sorte un
entretien entre soi. Tentative de saisir sa voix juste, sa propre voix. L'exercice
est d'une extrême difficulté : reprises, approches de divers sens par diverses
formes, approches de diverses formes par divers sens, contradictions, inversions, suspens,
jeux, nuds, combinaisons, fragments à compléter, à poursuivre ou à abandonner.
L'ensemble forme une sorte de sédimentation, un amoncellement de toutes sortes de
dépôts en travail.
Exercice de connaissance de soi sur rien et à partir de
rien, exercice d'esprit en pleine possession de ses moyens, ce livre peut faire songer à
ces travaux de méditation auxquels on pouvait se livrer à l'époque médiévale. Cet
état d'écriture demeure, au rebours de ce qui constitue ordinairement une entreprise
littéraire, sans invite au lecteur. Mais c'est précisément parce qu'aucune place ne lui
est assignée au départ que le lecteur peut être en mesure d'accéder à l'état de
l'écriture et se livrer à son tour à un véritable travail de lecture.