activité de chroniqueur est ingrate : il faut lire
les ouvrages dont on souhaite parler (les autres aussi du reste), en rendre compte de
façon (apparemment) intelligente et (idem) intelligible. Lexercice est encore plus
ardu lorsquon na pas vraiment lu les ouvrages pressentis, ou quon les a
simplement parcourus en diagonale comme on dit (au vrai, le trajet de lil
serait plutôt brownien, erratique). Ceci pour justifier (alors que personne ne ma
rien demandé) mon retrait, ces dernières années, quant à pratiquer cette certes noble
mais accablante activité. Y revenir aujourdhui, particulièrement, pour évoquer
brièvement TAS IV, de PHILIPPE GRAND.
Un ouvrage épineux : lécriture est ici dune
grande exigence, et la pensée non moins. De cet arc à deux cordes les deux
inconvénients, et non des moindres, quant à expecter carrière et renommée : le travail
sur la forme peut-être déconcertera, voire rebutera lamateur de pensée
philosophique (la " poésie ", on le sait, ça nest pas très sérieux);
pis : le niveau réflexif met probablement cet ouvrage hors de portée (surtout
sil ne fait pas deffort) de lamateur de poésie lambda. (La poésie
lambda parle souvent doiseaux, détoiles, de fleurs et damours
déchirantes. Parfois, la poésie lambda rime.)
Pour conclure, se permettre dêtre platement explicite
au risque dagacer le sagace lecteur (chez lHomme Moderne, ils le sont presque
tous) : cet ouvrage à mon sens est un livre important, qui reviendra souvent en main, en
lecture et à lesprit. Texte qui résistera aussi. Au lecteur. Au temps. Aux
intempéries de la mode. Pour les amateurs danalogies, de parentés, de
références, je ne vois guère que Wittgenstein que PG cite dailleurs, avec
Beckett, Gadda ou Artaud ; le Wittgenstein des " investigations
philosophiques ".